Bayer est déçue de la décision du jury et fera appel du verdict prononcé par le jury en faveur des plaignants dans l’affaire Pilliod contre Monsanto. En effet, selon Bayer Crop Science, celle-ci va directement à l’encontre de la décision provisoire concernant le réexamen de l’homologation du glyphosate de l’Environmental Protection Agency (EPA) des États-Unis publiée le mois dernier. Il y a consensus des principaux responsables de la réglementation en santé dans le monde sur le fait que les produits à base de glyphosate peuvent être utilisés de façon sécuritaire et que le glyphosate n’est pas carcinogène estime la compagnie Bayer : 40 années de recherches scientifiques approfondies donnent des conclusions favorables selon Bayer Crop Science.
Pas de données scientifiques fiables
«Nous avons beaucoup d’empathie pour M. et Mme Pilliod, mais les preuves dans cette affaire démontrent clairement que les deux avaient des antécédents de maladie de longue date constituant d’importants facteurs de risque connus de lymphome non hodgkinien (LNH). La plupart des cas de LNH n’ayant pas de cause connue, il n’y a pas de données scientifiques fiables permettant de conclure que les herbicides à base de glyphosate constituent une « cause sine qua non » des maladies du couple, ce que le jury était tenu de faire ici.», de dire Bayer Crop Science lorsque La Vie agricole lui a écrit.
Ginger Rozmus, Sr Communications Business Partner, Crop Science précise : « Le contraste entre le verdict d’aujourd’hui et la conclusion de l’EPA, à savoir que les indications actuellement homologuées du glyphosate ne constituent pas de risques pour la santé publique, ne pourrait pas être plus frappant. La conclusion de l’EPA est fondée sur une base de données regroupant plus de 800 études sur le glyphosate et les herbicides à base de glyphosate de Bayer en lien avec la santé des humains et des mammifères. De plus, son évaluation du risque de cancer de 2017 portait aussi sur de nombreuses études publiées. À l’opposé, les plaignants dans cette affaire ont présenté au jury des résultats soigneusement sélectionnés à partir d’une infime fraction du volume d’études disponibles, qui ne tenaient pas compte de l’exposition à d’autres pesticides, n’étaient pas significatifs sur le plan statistique et ne représentaient que de très petites populations exposées et(ou) ne concordaient pas avec l’ensemble des données scientifiques.»
L’opinion du CIRC reste marginale
La compagnie Bayer ajoute : « Les plaignants se sont aussi grandement appuyés sur l’évaluation du glyphosate effectuée en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). Cependant, comme l’a fait remarquer l’EPA, l’évaluation du risque de cancer de l’EPA était « plus rigoureuse » et « plus transparente » que l’examen du CIRC, qui n’a retenu qu’un sous-ensemble des études publiées évaluées par l’EPA. L’opinion du CIRC demeure marginale parmi les responsables de la réglementation en santé et les organismes scientifiques à l’échelle internationale.»
En conclusion Bayer rappelle : «Le verdict rendu dans le cadre de ce procès n’a pas d’incidence sur les poursuites et procès futurs, chaque cas dépendant de ses propres circonstances factuelles et juridiques. Par ailleurs, il faudra un certain temps avant de résoudre ce litige, car aucune décision judiciaire clé rendue dans le cadre d’un procès n’a été soumise au processus d’examen en appel. L’entreprise continuera d’évaluer et de peaufiner ses stratégies juridiques pour entamer la prochaine phase de ce litige, qui sera axée davantage sur des requêtes après jugement, le processus d’examen en appel et des procès en différents lieux.»
Bayer estime que les produits à base de glyphosate sont sécuritaires
«Les produits à base de glyphosate RoundupMC sont utilisés de façon sécuritaire et avec succès depuis plus de quatre décennies à l’échelle mondiale et sont des outils utiles pour aider les agriculteurs à produire des récoltes destinées au marché et à pratiquer une agriculture durable en réduisant le labour, l’érosion des sols et les émissions de carbone.», assure Bayer. « Les autorités réglementaires dans le monde entier considèrent que les herbicides à base de glyphosate sont sûrs quand on en respecte le mode d’emploi. Il existe un vaste corpus de recherches sur le glyphosate et les herbicides à base de glyphosate de Bayer, dont plus de 800 études rigoureuses présentées en vue de l’homologation à l’EPA et aux autorités réglementaires européennes et autres, qui confirme que ces produits sont sans danger quand on en respecte les directives d’emploi. En outre, la plus vaste et la plus récente étude épidémiologique – l’étude indépendante à long terme financée par le National Cancer Institute achevée en 2018 qui a été menée auprès de plus de 50 000 applicateurs de pesticides durant plus de 20 ans et publiée après la monographie du CIRC – a révélé qu’il n’y avait pas de lien entre les herbicides à base de glyphosate et le cancer. Par ailleurs, l’évaluation du risque de cancer effectuée en 2017 par l’EPA, après la publication de la monographie du CIRC, a examiné plus de 100 études jugées pertinentes et conclu que le glyphosate n’était « pas susceptible d’être carcinogène chez l’humain », cote la plus favorable de l’EPA. La décision provisoire concernant le réexamen de l’homologation du glyphosate rendue par l’agence en avril 2019 a aussi réaffirmé que celui-ci « ne pose pas de risque pour la santé publique quand on en respecte les directives d’emploi et qu’il n’est pas carcinogène », rajoute la compagnie Bayer à qui La Vie agricole a demandé de s’exprimer.
Bayer a publié l’énoncé ci-dessus en réaction au verdict prononcé par le jury en faveur des plaignants dans l’affaire Pilliod c. Monsanto. Et a accepté dans la foulée de répondre à La Vie agricole. Il s’agit d’un procès présidé par la juge Winifred Smith à la Cour supérieure de l’État de la Californie pour le Comté d’Alameda. Il s’agit de la première poursuite coordonnée par le Judicial Council Coordination Proceedings (JCCP) sur le glyphosate portée devant les tribunaux.