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«La dette agricole est maîtrisée, mais la hausse des taux d’intérêt est à surveiller» dit Jean-Philippe Gervais

La hausse potentielle des taux d’intérêt est une ombre au tableau qui vient assombrir la récente nouvelle de la plus faible augmentation de la dette du secteur agricole enregistrée au Canada en six ans, d’après l’économiste en chef de Financement agricole Canada (FAC), Jean-Philippe Gervais.

Les données publiées par Statistique Canada révèlent que l’encours de la dette agricole canadienne a augmenté de 5,9 % pour atteindre 121,9 milliards de dollars alors que les producteurs investissaient dans des terres, des bâtiments et de l’équipement. Cependant, cette augmentation est la plus faible depuis 2014 et se situe en deçà de la moyenne décennale de 6,5 %. Les recettes monétaires agricoles ont progressé de 8,3 %.

« Ce sont des signes positifs qui démontrent que la situation financière globale de l’industrie agricole canadienne s’est améliorée en 2020, affirme Jean-Philippe Gervais, économiste en chef de FAC. Nous prévoyons maintenant que les revenus agricoles atteindront un niveau record en 2021 et qu’ils dépasseront la croissance prévue de l’encours de la dette agricole, qui devrait se situer autour de 6 %. »

Jean-Philippe Gervais estime qu’il est important de reconnaître que la croissance des revenus n’a pas été uniforme dans l’ensemble des secteurs et des régions agricoles du pays. Par exemple, les revenus du secteur du bétail ont diminué de près de 1 % en 2020, ce qui s’explique en bonne partie par les perturbations attribuables à la COVID-19, comme les fermetures temporaires des usines de transformation et la suspension des activités dans le secteur de la restauration.

Il souligne également qu’une hausse marquée et soudaine des taux d’intérêt pourrait avoir des répercussions considérables sur la capacité des exploitations agricoles d’assurer le service de la dette. Les facteurs qui influent sur les revenus agricoles nets, comme le commerce, les conditions météorologiques et les coûts élevés des intrants agricoles, pourraient aussi avoir une incidence sur les prévisions concernant les recettes et la dette agricoles.

« Vu le niveau d’endettement dans l’économie agricole, les producteurs doivent prendre conscience de la hausse potentielle des taux d’intérêt et intégrer ce facteur à leurs plans de gestion du risque, soutient M. Gervais. Les taux d’intérêt élevés peuvent avoir des répercussions sur le fonds de roulement des exploitations agricoles et leur capacité de rembourser leurs dettes. Même si les faibles taux à court terme sont alléchants en ce moment, il peut être avantageux de bloquer des taux à long terme aux faibles niveaux actuels. »

Une grande incertitude plane encore quant au caractère permanent des pressions inflationnistes actuelles, selon M. Gervais.

« D’une part, les engorgements actuels dans la chaîne d’approvisionnement et les dépenses de consommation importantes qui provoquent de l’inflation pourraient s’atténuer au cours du second semestre de 2021 », déclare?t-il. D’autre part, l’épargne accumulée dans l’économie pourrait faire grimper davantage les dépenses de consommation et entraîner des augmentations permanentes des prix qui justifieraient des taux d’intérêt plus élevés. »

La demande de produits agricoles de base et d’aliments est importante, et les stocks sont généralement inférieurs à leur moyenne à long terme. Cela crée des perspectives positives pour l’industrie au sortir de la pandémie. Toutefois, rien ne garantit que les prix élevés enregistrés dans de nombreux secteurs ne reviennent pas à des niveaux normaux, prévient-il.

« Le bilan global de l’industrie agricole canadienne demeure sain malgré la période d’incertitude que nous traversons, affirme M. Gervais. Mais les producteurs doivent comprendre leur situation financière et intégrer la résilience à leurs plans d’affaires afin de pouvoir prospérer dans ce contexte opérationnel dynamique. »

 

 

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