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Du Coy-Loup au Sanglier….

Il y a quelques semaines, je regardais un reportage sur une « nouvelle » espèce animale dans les forêts du Québec, le Coy-Loup…. Je dis bien nouvelle entre guillemets, car il ne s’agit pas vraiment d’une espèce, mais plutôt d’un croisement qui aurait amélioré sérieusement les aptitudes génétiques des migrants du Sud, soit les coyotes.

En réalité, il faut bien comprendre que traditionnellement, le Québec était l’habitat du loup des bois, espèce qui lentement à cédé le pas dans le Sud de la Province, au même rythme où se faisait le développement de la civilisation. De son côté, le coyote habitait surtout le sud et le centre des États-Unis. De taille beaucoup plus petite, le coyote vit essentiellement en nomade, alors que sa meute est beaucoup moins bien organisée.

Réchauffement climatique, déforestation et la modification des cultures (qui a eu pour effet la diversification des proies potentielles), ainsi que l’abandon du territoire par le loup dans le sud du Québec, voilà autant de facteurs qui ont contribué à la prolifération du coyote chez nous depuis 1949, moment où sa présence sur notre territoire aurait été signalée pour la première fois.

Originalement d’un poids d’environ 25 kilos, les coyotes observés au Québec aujourd’hui peuvent atteindre plus de 45 kg, comme en fait foi certains spécimens capturés en Gaspésie. Un bond spectaculaire essentiellement dû à une adaptation du milieu et à des croisements, pense-t-on, avec des loups.

Après les dindons, les sangliers ?

Mais le phénomène des coyotes n’est pas unique. Celui des dindons sauvages est tout aussi spectaculaire. Une migration lente vers le Nord de la part des populations du Nord-Est des États-Unis engendrait dès le début des années 80 de nombreuses apparitions dans le Sud du Québec. Voyant d’un bon œil l’arrivée de ce nouveau gibier potentiel et connaissant son potentiel économique, biologistes et chasseurs se concertèrent alors pour aider l’espèce à s’implanter, grâce à des lâchers d’oiseaux.

Le résultat fut fulgurant, au point où l’espèce est dorénavant bien implantée, après à peine deux décennies d’effort !

En revanche, il existe aussi des cas moins désirables, comme celui du Sanglier. Présent sur tous les continents, cette espèce était jusqu’à tout récemment recluse au Québec à l’intérieur de la quarantaine de fermes spécialisées qui en font l’élevage. Par contre, alors que la population américaine de cet animal atteint dorénavant 5 millions d’individus, constituant un bassin de migrants potentiels impressionnant, on signale quelques douzaines de bêtes s’étant échappées des fermes du Québec depuis 5 ans, plus qu’il n’en faut pour créer la source qui ne tarira plus jamais !

Il faut dire que la femelle peut mettre bas deux fois l’an, avec une portée moyenne de 8 marcassins. Ayant peu d’ennemis naturels, le sanglier peut ainsi proliférer très rapidement, détruisant les milieux humides et consommant une grande partie de la nourriture disponible dans les habitats naturels, au détriment des espèces indigènes. Les hordes de sangliers constituent également un danger pour les animaux domestiques et les humains qui s’aventurent trop près des sentiers qu’ils utilisent.

Une nature en évolution….

Depuis le début des temps, les populations fauniques sont en évolution et il ne faut pas s’étonner de voir des changements. Mais ce qu’il y a d’inquiétant dans tous ces exemples, c’est le fait que ces changements s’accentuent à un rythme effarant. Explosion des populations de cerfs de Virginie au Québec, diminution drastique des canards noirs et progression vertigineuse des canards colverts et des bernaches auraient aussi pu être citées en exemple…. Et je crois que c’est loin d’être fini si nous ne nous responsabilisons pas davantage !

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