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LETTRE OUVERTE À MICHEL DALLAIRE POUR LA SEMAINE DE LA TERRE

Monsieur Dallaire,
La Semaine de la Terre vient de prendre fin. Un important rassemblement de jeunes et toute une collectivité encerclait l'Assemblée Nationale à Québec le 22 avril pour engager des actions concrètes sur les changements climatiques: protéger la planète et les terres agricoles, tous unis pour la survie des générations futures.

Vous avez récemment annoncé votre engagement dans un projet d’agriculture urbaine d’envergure sur les toits de futurs bâtiments industriels à Québec. Nous ne pouvons que vous féliciter. Bravo aussi pour cette association avec un entrepreneur agricole innovateur de la relève, encourageant ainsi audace et ambition. Il nous semble toutefois que vous pourriez faire davantage pour nourrir nos concitoyens et avec des techniques moins coûteuses : tout simplement en assurant le maintien de la vocation agricole tricentenaire des terres des Soeurs de la Charité. Certes, vous aviez envisagé la suite des choses autrement mais le vent tourne.

Primo, l’agrandissement du périmètre d’urbanisation de l’agglomération de Québec prévu par le Schéma d’aménagement et de développement (SAD) adopté en juin dernier apparaît maintenant peu réaliste. Le gouvernement du Québec a demandé le remplacement du SAD, jugé non conforme aux orientations d’aménagement dont il est le gardien; l’agrandissement laisse sceptique. Les pourparlers s’étirent, un second délai
ayant été accordé en février. Et c’est sans compter une éventuelle demande d’exclusion de la zone agricole pour les superficies concernées.

Rappelons que l’acceptabilité sociale n’est pas au rendez-vous : les opinions émises à ce sujet lors des consultations publiques s’y opposaient unanimement, sauf les gens directement avantagés. Même l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) et l’Institut du développement urbain (IDU), dont vous présidez le cercle régional de Québec, ont émis des avis défavorables, ciblant aussi la
vision d’aménagement proposée.

Pour répondre à la croissance démographique d’ici 2036 (prévisions sujettes à révision), divers spécialistes préconisent plutôt de densifier la trame urbaine en douceur. Cela permettrait d’atteindre une masse critique pour rentabiliser les infrastructures existantes ainsi que les transports en commun et ainsi créer des milieux de vie sains et attrayants pour les familles, avec divers services de proximité. Des étudiants de la relève en urbanisme et en architecture ont d’ailleurs récemment proposé de redévelopper les secteurs de Limoilou et Fleur-de-Lys. La ville de l’avenir est pour cette génération.

Secundo, les enjeux environnementaux envahissent maintenant notre quotidien avec des signes perceptibles (inondations): rarement une semaine sans un cri d’alerte des milieux scientifiques ou des groupes préoccupés à ce sujet. Comme jamais auparavant, les changements climatiques sont au coeur des débats publics locaux et internationaux.

Il y a urgence.

Dans ce contexte, la perspective de « bétonner » pour l’urbanisation d’importantes superficies d’excellentes terres arables apparaît de plus en plus inacceptable, outre la création d’îlots de chaleur et le drainage des eaux de pluie vers l’usine de traitement des eaux usées, accélérant sa saturation. De nouvelles exigences environnementales devront s’ajouter dans l’avenir.

Tertio, les incertitudes climatiques et les bouleversements économiques sur la planète entraîneront des perturbations du commerce international et du transport,
particulièrement l’approvisionnement en denrées alimentaires. Exemple : l’abondance des camions apportant fruits et légumes de Californie ou du Mexique sera moindre ou plus coûteuse. Le livre La fin de l’alimentation de W. Bommert et M. Landzettel donne froid dans le dos (chapitre La Californie assoiffée). Il nous faudrait déjà apprendre à manger autrement et à produire davantage nous-mêmes. L’engouement croissant pour l’agriculture de proximité reflète un réel changement dans la conscience des citoyens.

