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L’économie agricole mondiale en grand changement

La planète compte 8 milliards d’habitants, cela fait beaucoup de monde à nourrir, et cela semble de plus en plus compliqué. Le climat, les guerres, les mauvaises décisions politiques et les maladies ont de plus en plus d’impact sur une offre alimentaire qui peine à répondre à la demande. Comme bien des choses, les conséquences ne sont pas égales : pour certaines régions cela sera source de prospérité, pour d’autres la misère. Pour le Canada et le Québec, cela sera source de prospérité, de grande prospérité. Cette situation va aussi obliger les gouvernements à voir autrement leur soutien à l’agriculture.

Soutiens et protections moins nécessaires

Au cours des 50 dernières années, l’offre alimentaire a été largement supportée par les pays, notamment les pays riches. Chacun à sa façon, l’objectif étant de développer son agriculture et s’assurer une autonomie alimentaire. Cela a bien fonctionné pour beaucoup de pays riches, grâce à des soutiens massifs, au prix de quelques guerres commerciales et au détriment de l’agriculture des pays pauvres qui étaient minés par le dumping alimentaire des grandes puissances agricoles. Depuis quelques années l’offre alimentaire mondiale peine à rencontrer la demande, les prix des denrées augmentent, les soutiens et les protections à l’agriculture sont donc moins nécessaires.

Passer de la gestion de l’offre à la gestion de la demande

Les politiques agricoles vont inévitablement changer : l’on devra passer de la gestion de l’offre à la gestion de la demande. Dans un contexte où l’offre était excédentaire ou potentiellement excédentaire, le marché par des prix bas limitait l’offre, des subventions à la production ou à l’exportation permettaient dans les pays concernés que l’offre ne s’écroule pas. Ces subventions créaient des distorsions négatives sur les marchés internationaux. D’autres pays comme le Canada utilisent des mécanismes comme la gestion de l’offre pour limiter l’offre afin d’éviter d’engorger les marchés, avec moins de distorsions.

Actuellement, la demande excède l’offre, le marché réagit et les prix augmentent, limitant ainsi la demande. Sauf qu’en matière d’alimentation, limiter la demande c’est synonyme de famine, de troubles sociaux et de guerres. Les gouvernements doivent alors procéder à ce que l’on peut appeler la gestion de la demande, comme l’inde et l’Indonésie l’on fait sur certains produits agricoles. Ils ont fermé leurs frontières aux exportations de denrées agricoles afin de faire chuter les prix locaux et garder leur production pour nourrir leur population. Ces actions ont cependant eu des conséquences mondiales, elles ont mis plus de pression à la hausse sur les prix internationaux.

Choisir entre supporter massivement la production animale ou limiter les exportations de céréales ?

On risque dans le futur de voir une compétition entre les marchés intérieurs et les marchés internationaux pour les denrées agricoles, cette pression des marchés internationaux étant alimentée par des subventions à l’importation ou des limites à l’exportation. On voit déjà cela dans nos marchés, les prix internationaux des céréales rendent la production animale de moins en moins rentable, au point de la menacer si les prix des céréales continuent d’augmenter, même si l’on produit suffisamment de céréales pour soutenir notre production animale. Nos céréales seront exportées à grands profits au lieu d’être transformées en viande ici. Nos gouvernements n’auront pas le choix, soient ils supportent massivement la production animale, ou ils limitent les exportations, le temps que les prix mondiaux des produits animaux s’ajustent à la hausse. En fin de compte l’on risque de voir des producteurs contents et des consommateurs un peu moins. Nos gouvernements vont devoir faire preuve d’imagination afin d’ajuster leur politique agricole.

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