«L’UPA est partout !», voilà le message que l’Union paysanne a lancé à La Vie agricole après que nous ayons relayé leur information qui a mis en lumière la présence de Charles-Félix Ross au conseil d’administration de l’IREC (Institut de recherche des études contemporaines) ! L'Union paysanne nous alors soumis qu'un autre centre de recherche est peut-être encore plus investi par l'UPA, il s'agit de l'IRDA. La Vie agricole a alors entrepris quelques recherches pour mieux comprendre comment l'UPA tisserait sa toile d'araignée au sein de plusieurs organisations.
Si la députée Émilise Lessard-Therrien voit des Chinois partout comme elle le disait récemment dans une entrevue avec LVATV, l’Union paysanne voit l’UPA partout. Et si la première semble être dans un monde quelque utopique, les dirigeants de l’Union paysanne semblent être bien informés au regard de ce qu'on découvre.
L’Union paysanne nous a réécrit pour nous dire que l’IRDA (Institut de recherche et développement en agroenvironnement) serait encore plus investi par l’UPA. Y figurent effectivement parmi les administrateurs : Denise Audet, conseillère aux communications de L’UPA, Martin Caron, Premier vice-président de L’UPA, Francis Desrochers, Président de la Fédération des producteurs de pommes de terre du Québec et Yvan Fréchette, Premier vice-président de la fédération, Les Éleveurs de porcs du Québec.
Bien évidemment comme tout le monde sait que les fédérations sont des tentacules de l’UPA, l’Union paysanne est en droit de s’interroger à savoir si le nouveau ministre de l’Agriculture a pris acte de ses interconnexions évidentes entre l’UPA et une multitude d’organisations influentes dans le monde agricole !
Alors après le CEROM, L’IREC, et maintenant L’IRDA L’Union paysanne s’inquiète du manque d’indépendance de l’ensemble des structures qui tissent la toile d’araignée du monde agricole au Québec.
La liberté de pensée existe-elle au sein de ces institutions ?
Tant d’organisations au Québec en partie subventionnées par l’État sur lesquelles siègent tant de membres et souvent des membres influents de l’UPA, cela peut effectivement porter à réflexion sur la capacité de ces organisations à choisir des orientations qui seraient en opposition avec le syndicat unique ! Le CEROM et L’IREC, les premières organisations ciblées se défendent de toute ingérence.
De vraies questions se posent tout de même : cette situation permet-elle de donner de la place à tous les modèles agricoles ? Où commencent et où s’arrêtent les conflits d’intérêt ? Pourquoi retrouve-t-on plus de personnes rattachées à l’UPA siégeant sur toutes ces organisations quand on ne voit pas tant de monde provenant du MAPAQ s’investir dans ses causes souvent nobles pour l’avenir de l’agriculture !
L’UPA et encore l’UPA
Suite au cas médiatique du CEROM qui a initié des interrogations sur la véritable dépendance des centres de recherche, l’Union paysanne a eu des doutes sur l’IREC et maintenant sur l’IRDA. La Vie agricole a décidé de fouiller quelques autres organisations et sans trop de surprise finalement, on y découvre encore et encore des présences certaines de l’UPA !
-Le Centre ACER (Centre de recherche, de développement et de transfert technologique acéricole), a pour administrateurs des figures importante de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ), Serge Beaulieu, le président mais aussi Simon Trépanier le directeur général.
http://www.centreacer.qc.ca/structure
-Le CDPQ (Centre de Développement du Porc du Québec) qui selon toute vraisemblance reçoit lui aussi des aides du MAPAQ a comme administrateurs provenant de la Fédération des Éleveurs de porcs du Québec donc de l’UPA : Vincent Cloutier, François Nadeau et Louis-Philippe Roy.
http://www.cdpq.ca/qui-sommes-nous/conseil-d-administration.aspx
-Dans la même veine, Le CIAQ (Centre d’Insémination Artificiel du Québec) bénéficie au sein de son conseil d’administration de membres importants des Producteurs de lait du Québec: Daniel Côté, Jean-François Morin et Normand Barriault.
http://www.ciaq.com/a-propos/conseil-dadministration/
-Pour ce qui est de VALACTA, le centre d’expertise en production laitière du Québec et Maritimes, c’est le party. Il y a là une profusion de personnages en provenance des Producteurs de lait : Pierre Lampron, Yvon Boucher, Richard Bouchard, Gabriel Belzile.
http://www.valacta.com/FR/Entreprise/Pages/Conseil-d-administration.aspx
-Le CRAAQ (Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec ) a sur son conseil d’administration comme président Martin Caron, 1er Vice-président à l’UPA
https://www.craaq.qc.ca/Conseil-d_administration
Ces organisations en lien direct avec l'agriculture pourront facilement justifier la situation mais la diversité agricole n'y est évidemment pas représentée puisque non reconnue légalement au Québec.
L’UPA est omniprésente selon L’OAQ !
Dans une longue lettre ouverte publiée sur le site de La Vie agricole, Michel Duval, président de l’Ordre des agronomes dit : « L’UPA est omniprésente au sein de ces organismes car ses représentants siègent au sein des conseils d’administration. Je n’en citerai que quelques-uns: CEROM, CDPQ, CRAAQ, CEGA, etc. Nous sommes conscients qu’en tant qu’utilisateurs de services, les producteurs doivent être en mesure de faire part de leurs besoins. Mais, il arrive, comme c’est le cas au CEROM que l’intérêt de ces derniers viennent interférer avec les orientations premières de ces organismes. Plusieurs d’entre nous ont remarqué le silence de l’UPA lorsque le MAPAQ a mandaté un groupe d’experts externe pour évaluer la gouvernance du CEROM».
Le tout finira peut-être par craquer ?
Un jour le monde agricole laisserait peut-être de la place à des visions divergentes de celles de l’UPA ?
Notons que l’Union paysanne qui a connu des hauts et des bas depuis sa création par Roméo Bouchard et Maxime Laplante semble être de retour sur le ring de boxe pour se faire entendre.
Le Conseil des entrepreneurs agricoles est pas mal plus discret depuis quelques mois. Ce syndicat non officiel lui aussi qui avait l’oreille de l’ancien ministre de l’Agriculture Pierre Paradis nous dit toutefois être en mode échange avec le nouveau ministre Lamontagne.
Même si le gouvernement caquiste a déclaré pendant les élections ne pas vouloir toucher au monopole de l’UPA, il se peut que le ministre Lamontagne qui a déclaré récemment que la diversité agricole est importante et qu’il voit le rapport Pronovost comme «son étoile du nord», décide de rééquilibrer les forces au sein de ces diverses organisations.
Il serait si simple d’y imposer plus de représentants du MAPAQ et pourquoi pas d’y ouvrir des sièges à des organisations telles que L’Union paysanne, le Conseil des entrepreneurs ou même l’Office de la protection du consommateur ? Est-ce là la voie sous-jacente du nouveau ministre, seul l'avenir le dira !