Gilles Bélanger, scientifique au Centre de recherche et développement de Québec a déclaré en entrevue à La Vie agricole : « Les producteurs ont des opportunités en production laitière avec les changements climatiques, mais ils feront aussi face à des défis importants». Alors que nous savons que les producteurs laitiers sont à risque face aux politiques qui seront choisies dans le futur pour leur secteur d’activité, La Vie agricole a aussi voulu comprendre ce qui les attend face aux changements climatiques !
Le secteur laitier face à d’autres dangers que la fin de la gestion de l’offre !
Alors que le débat sur la gestion de l’offre a été très politisé au cours des derniers mois, ce pourrait-il que finalement celle-ci soit plus menacée par les changements climatiques que par des décisions des gouvernements ou de l’industrie ? Ce n’est pas si simple que cela nous a confié M. Bélanger : « Ce n’est pas tout gagnant ni tout perdant. Dans les opportunités qui s’offrent aux producteurs laitiers du Québec, il faut comprendre qu’une coupe additionnelle de fourrages chaque année va amener à un rendement plus élevé et cela pour toutes les régions du Québec. Les fermes laitières du sud du Québec connaîtront des saisons plus chaudes, plus longues et donc pourront avoir un rendement plus élevé. Tout comme au nord du Québec l’opportunité de cultiver du maïs et du soja sera réelle».
Des changements climatiques qui peuvent être aussi un danger !
Les changements climatiques vont influer sur la production laitière du Québec : C’est ce que prétend une étude réalisée par une équipe de scientifiques du Centre de recherche et développement d’Agriculture et Agroalimentaire Canada à Québec, en collaboration avec le Département de sciences animales de l’Université Laval qui s’est penchée sur les défis et opportunités des changements climatiques pour les fermes laitières du Québec. Le réchauffement climatique dans les régions agricoles du Québec laisse entrevoir des modifications à différents niveaux: sur le rendement, la valeur nutritive et la persistante des plantes fourragères pérennes ainsi que sur la distribution des cultures sur le territoire. Mais tout n’est pas si rose.
M. Bélanger nous a précisé que des aspects négatifs sont à considérer avec le réchauffement climatique : « La survie des plantes fourragères pérennes comme la luzerne est moins garantie. Il y a un risque de mortalité plus grand lors de l’hiver. Et des hivers plus chauds entraîneront moins de couvertures neigeuses qui sont un isolant. Il y aura aussi plus de risque de gel et dégel et des risques de pluies», dit-il.
Les animaux aussi subiront le réchauffement climatique
Il ajoute : « Il faudra aussi tenir compte du stress thermique des animaux à cause de la chaleur selon certaines saisons et donc d’une potentielle baisse de productivité. Un autre défi à surveiller sera la présence de plus de ravageurs dans les cultures à cause des situations climatiques extrêmes», nous a-t-il dit.
Si M. Bélanger conclut que les producteurs laitiers du Québec seront face à des opportunités et des défis, il n’en reste pas moins qu’il est à considérer que la problématique des producteurs de lait ne se limite pas au débat sur les quotas et les décisions politiques, mais doit tenir aussi compte de Dame nature.