Récemment, l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) soulignait que 80% de la population mondiale vivra bientôt dans les villes et invitait celles-ci à prévoir des mesures pour nourrir leur population. Au Québec, nous avons déjà dépassé ce seuil. Ensemble, passons maintenant à l’action !

Avec votre intelligence pratique, votre leadership et vos valeurs familiales, vous pouvez influencer l’avenir de Québec et aussi assurer la poursuite de l’oeuvre des Soeurs de la Charité pour le mieux-être de la collectivité. Vous pourriez appliquer à ce contexte les principes ayant présidé au développement de Cominar (évoqués dans votre conférence au Cercle Canadien de Montréal en 2014):
– Vision : Voir ce que les autres ne voient pas.
– Audace : Si on fait comme les autres, on n’est pas meilleur que les autres.
– Prudence : Espérer le meilleur mais planifier pour le pire.

Les terres acquises par la Société en commandite pourraient muter vers une fiducie foncière pérenne pour une agriculture urbaine multifonctionnelle, offrant à la population diverses opportunités d’intégration sociale, économique et culturelle. Plusieurs institutions, notamment d’enseignement, mettraient sans doute volontiers la main à la pâte. Ce serait là une perpétuation concrète des valeurs à la source du développement de notre ville, berceau de l’Amérique française, où les communautés religieuses ont jeté les bases d’une économie sociale forte et rayonnante. Un peuple qui peut se nourrir n’est-il pas un peuple fort? La famille Dallaire et les Soeurs
de la Charité ne pourraient pas laisser plus noble legs à notre ville et aux générations futures.

Voix citoyenne (Monique Gagnon, Pierrette Paiement, Claudine Dorval)
et 168 cosignataires.

Voir la liste au bas.

Cc :
Mme Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation
M. Benoit Charrette, ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements
climatiques
M. André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation
Mme Geneviève Guilbeault, ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la région
de la Capitale-Nationale
M. François Bonnardel, ministre des Transports
M. Jonatan Julien, ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, député de Charlesbourg
M. Régis Labeaume, président de la Communauté métropolitaine de Québec et maire de Québec
M. Gilles Lehouillier, vice-président de la Communauté métropolitaine de Québec et maire de
Lévis
M. Steeve Verret, président du Conseil d’agglomération de Québec
M. Sylvain Juneau, vice-président du Conseil d’agglomération de Québec et maire de Saint-
Augustin-de-Desmaures
M. Émile Loranger, maire de L’Ancienne-Lorette
M. Sol Zanetti, député de Jean-Lesage, Québec solidaire
M. Jean-François Simard, député de Montmorency, Coalition avenir Québec
M. Pierre Arcand, chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale
M. Pascal Bérubé, chef parlementaire
M. Sébastien Proulx, député de Jean-Talon
M. Jean-François Gosselin, chef de l’Opposition officielle, Ville de Québec
M. Jean Rousseau, conseillé du district du Cap-aux-Diamants, Ville de Québec
Médias
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Les AmiEs de la Terre
Union paysane
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GIRAM
Sol Zanetti, député de Jean-Lesage
La Planète s'invite à l'Université Laval (Andréanne Moreau, Camille Poirot, Charles-David Desrochers,
François Trepannier-Huot, Sami Jai Wagner Beaulieu)
Les incroyables Comestibles de Charlesbourg
Pierre Fournier, agronome émérite, Commandeur de l’Ordre du mérite agronomique 2016
Benoît Limoges, biologiste M.Sc, consultant en biodiversité et services écologiques
Fernand Dumont
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Richard Legeault, B. Arch., M.Urb
Caroline Dufour-L'Arrivée, agr. biologiste, M. SC
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Julie Nadeau, B.Sc. Géogr.
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Lili Michaud, agr.
Pierre Pelchat
Josiane Plante, enseignante
Nancie Houde
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