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Agriculture, Agroalimentaire, Immigration tout est lié!

La campagne pour les élections provinciales bat son plein au Québec et suite à la visite de terres agricoles du centre de la France et de quelques viticulteurs (voir les textes précédents), c’est du Maroc que je suis, de temps à autre, les développements des différents partis au regard de ce qu’ils feraient du secteur agricole et agroalimentaire, mais aussi au regard de l’immigration, l’une des clefs de la réussite du Québec de demain en agriculture et dans les autres secteurs de l’économie.

Entre la Coalition Avenir Québec (CAQ) qui voit l’immigration comme une nuisance aux valeurs des Québécois et le Parti Québécois (PQ) qui veut réduire à 35 000 par année la venue d’immigrants au Québec, autant dire que les épouvantails sont de sortie durant cette campagne électorale.

Legault se ‘’zémmourise’’ ou  se‘’bockcotise’’!

Depuis le Maroc, mon premier constat est de souligner la chance qu’ont les producteurs du Québec (soutenus par de nombreux programmes) au regard des campagnes marocaines dans lesquelles les étables sont loin de ressembler aux palaces de nos vaches laitières. Toutefois ce voyage au Maroc, pays très riche et très pauvre à la fois, est un enseignement d’humilité pour la compréhension de l’autre.

À travers les foules de femmes voilées dans les médinas de Rabat ou de Fès on ne voit aucun regard désapprobateur de quiconque envers celles qui circulent tête et épaules découvertes.

Alors quand je lis que François Legault à deux reprises depuis le début de la campagne s’en est pris aux immigrés qui seraient symbole de ‘’violence’’ ou de ‘’danger pour la cohésion sociale’’, il me vient à penser que le Québec vit sur une autre planète. Le premier ministre Legault serait-il en train de se ‘’zémmouriser’’ ou de se ‘’bockcotisé’’?

La pandémie a bon dos!

Seuls le Parti libéral du Québec (PLQ) et Québec Solidaire (QS) semblent prendre conscience que les Québécois ont une faible natalité combinée à un vieillissement de la population qui s’accélère. Il faut mettre les pieds sur le continent africain pour comprendre que la jeunesse de demain est ici et non pas en Amérique du Nord. Et il faudra bien que les politiciens au pouvoir, quels qu’ils soient, reconnaissent qu’on a trop tardé à prendre en considération la problématique démographique du Québec et à en tirer les conséquences et cela bien avant la pandémie qui finalement a bon dos!

La preuve tous les jours dans nos champs

La preuve est là chaque jour dans les champs, dans les abattoirs et les usines de transformation pour les secteurs qui nous concernent, mais il serait intéressant aussi de dénombrer exactement combien d’informaticiens au Québec sont issus de l’immigration.

Pourquoi nier une réalité ? Comme les immigrants ont plus d’enfants que les habitants ‘’de souche’’, oui il se peut que le visage du Québec change dans les 20 prochaines années, mais n’est-ce pas cela la démonstration d’une société en mouvement, en expansion, une société riche de sa diversité ?

L’avenir du Québec comme la plupart des sociétés occidentales  passera par plus d’immigration et c’est aux leaders politiques de l’expliquer.

L’immigration, richesse des villages québécois

Que ce soit dans le monde agricole ou industriel, le problème est criant et ça prend de la main-d’œuvre qui ne viendra pas du Québec. Les terres agricoles ici sont travaillées par les travailleurs étrangers temporaires (TET) de l’Amérique du Sud, c’est une réalité comme les vignobles de la France d’où je viens ces jours-ci sont entretenus par de la main-d’œuvre marocaine pour faire les vendanges. Et il est à souhaiter que ces travailleurs étrangers temporaires obtiennent leur permis de résidence et fassent venir leurs familles dans les pays en question. Le maire de Saint-François-de-la-Rivière-du-sud, Frédéric Jean, initiateur du Festival des travailleurs étrangers temporaires (TET), soulignait d’ailleurs l’an passé à La Vie agricole, que les TET faisaient revivre les églises des villages sur la Côte-du-Sud.

La participation d’étrangers à notre économie est nécessaire, utile, bénéfique et de plus enrichissante.

L’agriculture dans les programmes

Quant aux politiques agricoles et rurales que proposent les partis, il y a  peu de choses à lire dans les différents programmes.

Le PLQ a au moins réfléchi

Le programme le plus marquant avant les élections était celui du PLQ avec sa charte des régions et des sous-ministres vivant en région, de quoi faire espérer un début de décentralisation. Pendant la campagne leur cheffe Dominique Anglade s’est aussi démarquée en rappelant  qu’en raison de la crise de l’inflation, de l’augmentation du coût des intrants, de l’étalement urbain et des changements climatiques, il devient de plus en plus difficile d’être agriculteur et d’assurer la rentabilité de son entreprise. Elle a donc plaidé pour une révision des programmes gouvernementaux afin qu’ils soient adaptés à la réalité d’aujourd’hui. Est-ce une prise de conscience qu’il faut sortir du statu quo ?

