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Les agriculteurs doivent prendre la parole

par Jean-Pierre Lemieux

« Il y a des agriculteurs qui font de belles réformes accotés dans la laiterie mais quand ils ouvrent la porte… ils n’ont plus rien à dire (dans les réunions). On est capable de sortir et de revendiquer des choses». Un collectif d’agriculteurs du Bas-Saint-Laurent estime qu’il est temps que les agriculteurs prennent la parole.

François Fillion, Donald Marquis, Joël Fillion et Gilbert Lafrance se rencontre souvent pour discuter des enjeux de leur travail. Ils ont déjà pris la parole publiquement plusieurs fois mais cette année ils voudraient qu’il se passe quelque chose.

Sortir du cul de sac politique !

« On est dû pour un changement au Québec. Tout passe par la politique et là on est dans un cul de sac politique ». François Fillion rappelle que « pourtant les libéraux avaient tout ce qu’il fallait pour entamer un grande réforme de l’agriculture ». M. Fillion se souvient du ministre Claude Béchard et du rapport Pronovost : « À ce moment on sentait un momentum ».

Monopole de l’UPA : un référendum par la poste !

Ces agriculteurs rencontrés à Rivière-du-Loup voudraient voir les discussions porter sur plusieurs sujets comme la ferme familiale, la mise en marché, les intégrateurs et le monopole de l’UPA. Sur ce dernier point il voudrait un référendum « par la poste, pour que chacun puisse voter » sans la pression du groupe ou sans intimidation.

Pour Joël Fillion « on dirait que toutes les lois et les réglementations sont faites pour favoriser l’intégration comme pour faire disparaître les petites fermes familiales ». Ces agriculteurs voudraient s’occuper eux-mêmes de la mise en marché « supervisée par la Régie des marchés agricoles ». « On est encore sous le règne monarchique d’une d’organisation syndicale qui a le monopole de la mise en marché. Le syndicat ne devrait pas s’occuper de mise en marché ».

L’expertise en dehors du MAPAQ ?

Le « dégraissage » de l’état a provoqué le départ de nombreux ingénieurs du ministère des transports, ils ont été embauchés par le privé qui peut maintenant en mener pas mal plus large. Pour Donald Marquis c’est la même chose qui est arrivé au ministère de l’Agriculture. « On a trop coupé, on manque de personnel et de compétence pour évaluer les projets. Depuis 15-20 ans on a laissé ça à l’UPA ».

« C’est comme dire que les agriculteurs ne sont pas capables de se prendre en main. » L’agriculteur y voit un manque de confiance de la part du gouvernement.

Un autre, Joël Fillion, ajoute : « Les outils collectifs ont été mis en place pour nous supporter, mais là ils nous exploitent ». Tous les quatre rêvent d’entendre des agriculteurs totalement libres, mais personne autour de la table ne s’attend à un miracle demain matin.

La peur de l’UPA

« On est sous le règne de la peur de l’UPA. Il y a un engrenage de gens qui se paye la traite autour de ça. » Pour eux qui prennent la parole, ils sont convaincus que « ce système-là tient juste à cause du silence des agriculteurs ». C’est pourquoi ils voudraient un référendum loin des pressions.

Selon François Fillion, le ministre de l’agriculture doit faire cette consultation, une consultation du gouvernement pas une consultation de l’UPA. « Ça fait plus de 40 ans qu’on n’a pas été consulté ». M. Fillion ajoute : « S’il y a 20% des agriculteurs qui veulent sortir de l’UPA, c’est bien assez pour faire naître un syndicat ». Pour lui ce serait « la première phase de la revalorisation des agriculteurs du Québec ».

Ils ne sont que cinq dans ce collectif, comment penser qu’ils peuvent changer les choses ? C’est François Fillion qui répond : « Vous ne me connaissez pas, je ne suis pas un gourou. Nous sommes cinq et nous allons rester cinq. Ce que nous voulons c’est voir d’autres groupes, d’autres collectifs émergés dans toutes les régions ». Il invite les agriculteurs à prendre la parole, à convoquer la presse : « les décideurs vont peut-être écouter finalement » conclut-il.

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