Alors que les médias se sont emballés à l’idée de la participation des Québécois aux travaux des champs au début de la pandémie, alors que les gouvernements ont annoncé des millions de dollars en soutien à l’initiative, force est de constater que sans les travailleurs étrangers les producteurs québécois et canadiens sont bien souvent démunis !
Le 10 mai dernier, c’est tout juste 3 % des 9389 personnes qui avaient manifesté leur désir de travailler sur une ferme qui étaient au rendez-vous ! Pas plus de 300 personnes sur 9389 ! À croire que la récente caricature qui circulait montrant un jeune québécois urbain couché dans le champ, épuisé, juste à l’écoute des consignes données par le producteur n’est pas tant une caricature !
On sait que depuis 1989 des organisations travaillent ardemment pour amener des travailleurs étrangers temporaires sur nos fermes maraichères l’été, dans les fermes laitières l’hiver, il faudra peut-être voir au-delà dans les prochaines années !
Récemment dans une entrevue donnée dans notre quotidienne agricole et agroalimentaire sur LVATV, Orance Mainville, producteur de bœuf bien connu au Québec, défendait même un assouplissement des règles d’immigration si l’on souhaite un jour abattre les bœufs élevés au Québec au sein de nos frontières, rappelant que les corps de métiers dans les abattoirs aux États-Unis sont occupés essentiellement par la main-d’œuvre étrangère.
Le Journal de Montréal dévoilait ces jours-ci qu’ Air Charter Service ( ACS ), une firme britannique fait des affaires en or depuis 4 ans, en se spécialisant dans les transports de travailleurs étrangers vers nos fermes.
À l’heure où certains se posent encore la question de l’intérêt ou non de faire appel à des travailleurs étrangers (TET), la réalité vient clore le dossier et nous rappeler qu’ils sont non seulement utiles, mais qu’une plus grande souplesse entre le Canada et les pays de provenance est peut-être souhaitable pour développer d’autres secteurs d’activités avec leur collaboration, tel l’abattage.
Alors que les critiques liées à une éventuelle exploitation des TET sont souvent mises de l’avant, il faut aussi rappeler que les conditions salariales sont régies selon les normes du travail habituelles et que l’apport financier de ces travailleurs étrangers chez eux a une valeur sociétale intéressante dans leur pays d’origine.
Pour faire un parallèle plus large, tout comme moins d’immigrants aux champs semble irréaliste pour une agriculture forte et dynamique, moins d’immigrants au Québec semble également irréaliste sauf si les Québécois inversaient la tendance démographique. On ne sait jamais le confinement amènera peut-être des surprises dans neuf mois !
Crédit-Photo: Danny Messier