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Trois forces perturbatrices à surveiller en 2020, selon les économistes de FAC

Le changement climatique, le protectionnisme et l’automatisation sont les trois facteurs que Bloomberg considère comme forces perturbatrices des perspectives économiques mondiales en 2020. Ces trois éléments sont également parmi les plus importantes tendances à surveiller au sein de la chaîne d’approvisionnement agroalimentaire canadienne en 2020, selon les économistes de Financement agricole Canada.

Ces tendances auront sans doute une incidence non seulement sur l’économie mondiale, mais également sur les perspectives de l’industrie agricole et agroalimentaire du Canada, affirme Jean-Philippe Gervais, économiste agricole en chef à FAC.

« Nous les appelons forces perturbatrices parce qu’elles pourraient entraîner des changements substantiels à la manière dont les exploitations agricoles, les agroentreprises et les entreprises de transformation alimentaire canadiennes font des affaires ici au Canada et à l’étranger, explique M. Gervais. La question est de savoir comment ces entreprises s’adapteront pour saisir les occasions et atténuer les problèmes qui découlent de ces tendances. »

M. Gervais estime que les forces perturbatrices pourraient favoriser ou compromettre la croissance de l’industrie agricole et agroalimentaire du Canada.

Les régimes climatiques changeants ont une incidence sur la production et la demande

Selon le Raport sur le climat changeant du Canada 2019, le Canada se réchauffe deux fois plus rapidement que le reste du monde. Des températures moyennes saisonnières et annuelles plus élevées pourraient prolonger les saisons de cultures et augmenter le nombre de journées où il fait plus chaud. Toutefois, la chaleur accroît également les probabilités de précipitations abondantes pendant les semis et les récoltes, ce qui complique la lutte contre les maladies et les ravageurs. Le temps chaud augmente aussi les possibilités qu’il y ait des inondations, des sécheresses ou d’autres phénomènes météorologiques extrêmes.

« Comme nous l’avons constaté ces dernières années, les aléas météorologiques peuvent causer des pertes de production dans les principales régions agricoles, ce qui a de graves répercussions pour l’industrie agricole et agroalimentaire du Canada », poursuit M. Gervais.

Les conditions de croissance instables à l’échelle mondiale accentuent également l’importance de la sécurité alimentaire et pourraient inciter les pays à redoubler d’efforts pour augmenter leurs stocks de cultures. L’intensification de la concurrence des prix pour les cultures qui s’en suivrait contribuerait sans doute à hausser la valeur des exportations agricoles canadiennes, selon M. Gervais.

Accords commerciaux : une protection contre le protectionnisme

Le protectionnisme accroît la volatilité des marchés, ce qui a un impact global négatif sur l’économie mondiale. Cela semble particulièrement vrai pour le Canada, qui se classait au cinquième rang des pays exportateurs de produits agricoles en 2018, derrière les États-Unis, le Brésil, les Pays-Bas et la Chine.

Néanmoins, le Canada a très bien réussi à établir de solides relations commerciales dans plusieurs marchés importants grâce à la priorité qu’il accorde depuis longtemps à la négociation d’accords commerciaux, selon M. Gervais. Et bien que l’année 2020 risque d’être marquée par de nouveaux problèmes d’accès aux marchés, toute perturbation du marché pourrait également créer de nouveaux débouchés pour les producteurs et les exportateurs canadiens.

« Nos accords commerciaux aident le Canada à atténuer certains effets négatifs de la montée du protectionnisme sur l’économie mondiale, ajoute-t-il. Lorsque des tarifs douaniers sont imposés ou que des frontières se ferment pour une raison ou une autre, le fait d’avoir une présence dans de nombreux marchés d’exportations permet au Canada de vendre ses produits ailleurs plutôt que de voir ses exportations chuter. »

Tout compte fait, le protectionnisme dans un environnement commercial incertain et changeant ne devrait pas avoir un impact substantiel sur la croissance des exportations du Canada à long terme. Selon M. Gervais, cela s’explique principalement par l’augmentation de la demande d’aliments, tant au Canada qu’ailleurs dans le monde, et du fait que cette tendance devrait se poursuivre en 2020. Il est même possible que, compte tenu de l’évolution de la peste porcine africaine en Chine et dans le reste du monde, la croissance du secteur des protéines animales s’accélère.

L’automatisation et l’innovation soutiennent le succès futur

Malgré l’agitation économique mondiale, les perspectives pour l’industrie agricole et agroalimentaire du Canada en 2020 demeurent positives grâce aux investissements soutenus dans la technologie et l’innovation. Ces investissements permettent au Canada de produire une grande diversité de produits agricoles et de produits alimentaires transformés, ce qui l’aide à demeurer concurrentiel dans les marchés mondiaux d’exportation, selon M. Gervais.

Les progrès rendus possibles par l’automatisation de la production agricole et de la transformation alimentaire réduisent les coûts.

Dans le secteur de la transformation alimentaire, l’automatisation aide à surmonter les problèmes récurrents de pénuries de main-d’œuvre, notamment de main-d’œuvre qualifiée. Dans le secteur agricole, les producteurs adoptent diverses technologies qui aident à réduire les coûts, à améliorer l’efficience et à gérer la grande variabilité des conditions de croissance.

Compte tenu de la faiblesse des taux d’intérêt qui devrait perdurer, l’environnement semble favorable aux investissements dans l’innovation et la technologie, explique M. Gervais.

« Les exploitations agricoles canadiennes ont fait preuve d’un peu plus de prudence en matière d’investissement étant donné la baisse récente du revenu agricole net, précise-t-il. Toutefois, elles réalisent que, tôt ou tard, les conditions du marché vont s’améliorer et que l’innovation est un investissement à long terme qui rapportera. »

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