Dans un revirement majeur, la société américaine AquaBounty annonce qu’elle va cesser de produire ses controversés saumons atlantiques génétiquement modifiés (GM) sur l’Île-du-Prince-Édouard, au Canada.
La semaine dernière, la PDG de la société, Sylvia Wulf, affirmait au journaliste de SeafoodSource , qu’après avoir élevé deux « cohortes » de saumons GM dans sa seule installation de production canadienne, à l’Île-du-Prince-Édouard, elle ne produirait plus de saumons GM au Canada.
« C’est une excellente nouvelle, cela veut dire que les Québécois et Canadiens ne mangeront plus de saumon GM à leur insu comme c’était le cas ces dernières années » se félicite Thibault Rehn, coordonnateur de Vigilance OGM. « Nous sommes fiers que notre travail de sensibilisation et de mobilisation des citoyens et de l’industrie ait porté ses fruits ».
AquaBounty continuera toutefois à produire des œufs de saumon GM à l’Î.-P.-É., ainsi que des œufs de saumon non GM. Les œufs de saumon GM continueront à être expédiés en Indiana, aux États-Unis, pour produire du saumon de l’Atlantique GM dans la seule autre usine de la société.
En 2016 , le Canada fut le premier pays au monde à accepter la consommation d’un animal GM. Puis, comme le fait savoir Vigilance OGM, en 2017, l’organisme avait découvert — via de nombreuses demandes d’accès à l’information et autres recherches — que les Québécois furent les premiers consommateurs au monde de ce saumon GM , et ceci à leur insu en l’absence d’étiquetage obligatoire.
« Le saumon GM n’offrait aucun avantage puisqu’après avoir clamé haut et fort durant presque 20 ans qu’il grandissait plus vite, la compagnie ne l’indiquait plus dans sa vidéo promotionnelle », déclare M. Rehn. « Depuis plus de 25 ans, les entreprises des biotechnologies nous font croire qu’ils veulent « nourrir le monde » alors que, dans les faits, c’est uniquement leurs actionnaires qu’ils nourrissent », s’enflamme M.Rehn.
La compagnie AquaBounty dit souhaiter vendre du saumon « local » : l’arrêt de la production au Canada signifie probablement qu’il n’y avait pas ce marché « local » pour le saumon GM. En effet, suite à une grande campagne de sensibilisation, de nombreuses entreprises (transformateurs, poissonneries, chaînes de sushi québécoises) avaient publiquement rejeté le saumon GM . Cependant, la prise de position la plus significative est celle de la chaîne d’épicerie METRO, qui exige de ces fournisseurs de ne pas lui vendre du saumon GM, ce qui se reflète clairement dans son dernier Plan de responsabilité d’entreprise 2022-2026 . Une avancée observée suite au Classement de la transparence réalisée conjointement par Vigilance OGM et le RCAB (Réseau canadien d’action sur les biotechnologies).
En 2020, un sondage Léger marketing révélait que 78 % de Canadiens n’étaient pas prêts à manger du saumon génétiquement modifié. Malgré ces craintes légitimes, le gouvernement Trudeau refuse toujours l’étiquetage obligatoire des OGM, déclare Vigilance OGM. « Le minimum serait que nos gouvernements fassent preuve de transparence. Transparence quant aux études sur lesquelles se base leur évaluation, transparence avec les Premières Nations en les consultant et transparence envers les citoyens avec la mise en place d’un étiquetage obligatoire », déplore M. Rehn. « Le gouvernement fédéral a l’occasion de le faire avec la modernisation actuelle de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement (LCPE). »