Site icon LA VIE AGRICOLE / LVATV.CA

Sortir des pesticides et engrais chimiques:la solution de Roméo Bouchard !

En cette journée de grève écologique de la jeunesse, Roméo Bouchard, auteur et co-fondateur de l’Union paysanne vient de publier sur Facebook sa vision pour une stratégie d’abandon des pesticides et des engrais.

«On reconnaît de plus en plus que les pesticides et les engrais chimiques représentent un danger majeur pour la santé et l'environnement. Mais comment s'en débarrasser? L'utilisation massive des pesticides est indissociable de l'agriculture intensive : monocultures intensives, élevages intensifs hors sol, hyper-spécialisation, concentration et intégration des productions, production d'exportation sont impensables sans pesticides. On a donc raison de dire que les interdire purement et simplement équivaudrait à détruire la quasi-totalité de l'agriculture des pays industrialisés» déclare-t-il d’emblée.

Offrir des alternatives aux producteurs en changeant les pratiques

Il ajoute : «Il faut offrir des alternatives aux agriculteurs. Mais lesquelles? S'il s'agit-il de nouveaux produits de synthèse en appui au même modèle de production et aux mêmes pratiques de culture et d'élevage, on risque fort de simplement pelleter les problèmes en avant. C'est d'ailleurs ce qu'on fait depuis plusieurs années déjà : remplacer un produit disqualifié par un autre qui s'avère finalement pire que le premier. Il faut se rendre à l'évidence : les produits de synthèse et les pratiques intensives détruisent les mécanismes naturels de régénération et de protection des sols, des plantes et des animaux, ce qui oblige à augmenter l'utilisation de produits chimiques et génétiques, dans une spirale sans fin».

«Ce sont les pratiques agricoles qu'il faut modifier, ou plutôt, il faut revenir à des pratiques agricoles qui mise non pas sur des intrants chimiques ou génétiques, mais sur les mécanismes naturels de vie et de régénération des sols, d'immunité des plantes et des animaux, d'équilibre des écosystèmes et de la biodiversité, comme l'ont toujours fait les paysans, comme le font de mieux en mieux les producteurs écologiques modernes (agriculture biologique, biodynamique, permaculture, agro-écologie, agro-foresterie, etc.)» dit Roméo Bouchard.

Les solutions de Roméo en 8 points pour une stratégie de transition

Roméo explique alors que ça prend en premier lieu : «une politique claire qui étale l'essentiel de la transition sur 5 ans, comporte les budgets appropriés, et implique la participation de toutes les instances gouvernementales impliquées dans la production agricole et l'aménagement rural : agriculture, environnement, affaires municipales, santé publique, protection du territoire agricole, financement agricole, etc.»

Roméo Bouchard détaille cette politique en 8 points:

1, Un programme de rééducation à une agriculture écologique qui mette à contribution une équipe d'experts, les institutions d'enseignement agricole, l'Ordre des agronomes et vétérinaires, les groupes-conseils, les syndicats agricoles, les institutions de recherche et développement en agriculture. Le principe conducteur étant : un sol en santé donne des plantes en santé, et celles-ci, des animaux en santé et une population en santé.

2. L'élimination rapide de pratiques hautement dommageables et souvent non nécessaires, tels que

-la pulvérisation abusive de glyphosate avant la récole des céréales et légumineuses,

-la pulvérisation de glyphosate avant le semis direct plutôt qu'un couvert végétal,

-l'enrobage des semences dans un pesticide de type néonicotinoïde, sauf en cas d'infestation évidente,

3. La réforme du mode de gestion actuel de la fertilisation,axé sur les fumiers liquides et les engrais chimiques, au profit des fumiers et litières compostées, des engrais verts et des mycorhyzes (champignons).

4. Le rétablissement progressif de l'écosystème agricole :

-le rétablissement des bandes riveraines, des brise-vent, des milieux humides et boisés.

-la remise en question des systèmes de drainage souterrain actuels

-la rotation et la diversification des cultures

-le contrôle naturel et mécanique des mauvaises herbes et, conséquemment, l'élimination progressive des semences OGM roundup ready.

-le couplage des cultures et des élevages

-le retour au pâturage

5. Le recadrage des bâtiments et équipements

-La mise au point de machinerie adaptée aux nouvelles pratiques culturales

-La mise au point de bâtiments adaptés à la gestion des fumiers solides sur litière compostée et à la pratique du pâturage.

7. L'établissement d'un système d'éco-conditionnalité selon les critères ci-dessus pour l'attribution des mesures de soutien.

8. Le retour à une politique d'autosuffisance alimentaire axée moins sur l'exportation qu'une l'agriculture territoriale de proximité liée à sa communauté, ce qui implique un réaménagement des lois et programmes relatifs au soutien financier, à la mise en marché collective, à la gestion du zonage agricole, à la représentation syndicale et aux réglementations sanitaires et environnementales.

 

Quitter la version mobile