Les pesticides ont occupé l’avant-scène politique et médiatique pendant les travaux de la commission sur les pesticides. Il s’est dit beaucoup de choses sur les pesticides, plus de contre que de pour. Les positions des différents groupes montrent un clivage entre les urbains et les ruraux. Les uns voient dans les pesticides des outils de production, qui bien utilisés ont des avantages, les autres n’y voient que des poisons à bannir. Le gouvernement pourrait être tenté d’augmenter la réglementation, même si ces produits sont déjà largement réglementés par le gouvernement fédéral. Sur le dossier des pesticides, le fédéral n’avait pas trop la cote à Québec. Avec plus de réglementation, encore une fois nos entreprises vont devoir gérer deux systèmes de contrôle, un pour Québec et l’autre pour Ottawa.
Quelques groupes ont fait remarquer que nos modèles de production en monoculture étaient peut-être à réviser et que c’est en soutenant de nouveaux modèles agricoles que l’on réussira à réduire réellement l’utilisation des pesticides. Cette avenue me semble avoir plus d’avenir économique et écologique, que de rajouter une couche réglementaire. De nouveaux règlements ne bénéficieront qu’à nos partenaires commerciaux qui ont des accès plus faciles à ces mêmes pesticides, rendant plus compétitives plusieurs de leurs productions qui pourront ainsi inonder notre marché et déloger les produits « made in Québec ».
Le résultat sera alors exactement l’inverse de celui attendu, le consommateur se trouvera à consommer autant sinon plus de pesticides, avec des produits échappant à tout contrôle provincial et fédéral puisqu’ils seront cultivés ailleurs.
À l’inverse, soutenir une agriculture plus raisonnée aidera nos producteurs à offrir des produits plus sains et l’expertise acquise permettra de mieux compétitionner les produits importés et de réduire notre exposition aux pesticides. On appelle cela la souveraineté alimentaire. Quelques groupes ont présenté des modèles de production assez intéressants et particulièrement bien maitrisés.
Un des projets de réglementation le plus souvent avancés est sûrement un des plus contestables : c’est de dissocier la vente des pesticides du conseil. Selon certains, nos vendeurs semblent être les porteurs de tous les maux. Afin de protéger les producteurs de ceux-ci, l’on devrait alors ramener le conseil exclusivement aux agronomes du MAPAQ, cela permettrait une réduction de 40% des pesticides, dit-on. Cette vision est quelque peu réductrice pour les producteurs. Ceux-ci sont très bien placés pour juger de la pertinence des conseils qui leur sont donnés. De plus, donner un monopole à un groupe pour faire du conseil est quelque peu risqué, surtout s’il emprunte une mauvaise piste. Écarter les entreprises privées du domaine de la phytoprotection, ce n’est pas seulement écarter les « vendeurs » de pesticides, mais aussi une multitude de « vendeurs » de solutions alternatives.
Plusieurs personnes d’affaires ont bien compris l’intérêt de développer de nouvelles techniques de production utilisant moins de pesticides ainsi que de nouveaux produits : on appelle cela l’économie verte. Il serait dommage de se priver du dynamisme de ces entrepreneurs en les écartant du domaine de la phytoprotection. Les nouvelles idées, la formation et la compétition dans la vente et le conseil sont sûrement nos meilleurs outils afin d’avoir une agriculture plus verte, plus naturelle.