Claude Fortin, producteur maraicher pour la ferme Le maraicher d’en haut a écrit une lettre d’opinion à La Vie agricole suite à la réponse du premier ministre à la journaliste Anne-Christine Charest diffusée sur LVATV la semaine passée.
Il nous a alors envoyé ceci par courriel : Vendredi, je suis allé au bureau de poste ramasser une lettre recommandée de Me Marie-Andrée Hotte, le bourreau de l’UPA, pour me rappeler qu’elle m’a fait condamner par la Cour du Québec, et que j’ai dix jours pour m’acquitter d’une somme qui en est maintenant à 1,843,36 $. Trois jours plus tôt, je recevais aussi, encore une fois, un avis de cotisation pour 2021. Peut-on s’apostasier de l’UPA?» et il a décidé de publier cette lettre d’opinion :
Monsieur Legault,
Non, l’UPA n’est pas démocratique; peut-être un peu en bas de la pyramide, mais en haut tout est décidé comme dans un régime totalitaire; le prochain président-empereur de l’UPA ne sera pas élu, la succession du roi Groleau a déjà été choisie.
Monsieur Legault, l’UPA ce n’est pas juste gros, c’est un monopole, c’est la multinationale de toute l’industrie agricole du Québec, qui agit comme si elle était le propriétaire terrien de toutes les terres agricoles du Québec en exigeant un droit de produire à tous ceux et celles qui cultivent sur les terres du Québec. Que vous soyez petits ou gros agriculteurs, que vous cultiviez sur un hectare ou des centaines d’hectares, tous doivent s’acquitter de leur droit de produire, et ce, au même montant pour tous, comme pour un droit de chasse dans un club de chasse. Si vous ne payez pas, l’UPA vous harcèle, vous intimide, vous fera poursuivre par son bourreau d’avocat, qui ira chercher un jugement, pour que la Cour du Québec vous condamne à payer vos arrérages de droits, avec intérêts et frais juridiques que l’UPA elle-même a engagés pour vous poursuivre.
L’UPA se considère comme un État dans un État !
Monsieur Legault, l’UPA ne veut pas vraiment changer, à preuve, ses propositions de nouvelles manières de financer l’organisation soumissent aux producteurs en octobre feront en sorte qu’elle va soutirer encore plus d’argent sur l’ensemble des producteurs, qu’elle exigera pour chacun d’eux les résultats de toutes leurs ventes, qu’elles fassent partie ou non d’un plan conjoint ou de la gestion de l’offre. Bref, l’UPA voudrait maintenant un pouvoir de taxation sur tous les producteurs; normal, elle se considère comme un état dans un état.
Monsieur Legault, il est devenu impératif de changer la loi sur les producteurs agricoles de 1972, parce que l’UPA est devenue une hydre à mille têtes, craint par tous ceux et celles qui œuvrent en agriculture et dans l’agroalimentaire, craint même par les conseillers, maires, députés, ministres et premiers ministres du Québec et du Canada. Monsieur Legault, il faut cesser de craindre l’UPA et changer la loi. Enlever de la loi le monopole syndical attribué à l’UPA pour qu’elle ne se prenne plus pour le grand patron de l’agriculture au Québec, pour qu’elle n’agisse plus comme le plus gros lobbyiste de l’agroalimentaire au Canada, et pour qu’elle cesse d’intimider, de menacer et de mentir aussi effrontément.
Monsieur Legault, on est tanné de faire de l’insomnie, de l’anxiété et d’être enragé à cause le l’UPA. Ce climat malsain et toxique qu’entretient l’UPA, moi, un des plus petits producteurs de proximité de la province, je le subit dans mon lit jusque dans l’champ, comme vous le subissez vous aussi, le ministre Lamontagne et plein d’autres politiciens et politiciennes qui ont eu à faire face à l’intraitabilité de l’UPA.
Libérer les petits producteurs de proximité c’est encore possible
Monsieur Legault, en 2022, la loi de 1972 aura cinquante ans et elle est vraiment due pour une révision. Imaginer, le montant de 5,000 $ de vente inscrit dans cette vieille loi, à partir duquel l’UPA se donne le droit de harceler, d’intimider et de poursuivre plein de petits agriculteurs de proximité et de subsistance, si ce simple montant de ventes était mis à jour, il serait de 32,000$, et pleins de petits et nouveaux agriculteurs seraient libérés de l’UPA.
Mais plus important encore, Monsieur Legault, en enlevant le monopole de cette loi, vous allez libérer un très large pan de l’agriculture au Québec, et en particulier ce qu’on nomme la ”nouvelle agriculture”.
En libérant l’UPA de son monopole, elle redeviendra peut-être un syndicat normal. Et vous, gouvernement du Québec, actuel et futur, vous vous sentirez vous aussi libéré de cette grosse bête intraitable qu’est devenu l’UPA, qui en fait plus dans votre dos que ce que vous êtes capables de faire vous-même en matière agricole, tant elle vous met des bâtons dans les roues.
Claude Fortin