Le journaliste Thomas Gerbet de Radio-Canada dévoile ce matin que le ministère de l'Agriculture du Québec a finalement renvoyé un lanceur d'alerte «qui avait dénoncé l'ingérence du privé dans la recherche publique sur les pesticides». Le fonctionnaire, Louis Robert, a été congédié la semaine passée pour avoir fourni des renseignements confidentiels aux médias. Au printemps dernier, l’Institut Jean-Garon avait souligné le manque de leadership du MAPAQ au sein du CEROM. Les fuites dans les médias ont entrainé une crise au Centre de recherche sur les grains (CEROM), duquel plusieurs chercheurs ont démissionné dans la foulée. En Mars dernier, l’Institut Jean-Garon prenait position sur le sujet dans un texte intitulé : « Le CEROM : l’érosion du leadership du MAPAQ au cœur du problème», texte signé par le porte-parole devenu président de l’organisme, Simon Bégin.
Érosion du leadership du MAPAQ selon Bégin
«L’érosion graduelle du leadership du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) est au cœur de la crise de confiance qui secoue présentement le monde de la recherche sur les pesticides et herbicides utilisés en agriculture. Malheureusement, le cas du CÉROM démontre que le désengagement de l’État s’est trop souvent accompagné de l’abandon de ses responsabilités», estimait alors l’Institut Jean-Garon.
Manque de transparence et aucune reddition de compte selon Debailleul
Guy Debailleul, professeur associé à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation de l’Université Laval, et maintenant vice-président de l’Institut Jean-Garon, déclarait quant à lui : « Le cas du Centre de recherche sur les grains (CÉROM) est emblématique de cette érosion ».
M. Debailleul ajoutait : «Il est également troublant de constater que, malgré le très haut niveau de financement public, plus de 90 % en tenant compte de la contribution du gouvernement fédéral, les rapports annuels du CÉROM ne comportent aucune reddition de compte financière. Ce manque de transparence est également illustré par le fait qu’il a fallu une fuite dans les médias pour que les problèmes d’orientation et de gestion du CÉROM soient étalés au grand jour».
Au fil des ans, le MAPAQ, qui finance pourtant le Centre à hauteur de 40 %, est passé graduellement de la parité à la minorité au sein du conseil d’administration, au point de n’avoir plus aujourd’hui qu’un observateur sur les onze membres du CA, de souligner le communiqué de mars 2018 émis par l’Institut Jean-Garon.
Des recommandations sur les pesticides laissées sans suite selon Pronovost
Le président fondateur de l’Institut Jean-Garon, M. Jean Pronovost, décédé en décembre dernier, estimait au printemps 2018 : «L’État doit toujours exercer son devoir de vigilance, à travers une reddition de comptes rigoureuse, demeurer responsable des grandes orientations, assurer la coordination d’ensemble et, ultimement, être le garant de l’intérêt public ». Il soulignait alors que le rapport de la Commission qu’il a présidé en 2008 contenait des recommandations sur les pesticides et les organismes génétiquement modifiés (OGM) qui sont restées sans suite.
Jean-François Briand, président de Semences Phoenix 2013 inc, déclarait pour sa part dans une lettre ouverte dans La Vie agricole en mars 2018 que Laurent Lessard, alors ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation tentait « de noyer un poisson en demandant une enquête sur les problèmes allégués de gouvernance au CÉROM».