Le congédiement de M. Louis Robert illustre le manque de protection des lanceurs d’alerte et l’influence antidémocratique des lobbies qui constituent un gouvernement parallèle plus fort que celui qui est élus selon l’ex-ministre de l’Agriculture, M.Paradis à propos de Monsanto. Cependant Monsanto n’est pas le véritable responsable de la présence de pesticides ainsi que d’OGM, d’hormones, d’antibiotiques dans nos aliments. Ce n’est qu’une des conséquences négatives de la politique agricole des soixante dernières années qui encourage la spécialisation et l’exportation, renouvelée par Ottawa et Québec en 2018. On a remplacé les petites fermes combinant culture et élevage par de grandes fermes spécialisées, les unes dans la monoculture, les autres dans l’élevage hors-sol qui peuvent difficilement se passer de ces produits.
Le lobby agro-chimique fait congédier un agronome qui a dénoncé son influence:
1-Lanceurs d’alerte non protégés : Un rapport de l’ONU vient de déclarer que les États n’appliquent pas leurs lois sur l’environnement et ne protègent pas ses défenseurs. C’est vrai même au Canada et le congédiement de M. Louis Robert en est un exemple de plus. En 2004 Ottawa congédie trois médecins-vétérinaires, Chopra, Lambert, Haydon qui se sont opposés à l’injection de l’hormone de croissance OGM aux vaches laitières. Le premier ministre Paul Martin a défendu cette décision comme vient de le faire le ministre de l’Agriculture, M. Lamontagne. M. Chopra, qui est décédé l’an dernier, peu après que les tribunaux aient maintenu la décision de le congédier, a écrit un livre sur l’influence malsaine des lobbies et des politiciens sur le travail des scientifiques chargés de surveiller l’industrie.
2-Mauvaise foi des corporations, des agences de protection et des politiciens: On sait depuis le scandale d’industrials bio-test laboratories (77-83) puis du laboratoire Craven en 1990 que les corporations n’ont aucun scrupule à falsifier directement ou à l’aide de laboratoires complaisants les études de toxicité de médicaments, pesticides et produits chimiques.
Monsanto, à qui on doit les BPC et la dioxine du 2-4-5-T (agent orange), a menti depuis le début à propos du glyphosate et des OGM. La firme a payé des scientifiques pour mentir et elle persécute systématiquement tous ceux qui contestent ses produits.
En 94, Pusztai qui avait noté des lésions sur les rats nourris avec des pommes de terre OGM a été congédié après une entrevue à la télévision. Même sort pour Malatesta en Italie. Séralini qui a aussi démontré des problèmes sur les rats avec les OGM et le Roundup, a fait l’objet d’une campagne de dénigrement. Une seule corporation, Monsanto, dont l’objectif est de détruire l’extraordinaire biodiversité des semences et d’éliminer les petits agriculteurs qui l’ont créé, ainsi que l’agriculture biologique, arrive à manipuler les gouvernants de presque tous les pays. La facilité avec laquelle elle a berné les organismes de surveillance en les convaincant de l’innocuité et de l’équivalence des aliments OGM et du Roundup ne s’explique que par l’intervention politique. A Sherbrooke, Aris a trouvé du glufosinate et la toxine BT (censée être digérée) dans le sang de 27 femmes enceintes sur 30.
3–La véritable cause de la présence de plus en plus grande des pesticides : C’est l’expansion subventionnée des monocultures. Le prêt agricole, les assurances stabilisation et récolte ont lancé la monoculture. Sans le support de l’État la monoculture était une opération trop risquée. De mauvais prix ou une mauvaise récolte et c’était la banqueroute. C’est pourquoi toutes les fermes gardaient des animaux qui en plus fournissaient les engrais. Ils ont été remplacés par les engrais synthétiques azote, phosphore, potassium dont une partie seulement est utilisée par les plantes. Le reste s’accumule et pollue l’atmosphère, les sols, le roc, les nappes phréatiques, les cours d’eau jusqu’aux océans. La majorité des sols du Québec sont en monoculture de céréales et de soya et reçoivent chaque année pesticides et engrais chimiques. La presque totalité de ces céréales va à l’alimentation animale. Sauf que les animaux sont maintenant concentrés sur 15% des fermes qui possèdent beaucoup plus d’animaux que leur sol peut nourrir ce qui entraine une pollution des fermes et régions d’élevage et, ce qui est pire, un appauvrissement du sol des fermes céréalières en matière organique dont le taux est passé de 6.5 a 5.5 de 1998 a 2009 et seraient sous les 5%, alors que le sol de la ferme Brylee en pâturage depuis 1990 est a 14%.
Il faut viser a ramener les animaux sur le sol qui les nourrit et a produire des aliments plus naturels de façon plus durable notamment le lait et la viande majoritairement avec de l’herbe dans des fermes suffisamment petites pour que les animaux retrouvent l’accès a l’extérieur et qu’une relève non-apparentée puisse racheter ces fermes.
Dominique Bhérer, médecin/vétérinaire, Maniwaki