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Monsanto (1901-2016) n’est pas mort mais n’est pas fort!

Monsanto n’est pas mort, mais n’est pas fort. En effet, le géant allemand, Bayer a acheté Monsanto, dont le siège social est situé à St-Louis au Missouri pour la modique somme de 66 milliards de dollars U.S. Jusqu’à ce jour, il s’agit de la plus grande transaction de l’année. Monsanto qui, depuis environ quatre ans, tentait désespérément de mettre la main sur une autre entreprise a dû céder à une offre alléchante. Ainsi, Bayer devient la plus grande entreprise de semences et de produits chimiques au monde. Pour le monde agricole, les ventes représenteront que la moitié de celles de la nouvelle Bayer. L’entreprise, qui œuvre également dans le domaine de la santé et est connue notamment pour ses comprimées d’Aspirine. Bref, pour Monsanto, cette transaction représente la fin de l’une des entreprises les plus détestées de l’histoire. 

Bien sûr, Monsanto a été, pour plusieurs raisons, la cible privilégiée des groupes environnementalistes. D’abord, il a été le no.1 sur le plan des semences, car, contrairement à ses concurrents, l’entreprise œuvrait principalement dans ce domaine. De plus, Monsanto a été une méga-entreprise américaine. D’ailleurs, depuis l’annonce de cette transaction et pendant que la presse américaine du domaine des finances discutait de la transaction du bout des lèvres, les nouvelles européennes vantaient les mérites de l’achat de Bayer. Bref, le contraste crève les yeux, car cette fois, il ne s’agit pas de l’Amérique qui a acheté l’Europe, mais le contraire. Cette réaction médiatique indique un peu la raison pour laquelle Monsanto n’a eu aucune chance d’aspirer à ses ambitions et de conquérir le monde. Outre les océans, la biotechnologie en agriculture divise les continents. En effet, une fois approuvée par les quelque trente juridictions impliquées, la transaction créera une entreprise qui contrôlera le marché des semences sur trois continents différents, soit l’Amérique, l’Europe et l’Asie. Bref, trois continents, trois parchemins différents pour les firmes biotechnologiques.  

Rappelons que l’Amérique du Nord a toujours été le terroir par excellence de la biotechnologie. Même au Canada, où le canola a été inventé, nos producteurs agricoles ont toujours été favorables aux semences génétiquement modifiées. Même si l’Europe résiste toujours en se montrant intransigeante à l’égard de céréales génétiquement modifiées qui arrivent sur leur territoire, certaines réglementations montrent que le vieux continent s’ouvre peu à peu à l’idée, et Bayer le sait. En ce qui concerne l’Asie, elle s’interroge, mais se fie surtout sur une science qui rassure au sujet des bienfaits de la biotechnologie. Ainsi, il est légitime de croire que Bayer, qui contrôlera une bonne partie du marché, est bien positionné pour faire le pont entre les continents. En effet, une entreprise connue telle que Bayer, qui est diversifiée, apte à communiquer le risque, selon les exigences continentales, sera en mesure de faire avancer l’ère de l’agriculture numérique. Somme toute, pour une meilleure sécurité alimentaire, c’est plus que souhaitable.

Toutefois, il n’en demeure pas moins que les agriculteurs occidentaux ont certaines inquiétudes. En effet, bien que Monsanto n’était pas des plus appréciées, l’entreprise répondait majoritairement bien aux demandes des agriculteurs. Or, avec un fournisseur en moins, les forces oligopolistiques risquent de compliquer la vie de certains producteurs, car ils devront payer plus cher pour leurs semences et leurs pesticides. Aussi, puisque le cours de plusieurs denrées agroalimentaires est en baisse, ces derniers temps, Bayer se gardera sûrement une petite gêne et maintiendra les prix à un niveau respectable. Ce qui n’empêchera pas le prix des céréales d’augmenter à nouveau éventuellement.

De plus, lors du prochain super-cycle des denrées, qui est prévu d’ici deux ans, l’augmentation du prix des intrants n’est pas écartée, incitant ainsi certains producteurs à vendre. C’est probablement l’une des raisons pour laquelle Bayer a cru bon d’agir maintenant.

Quoi qu’il en soit,  la réputation de Monsanto était déjà ternie. Avec notamment, le cumul de poursuites envers les producteurs agricoles, l’indifférence envers le bien-être des consommateurs et l’arrogance auprès des régulateurs publics ont lourdement endommagé l’image de l’entreprise. Avec plus de 6000 employés avec doctorats sur un effectif total de 21 000, le langage scientifique était courant, donc l’élitisme intellectuel carburait à toute allure à Saint-Louis.

De plus, Monsanto n’était aucunement en mesure de comprendre le citoyen, puisque la science justifiait l’existence de l’entreprise. Mentionnons qu’en communication du risque, la confiance outrepasse l’importance de la science, chose que Monsanto a compris il y a de cela quelques années, mais il était déjà trop tard. Ainsi, les environnementalistes ont pris avantage.

Ainsi, la biotechnologie est là pour rester. Elle a permis à l’agriculture d’être performante et moins vulnérable face aux aléas du climat et la disparition de Monsanto sera bénéfique pour tout le monde. Pour ou contre les OGM, Monsanto nuisait à sa propre cause. L’entreprise n’était pas très appréciée à un tel point qu’elle-même souhaitait sa propre fin, mais d’être vendue n’était probablement pas le scénario souhaité.

 

 

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