Un gouvernement libéral ferait donc une révision complète des programmes de la Financière agricole, réformerait la Loi sur la protection du territoire agricole afin d’aider les producteurs face à l’étalement urbain et améliorer la protection des activités agricoles tout en acceptant le morcellement des terres agricoles pour encourager la relève. Au moins des points clairs!

Duhaime surprend

Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec (PCQ), contre toute attente surprend. Il a arpenté ces derniers mois les milieux agricoles et ça parait. Il est le premier à dire qu’il abolirait la Loi sur les agronomes qui ne passe pas du tout dans le champ, il est le premier à dire qu’il obligerait les transformateurs à avoir des plans de contingence pour éviter le gaspillage à l’avenir et les amener à assurer un service minimum, Duhaime veut aussi accélérer les dossiers des travailleurs étrangers temporaires! D’où sort-il tout ça ? D’une bonne écoute au fil de ses rencontres assurément!

On a d’ailleurs vu Éric Duhaime et Dominique Anglade s’intéresser aux producteurs et à leurs préoccupations sur le terrain en visitant avec La Vie agricole, la ferme Darox. Concernant les autres partis, ils sont allés au rendez-vous habituel devant l’UPA, pour la plupart promettre plus d’argent. La Vie agricole a invité tous les partis à une visite de la ferme Darox et à un échange avec Les Céréaliers du Québec : la CAQ et Québec solidaire ont dit essayer de prévoir cela à leur agenda de campagne. À suivre.

Québec solidaire du bon et du mauvais

Québec solidaire bien que porteur depuis des années dans son programme de la fin du monopole syndical ne semble pas trop comprendre les réels enjeux des producteurs. Leur chef Gabriel Nadeau-Dubois a fait une sortie pour ‘’ taxer les riches’’ dès le premier million atteint sans comprendre que le défi de la relève agricole est d’accéder à des terres agricoles qui valent des dizaines de millions. Il a dû se dédire avant de rencontrer l’UPA. Ça tâtonne à QS quand ça jase agriculture on dirait!

Mais il faut reconnaitre que  QS pousse certaines idées intéressantes : Une nouvelle politique en agriculture visant à soutenir l’agriculture locale et durable, soutenue par des investissements de 200 millions $ par année, la réforme des programmes d’accompagnement comme l’Assurance stabilisation du revenu agricole (ASRA) afin qu’ils tiennent davantage compte de la réalité des changements climatiques, la bonification du Programme de soutien à la conversion à l’agriculture biologique et le remboursement de la certification biologique, l’instauration d’une politique d’achat alimentaire local dans les institutions publiques, dans les écoles, dans les hôpitaux, dans les CHSLD, dans les CPE, pour atteindre 70% d’aliments locaux.

Le PQ abonné absent de l’agriculture?

Où est le PQ? Jean Garon doit se retourner dans sa tombe à voir ce parti leader de l’agriculture pendant les neuf années de son mandat être si peu à l’avant-scène sur ce sujet. Ce n’est que ces derniers jours que leur chef Paul Saint-Pierre Plamondon a parlé lui aussi de pousser sur l’achat local dans les institutions publiques et s’est engagé à appliquer aux produits agricoles étrangers les mêmes normes que celles des produits locaux. Léger programme pour un parti qui a eu dans ses rangs le ministre le plus vénéré encore dans le champs, Jean Garon.

La CAQ cachée derrière la pandémie

Pour la CAQ, le parti qui s’est fait élire comme le parti des régions en 2017, la pandémie a été un véhicule extraordinaire d’endormissement pour véhiculer un message en faveur de l’agriculture de proximité et d’achat local, mais qu’est-ce qui a vraiment changé dans le système hormis de beaux discours et quelques projets pilotes ces dernières années ? Il faut reconnaitre qu’André Lamontagne, le ministre des cinq dernières années a su surfer sur la vague des consommateurs inquiets d’une rupture de la chaine alimentaire, mais qu’est-ce qui nous garantit que nous serions plus autonomes sur le plan alimentaire face à une nouvelle pandémie demain? Rien pour le moment!

La CAQ est allée une fois de plus amadouer L’UPA pour promettre plus d’argent dans les programmes actuels : 50 M$ pour accélérer l’agriculture durable, 50 M$ pour bonifier le Fonds d’investissement pour la relève agricole, 175 M$ destiné à l’autonomie alimentaire, on dirait que la CAQ aime bien mettre le MAPAQ en sous-traitance à l’UPA!

Le 3 octobre arrive et il est à espérer que le ou la première ministre au lendemain de l’élection considère l’agriculture comme une activité primordiale de notre économie.

 

 

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