Le Canada, avec un zèle inexplicable et beaucoup de naïveté, a procédé à l’arrestation de Meng Wanzhou, Vice-présidente du conseil d’administration et directrice financière de Huawei, au lieu de s’en servir comme monnaie d’échange avec la Chine, AVANT son arrestation. C’est Trump, qui s’en servira.
Conséquence : gros gain potentiel pour Trump, zéro gain pour nous et la Chine est maintenant fermée pour notre canola et notre viande sur la base de soi-disant raisons de non-conformité. Que fait le Canada en réponse. Rien. On fait le mort. Regardez-le sous l’angle que vous voulez, ne rien faire n’est pas de la diplomatie inspirante.
Quand on n’est pas le plus fort au niveau international on se doit d’être le plus astucieux. À l’heure actuelle, nous ne sommes ni l’un ni l’autre. Le Canada est devenu le pays victime qu’on aime tabasser impunément dans la cour d’école internationale.
Au Ministère des Affaires mondiales, trop de diplomates ne connaissent absolument rien de l’industrie canadienne et passent trop de temps sur leur standing au lieu de protéger nos intérêts. Santé Canada établit des normes qu’elle sait que seules les multinationales peuvent rencontrer et laisse entrer sciemment des tonnes de produits alimentaires interdits au Canada, nuisant ainsi aux entreprises canadiennes.
Affaires mondiales et Santé Canada ont quelque chose de profondément anti-canadien. Toujours plus exigeant pour nous que pour les étrangers. Monsanto le sait, Chobani aussi, de même que plusieurs riches importateurs d’aliments. Et le MAPAQ semble suivre sans trop comprendre.
Il n’est jamais venu à l’idée de nos deux ministères qu’il serait peut-être temps de regarder de plus près la conformité des aliments importés de Chine. On en trouve dans les magasins à un dollar. Comme les niveaux de pollution de l’air de la Chine sont quatre fois plus élevés que le minimum acceptable par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), je doute que leurs aliments rencontrent nos normes. Avec les normes de Codex Alimentarius de l’ONU sous le bras, je serais abasourdi si on n’arrivait pas à trouver que la très grande majorité de leurs produits alimentaires ne rencontrent pas les exigences internationales en matière de contaminants.
Il existe non seulement des normes générales (CXS 193-1995) pour les contaminants et toxines issues de la FAO et de l’OMS (sous l’égide de l’ONU), mais également des normes particulières pour plusieurs produits alimentaires. Il existe des principes généraux d’hygiène alimentaire (CXC 1-1969), des normes pour l’étiquetage et des codes d’usage. Il existe aussi des additifs non-permis au Canada et des normes de composition à suivre.
Nos inspecteurs ont tout ce qu’il faut de légitime (normes canadiennes et internationales) pour refuser tous les produits alimentaires chinois non conformes importés chez nous. Il ne manque que la volonté.
À titre d’information, le Codex approuve des limites maximales pour les contaminants et substances toxiques qui s’ajoutent de façon non intentionnelle aux produits destinés à l’alimentation humaine et animale. Logiquement, les pays où il y a le plus de pollution risquent d’avoir le plus de contaminants. L’OMC reconnait les normes Codex pour les échanges commerciaux entre pays. Le Codex est donc implacable. Quoiqu’il en soit, le Canada a le droit de refuser des produits qui ne rencontrent pas ses propres normes. De plus, on pourrait regarder tous les autres produits de consommation importés de Chine. Pourquoi se limiter à jouer la victime internationale et faire l’aveugle quand il s’agit de produits illégaux étrangers?
Si le Canada avait été le moindrement astucieux avec Madame Wanzhou, nous serions probablement aujourd’hui incapables de fournir à la demande chinoise pour nos aliments et serions de proches alliés commerciaux de la Chine pour longtemps.
Officiellement, le Canada a eu de bonnes raisons d’avoir agi de la sorte. Officieusement, il a été plutôt nigaud de le faire. Il a manqué d’astuce, de créativité, d’opportunisme et d’intelligence internationale. Il est difficile de croire que le Canada fait partie du G7. On aurait tellement à apprendre des six autres membres.