La récente réunion sur le changement climatique de la COP27 à Charm el-Cheikh ont renforcé l’urgence de la lutte contre le changement climatique en raison de son impact sur la production agricole et la sécurité alimentaire futures. Compte tenu de la guerre en Ukraine, des pressions inflationnistes et d’une récession mondiale imminente, la menace d’une insécurité alimentaire mondiale croissante devient chaque jour plus une réalité.
Margaret Zafiriou
La croissance de la productivité durable a été identifiée comme essentielle pour faire face à la fois aux changements climatiques et aux problèmes de sécurité alimentaire mondiale à l’avenir. [i] Mais la productivité agricole mondiale a ralenti au cours de la dernière décennie (2011 à 2020) à 1,12 % par an contre 1,99 % par an plus tôt (2001 à 2010). [ii]
Meilleurs rendements pour le blé, moins bons rendements pour le maïs
Le changement climatique a un impact sur l’agriculture en raison de la hausse des températures et de la variabilité des précipitations. Des études montrent que l’impact sur les rendements mondiaux des cultures et la superficie récoltée est négatif. Par exemple, Lesk et. Al. (2016) ont estimé que la sécheresse et la chaleur extrême pendant la période de 1964 à 2007 ont réduit la production céréalière mondiale de 9 à 10 %, ce qui équivaut à 6 années de croissance de la production. [iii] Au Canada, la recherche a en fait montré que les rendements du blé et du canola augmentaient et que le maïs diminuait légèrement en raison du réchauffement climatique. [iv]
Le changement climatique entraîne également un ralentissement de la croissance de la productivité totale des facteurs (PTF). Ortiz-Bobea et. al. (2021) ont montré comment le changement climatique a réduit la PTF de l’agriculture mondiale d’environ 21 % depuis 1961, ce qui équivaut à la perte de 7 années de croissance de la productivité. [v] L’impact a été plus sévère dans les régions plus chaudes telles que l’Afrique subsaharienne et l’Asie, tandis que l’impact a été moins sévère dans les régions du nord, comme le Canada.
Nombre record d’événements météorologiques extrêmes en 2021
Mais le changement climatique entraîne également des phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents, tels que des sécheresses, des tempêtes, des inondations et des vagues de chaleur provoquant des incendies de forêt, des décès, des dommages aux infrastructures et des pertes d’assurance. L’année 2021 a été mémorable pour cela et 2022 n’a pas été meilleure. Les « dix événements météorologiques les plus marquants au Canada » d’Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) ont signalé un nombre record d’événements météorologiques extrêmes en 2021. [vi] Un dôme de chaleur qui a duré du 25 juin au 1er juillet a fait 619 morts à Vancouver. Le «déluge d’inondations» en Colombie-Britannique en novembre 2021 a interrompu les livraisons ferroviaires au port de Vancouver et a vu des routes et des ponts emportés avec la mort et la destruction. 2022 a également eu son lot d’événements météorologiques extrêmes. Qui avait entendu parler d’un Derecho avant qu’il ne frappe l’Ontario et le Québec en mai 2022?
Il n’est pas surprenant que les phénomènes météorologiques extrêmes aient un impact négatif sur la croissance de la productivité. Zhang (2022) a utilisé les données de la base de données internationale sur les catastrophes (EM-DAT) pour estimer que la PTF a diminué de 0,46 point de pourcentage en une année où le nombre d’événements climatiques extrêmes par 100 kilomètres carrés était égal à la moyenne de l’échantillon de la période de 1961 à 2016 (.0022). [vii] Plus précisément, les sécheresses ont eu trois fois plus d’impact sur la croissance de la PTF, tandis que les incendies de forêt ont eu 6 fois plus d’impact, par rapport à la moyenne.
Des mesures à prendre
Les événements climatiques extrêmes se produisent plus fréquemment. Par conséquent, le besoin de croissance de la productivité devient encore plus urgent. Peut-il croître des 28 % nécessaires pour répondre à la demande alimentaire mondiale selon l’OCDE ? De toute évidence, le gouvernement et l’industrie doivent prendre des mesures pour défendre cette croissance par des investissements dans la R&D et les nouvelles technologies, des conditions favorables, la mobilisation des connaissances et la collaboration pour stimuler l’adaptation et l’atténuation du changement climatique pour la durabilité et la sécurité alimentaire futures.
[i] Institut canadien des politiques agroalimentaires, « What We Heard: CAPI’s Big Solutions Forum Trusted Opinion Leaders Pre-Dialogue », 11 mai 2021. Consulté à : C3-2021-05-11-CAPI-BSF-Pre-Dialogue-What- We-Heard-Component-3.pdf (capi-icpa.ca)
[ii] Rapport mondial sur la productivité agricole, 2022 : Disponible sur : Rapport GAP 2022 | Virginia Tech CALS Global (globalagriculturalproductivity.org)
[iii] Lesk, C. P. Rowhani et N. Ramankutty, « Influence des catastrophes météorologiques extrêmes sur la production agricole mondiale », Nature, vol. 529, 7 janvier 2016.
[iv] Qian, B., X. Zhang, W. Smith, B, Grant, Q, Jing, A.J. Cannon, D. Neilsen, B. McConkey, G. Li, B. Bonsal, H. Wan, L.Xue et J. Zhao, « Climate change impacts on Canadian yields of spring wheat, canola and maise for Global Warming 1,5 degrés C, 2,0 degrés C et 3,0 degrés C », Environmental Research Letters, 14 (2019) 074005.
[v] Ortiz-Bobea, A.T.R. Ault, C. Carillo, R.G. Chambers et D. Lobell, « Le changement climatique anthropique a ralenti la croissance de la productivité agricole mondiale », Nature Climate Change, Vol. 11, avril 2021, 306-312.
[vi] ECCC, “Les dix événements météorologiques les plus marquants de 2021”. Disponible ici : Les 10 événements météorologiques les plus marquants du Canada en 2021 – Canada.ca
[vii] Rapport GAP 2022 : Disponible sur : Rapport GAP 2022 | Virginia Tech CALS Global (globalagriculturalproductivity.org)