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Les pesticides sont des médicaments

«Des médicaments…Dans les faits, c’est l’image qu’on devrait se faire des pesticides qui sont, à l’instar des médicaments sous ordonnances, des produits à utiliser en cas de nécessité seulement et en suivant rigoureusement les prescriptions d’usage.» a déclaré L'Institut Jean-Garon (IJG) dans un récent communiqué.

L’Institut Jean-Garon a déposé un mémoire dans le cadre de la Commission sur les pesticides qui se tiendra sous peu. La version intégrale se retrouve sur www.institutjeangaron.com mais en voici quelques extraits qui permettront de mieux bien saisir le souci de l’Institut Jean-Garon de ramener de la nuance dans ce débat polarisé.

Le glyphosate n’est pas forcément la cause du problème !

«Si Monsanto a été en quelque sorte le déclencheur de la vindicte populaire sur les pesticides, curieusement, ce n’est pas le produit lui-même qui en a été la cause au début, mais plutôt ses pratiques commerciales. En effet, en créant en quelque sorte un cercle vicieux mais hautement rentable entre ses semences génétiquement modifiées et son herbicide Round Up, cette multinationale aujourd’hui filiale de Bayer a attiré l’attention des médias et du grand public.»

Le maïs, la cause de la mortalité des abeilles ?

«Attention, les pesticides ont le dos large ces temps-ci. Il se peut aussi, comme le veut une autre théorie que la disparition des abeilles soit liée aux larges zones de monoculture (maïs-soya) qui n’offrent pas aux abeilles de quoi butiner et de nourrir.»

 L’affaire Louis Robert, un fouillis administratif !

«Si les médias ont surtout fait état du fouillis administratif entourant le congédiement de l’agronome Louis Robert (…)  Cela a remis à l’avant-scène le vieux débat des agronomes liés et non liés datant de l’époque où les agronomes étaient presque tous des employés de l’État, donc non liés, ce qui est l’inverse aujourd’hui.»                

« L’interdiction complète des pesticides: un risque »

«Plusieurs articles et opinions émises dans les journaux proposaient, rien de moins que l’interdiction complète de l’usage des pesticides, position extrême qui, à notre avis, comporte également ses dangers pour la population, car, en l’absence de solutions alternatives valables, cette option met à risque notre capacité de nourrir le monde et ce à court terme. Des nuances s’imposent donc. »

Les vrais chiffres parlent plus que les opinions des uns et des autres !

«La proportion des fermes ayant des terres en culture  et ayant eu recours aux herbicides l’année précédente est inférieure au Québec (57%) à celles de l’Ontario (60%), du Manitoba (65%) de la Saskatchewan (70%) et de l’Alberta (59%). L’écart est nettement plus important si l’on considère les proportions de terres en culture qui se voient effectivement appliquer des herbicides : 55% pour le Québec contre 70% en Ontario, 82% au Manitoba, 83% en Saskatchewan et 78% en Alberta. Ainsi au Québec, c’est à peine plus de la moitié des terres en culture qui sont traitées aux herbicides.»

«Cependant, si on rapporte ces dépenses à l’ensemble des superficies en culture, on constate que les écarts sont beaucoup plus modestes entre le Québec et les autres provinces. Ces dépenses étaient de 70$ par ha en 2016, contre 77 au Canada, 99 en Ontario, 79 en Saskatchewan et 61 en Alberta. Constat plus préoccupant, si l’on tient compte du fait -comme on l’a vu plus haut- que la proportion de terres cultivées recevant des pesticides est sensiblement plus faible au Québec, les dépenses en pesticides et dont les quantités appliquées par hectare réellement traité seraient plus élevées que dans plusieurs autres provinces.» ajoute l'Institut Jean-Garon.

Le Commissaire au Développement Durable a déclaré dans son rapport de 2016, selon ce que précise l'Institut Jean-Garon: « ces multiples plans mis en place depuis plus de 20 ans n’ont pas réussi à atteindre les objectifs fixés. La dépendance de la production agricole aux pesticides n’a pas diminué. »

Les pistes pour l’avenir

L’éducation et l’information ; La recherche ; Les réseaux d’avertissement phytosanitaires ; La lutte biologique ; L’agriculture biologique et l’agriculture raisonnée ; Des pratiques commerciales éthiques en déontologie et en éthique dans le cursus académique des écoles en agricultures sont les solutions mises de l'avant par l'IJG.

Des recommandations présentées au ministre Lamontagne 

L'Institut Jean-Garon a identifié six pistes de solutions qu'il soumet au ministre de l'Agriculture.

  1. Que le MELCC se donne les moyens de dresser un portrait plus fiable de l’utilisation effective des différentes catégories de pesticides en agriculture sous les différentes formes sous lesquelles ils sont utilisées (épandage direct, incorporation dans les semences enrobées, etc…)
  2. Que le MAPAQ et le MEES encouragent les collèges et les universités à introduire dans leurs programmes de formation agricole une approche plus agroécologique qui permettrait de dépasser les clivages du type : biologique vs conventionnel.
  3. Que le MAPAQ contribue de manière significative à un programme ambitieux de recherche accessible aux chercheurs de l’IRDA comme aux chercheurs universitaires visant à fournir aux producteurs un éventail d’alternatives aux méthodes de production conventionnelles et mettant l’accent sur la réduction des impacts environnementaux, la protection et la promotion de la biodiversité, une exploitation raisonnée des écosystèmes et une amélioration de la qualité des sols et de l’eau.
  4. Que le MAPAQ entreprenne une révision des modalités de ses programmes de soutien à la production agricole pour en réduire significativement, par exemple par un recours plus systématique à des formes de conditionnalité, les impacts indirects sur le plan environnemental.
  5. Que le MAPAQ mobilise les acteurs concernés dans un exercice de prospective sur les défis que les changements climatiques apporteront à moyen terme en matière de protection des cultures et de diversification des systèmes de production.
  6. Que le MAPAQ ouvre ses programmes de soutien financiers à d’autres productions agricoles afin de ramener une plus grande diversité de cultures dans les régions de monocultures plus grandes utilisatrices de pesticides.

 

 

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