On apprenait par Radio-Canada ce matin que le chef du parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a acheté en 2022 des terres agricoles au Témiscamingue alors qu’il déclarait dans notre studio en juin dernier : « L’État des lieux c’est qu’une terre agricole est absolument inabordable en raison de phénomènes spéculatifs. (…) Moi je suis très critique du peu de mesure de protection de nos terres vis-à-vis la spéculation. Plusieurs terres agricoles ont fait l’objet d’une prédation.»
L’intérêt de l’article de Thomas Gerbet sur le site de Radio-Canada est certainement de mettre la lumière sur une réalité que beaucoup de gens savent dans le milieu agricole : les spéculateurs ne sont pas ceux que l’on croit. Il n’y a pas d’histoire de Chinois qui tienne et si on y tient mordicus à ces balivernes, faudra-t-il alors appelé Paul St-Pierre Plamondon : «PSPP Wong» ?
Car ces Chinois que l’UPA a présentés comme des vautours de nos terres agricoles ne sont en fait que des Québécois nés ici ou naturalisés canadiens qui ont acquis pour leur plaisir des terres en friches pour certains ou pour les cultiver noblement pour d’autres ou avec une arrière-pensée spéculative parfois pour un certain nombre.
Et c’est probablement plus le cas encore quand celles-ci se situent dans la ceinture périurbaine des grandes agglomérations, mais le sujet de l’intérêt de Radio-Canada est ailleurs. Ce qui importe c’est la compréhension que tout un chacun pouvons légalement acheter des terres agricoles si on est canadien.
Le vrai sujet alors est où, me direz-vous ? Eh bien je pense que cela soulève des interrogations que La Vie agricole a exprimées au président de L’UPA, Martin Caron, lors de la grande annonce du ministre Lamontagne sur la consultation publique à venir sur le zonage agricole, à savoir : Peut-on répertorier les propriétaires qui se cachent derrière les incorporations ?
Ne pas jeter la pierre à Paul !
Il ne faut donc pas jeter la pierre à Paul, mais cette situation cocasse et quelque peu gênante sur le plan politique a le mérite au moins de dire dans un média généraliste que le conte sur les méchants Chinois n’existe pas et que les vrais «prédateurs» sont peut-être plus près de nous qu’on ne le pense!
Le thème de l’accaparement des terres s’applique fort probablement à certains producteurs qui par ailleurs par la voix de leur syndicat disent vouloir tout faire pour la relève.
On comprend aussi que l’arme politique contre la CAQ, du soit-disant méchant Pangea (compagnie dont l’actionnaire principal Charles Sirois et aussi co-créateur de la CAQ) tombe à l’eau. Car oui probablement qu’au final les 150 hectares de terres de «PSSP Wong» sont anecdotiques, mais les quelques milliers d’hectares de Pangea aussi! Il s’est avéré au fil du temps que Pangea s’est plus démarquée comme partenaire de jeunes agriculteurs que comme prédateur de l’agriculture.
Où se trouve la vérité ?
Elle est cachée derrière les incorporations où se trouvent probablement de bons Québécois qui ayant fait de bonnes affaires en agriculture ( avec le soutien des programmes de l’État) achètent des terres agricoles pour agrandir leur exploitation. On pourrait même dire que la valeur des terres agricoles au Québec est une preuve que l’économie agricole se porte bien.
Mais comme l’a souvent dit Guy Debailleul, coprésident de l’Institut Jean-Garon, tel que l’exemple français le démontre, il n’est pas nécessaire d’être propriétaire pour bien produire et il est parfois préférable d’avoir un bail locatif à long terme. Il est donc urgent que la consultation sur le zonage agricole voulue par le ministre Lamontagne prenne tout son envol.
Et soyons honnêtes le véritable accaparement des terres agricoles dans le monde il est sûrement ailleurs et il se développe à grande vitesse par des fonds de retraite et fonds d’investissement d’Amérique du Nord sur les terres arables de l’Afrique.
Je n’en démords pas, Thomas Gerbet a mis dans le débat public un sujet qui mérite discussion.