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Place à l’Agroalimentaire dans la politique agricole commune en Europe

Lors d’un débat virtuel auquel La Vie agricole était conviée, plusieurs intervenants français et européens ont débattu des impacts de la nouvelle PAC ( Politique agricole commune) de l’Europe.

Gilles Bazin, agronome et professeur émérite de politique agricole à AgroParisTech, a rappelé que la France est la première bénéficiaire de la PAC avec 9 milliards d’euros sur un budget de 53 milliards, 9 milliards répartis parmi 400 000 bénéficiaires ce qui représente environ 30 000 euros par exploitation. Il a souligné que cette aide est importante, mais a rappelé que selon l’INRA (Institut national de recherche agronomique), l’argent est mal ciblé. Il s’est alors demandé si la nouvelle PAC sera plus verte et plus juste ?

Avec la nouvelle PAC, chaque État a le mandat de faire son plan stratégique d’intervention avec un objectif d’être carboneutre en 2050. Déjà en 2030, il est prévu une baisse de 50 % dans l’utilisation des engrais azotés, une baisse de 50 % des antibiotiques, une baisse de 50 % des produits phytosanitaires et au moins 25 % des terres européennes retravaillées en bio.

Une PAC plus verte : objectif difficile à atteindre !

Pour l’INRA, il est clair que ce sera difficile à atteindre. Il y a des risques de distorsion entre États et comme chaque État doit mettre en œuvre sa propre politique on ne pourra plus dire : « C’est la faute de l’Europe» de dire Gilles Bazin. Et comme il le rappelle, les agriculteurs ne suivront que s’ils y voient de la prévisibilité économique.

Pierre Bascou, chef d’unité d’analyse de la politique agricole et perspectives à la Commission européenne, a rappelé que ce pacte vert européen vise une stratégie de croissance à la fois sociale, environnementale et économique.

Frédéric Lambert, chef de service Europe au ministère de l’Agriculture en France, était plutôt avare de commentaires déclarant : « Ça se télescope avec notre travail stratégique qui est en cours actuellement et les réponses vont venir par le ministre en temps voulu».

Il est «minuit moins une» pour la PAC

On en apprenait définitivement plus avec le parlementaire européen d’origine roumaine, agroéconomiste de formation et ancien premier ministre en Roumanie de 2015 è 2017, Dacian Ciolos : « Je crains que si on arrive pas dans les deux ou trois prochaines années à ce que propose la PAC actuelle, on risque fort de voir des attaques de plus en plus fortes contre le budget agricole à la Commission», a-t-il dit. Pour lui, il est minuit moins une.

Il souligne par ailleurs que 73 % des Européens sont attachés à l’agriculture et la PAC, que 85 % souhaitent un budget maintenu ou augmenté et 69 % estiment qu’il faut un changement de pratiques agricoles avec des projets plus soucieux de l’environnement. 66 % des Européens seraient même prêts à payer leur alimentation 10 % plus cher pour aller en ce sens.

Dialogue nécessaire entre agriculteurs et consommateurs

Pour aller dans l’esprit de «Farm to Fork», de la ferme à la fourchette, il faut, dit-il absolument un dialogue honnête entre agriculteurs et la société. Dacian Ciolos valide l’idée que la PAC puisse de venir la PAAC (Politique agricole et agroalimentaire commune) pour une meilleure intégration de toute la chaine alimentaire. « Il faut mieux intégrer la chaine globale de la chaine alimentaire avec des transformations rapides, notamment liées à la numérisation qui bouleverse les méthodes de production, les relations entre acteurs et les moyens de commercialisation».

« On a pas assez introduit l’agroalimentaire dans la politique agricole commune» dit-il.

Il rappelle que la Roumanie est à la fois composée de grandes exploitations agricoles intéressées par l’agriculture digitale, mais aussi de fermes familiales qui regardent le développement local avec intérêt : «Différentes composantes de modèles doivent répondre au système durable», affirme-t-il.

En conclusion de ces échanges, l’agro-économiste Jean-Marie Séronie, bien connu sur notre chaine LVATV s’est demandé comment un outil prévu il y a trois ans peut accompagner le Green deal souhaité aujourd’hui ? Et il se demande alors si les objectifs d’abord fixés pour 2030 ne devront pas être atteints pour 2025 sous l’égide agricole, environnementale et économique.

Mais, dit-il, il faut tenir compte que dans 10 ou 15 ans les besoins agricoles en France vont baisser en raison d’une natalité en baisse. La grande question posée par Séronie tient compte de la renationalisation des choix stratégiques tels que précisés par la PAC : Dans un tel cas que restera-t-il de commun à la PAC ?

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