Site icon LA VIE AGRICOLE / LVATV.CA

Le futur centre hospitalier de Vaudreuil-Soulanges de retour en zone agricole : L’Institut Jean-Garon exprime sa déception et son espoir

Après avoir salué en décembre dernier la décision de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, de renoncer au choix d’un site d’implantation en pleine zone agricole pour le futur centre hospitalier de Vaudreuil-Soulanges, l’Institut Jean-Garon ne peut qu’exprimer sa déception de voir le dossier revenir en arrière.

 

Pour une fois, avait souligné l’Institut, un gouvernement semblait vouloir se tenir debout devant l’éternel argument voulant qu’il est plus facile et plus économique de localiser un « gros projet » en zone agricole que dans un périmètre urbain existant. 

Après analyse et réflexion, l’Institut ne réclame toutefois pas l’annulation du décret qui, en juillet 2018, selon la volonté du ministre de la Santé d’alors, M. Gaétan Barrette, avait soustrait le dossier du centre hospitalier de Vaudreuil-Soulanges de l’autorité de la Commission de protection du territoire agricole. Le Conseil des ministres avait alors autorisé l’exclusion de 25 hectares de la zone agricole pour ce projet. « Dans les circonstances, nous préférons faire contre mauvaise fortune bon cœur et regarder avec espoir l’intention de la ministre  ajouter un volet agricole novateur au centre hospitalier », a déclaré le président de l’Institut, Simon Bégin.

Des interventions structurantes

Le gouvernement s’est en effet engagé à consacrer une partie de la superficie des 25 hectares à une « vocation maraîchère santé » dédiée à l’approvisionnement du centre hospitalier et d’autres établissements du réseau. De plus, les autorités municipales se seraient engagées, selon des termes à préciser, à remettre en culture des terres agricoles en friches, à titre de compensation pour cette exclusion.

Bravo pour ces belles intentions mais des précisions et des garanties fermes sont nécessaires (légales, contractuelles et financières) pour pérenniser de telles réalisations. Celles-ci devraient notamment se concrétiser par des interventions structurantes et innovatrices au plan de la production agricole, de l’éducation et de la création d’emplois en agriculture de proximité.

Une opportunité extraordinaire

Selon M. Bégin, il y a là une opportunité extraordinaire de renouer avec un modèle qui a permis, depuis la Nouvelle-France jusqu’à la Révolution tranquille, à des hôpitaux et autres institutions à vocation sociale et d’éducation de s’auto-suffire en partie avec des aliments de qualité et à bas coût, tout en s’intégrant à la production agricole de la communauté. Ainsi, on trouvait partout au Québec des « fermes de l’hôpital, du collège ou du monastère », assurant cette connexion aujourd’hui oubliée de la population avec la terre.

En outre, cet approvisionnement provenant directement des terres de l’institution ne serait-il pas une manière d’échapper un peu aux exigences des appels d’offres gouvernementaux, dont les résultats se traduisent généralement par des achats de produits alimentaires qui sont loin d’être locaux et proviennent même aussi de l’étranger?

Fermer le périmètre

Quant aux surfaces en friches à remettre en production agricole par les autorités municipales, ne pourrait-on pas mettre à contribution les producteurs maraîchers de la région, le principal jardin du Québec, pour s’associer au développement d’une stratégie d’approvisionnement des réseaux institutionnels à plus grande échelle?

Ne pourrait-on pas également envisager de localiser cette remise en valeur agricole en périphérie immédiate du futur centre hospitalier? Cela permettrait ainsi d’avoir une zone de protection vigoureuse et permanente contre d’éventuelles pressions urbaines sur le pourtour du site. La configuration des lieux permettrait en effet de de fermer le périmètre  et d’établir une limite claire entre cette fonction institutionnelle et la zone agricole adjacente (voir la photo aérienne ci-dessous).

L’avenir est ouvert

L’Institut Jean-Garon est convaincu que plusieurs organisations et diverses ressources pourraient être mises à contribution pour ce projet porteur, incluant notamment des éléments de la nouvelle politique bio-alimentaire du Québec. À titre d’exemple, on peut mentionner des institutions d’enseignement collégial et universitaire, des maraîchers engagés dans des nouvelles formes d’agriculture et des organisations d’insertion ou d’économie sociale.

L’Institut Jean-Garon est prêt à mettre l’épaule à la roue.


 
Quitter la version mobile