Selon la SAAQ, les scooters, ces petits véhicules électriques que l’on voit au centre-ville de Montréal entre autres, devenus un moyen de locomotion écologique très prisé, représentent un risque pour la sécurité des usagers vulnérables qui empruntent les trottoirs et les voies cyclables en raison de leur poids élevé et de la vitesse qu’ils peuvent atteindre. Il en a été décidé ainsi dans un arrêt ministériel en date du 30 juillet, en pleine saison estivale! Aucun préavis n’a été donné. Aucune période de transition ou d’adaptation n’a été prévue pour les usagers ou pour les détaillants/importateurs/opérateurs touristiques! Cette décision incitera les citoyens à prendre plus souvent leurs autos et VUS! Quel manque de vision!
La SAAQ avait sûrement de bonnes intentions, mais elle n’a pas fourni les données statistiques qu’elle a enregistrées au fil des ans concernant la cause, le nombre et le type d’accidents impliquant des vélos électriques de type mobylette dans la province et dans les principales agglomérations québécoises.
Interdire sur les trottoirs et interdire partout, pas la même chose!
La SAAQ évoque la circulation de ces véhicules sur les pistes cyclables et les trottoirs pour justifier sa décision. Pourtant les trottoirs sont réservés uniquement aux piétons dans l’ensemble du Québec et dans le cas de Montréal, la ville la plus peuplée du Québec, les pistes cyclables sont interdites aux scooters depuis 2021. Des règles existaient déjà, il aurait peut-être été plus simple de les faire respecter!
L’écologie à la trappe
Alors que les Québécois sont incités à passer à l’électrique dans leur mode de transport, pour le coup cette fois-ci on leur interdit de circuler en mode électrique. Que faut-il y comprendre?
Ni la SAAQ, ni le Ministère des Transports et de la Mobilité durable n’ont désigné de centre pour le recyclage des milliers batteries ou des milliers de carrosseries. Que faire alors de toutes ces batteries et de tout ce plastique ? Aucune étude d’impact environnemental ne semble avoir été faite avant l’arrêté!
Cette décision est en absolue contradiction avec les objectifs de mobilité durable du gouvernement, si l’on veut diminuer l’utilisation de l’automobile et les gaz à effet de serre.
Pourquoi ne pas plaquer tous ces scooters tout simplement ?
La SAAQ n’a fourni aucune information sur la simple possibilité de régulariser ou non les véhicules déjà sur le marché ou sur les démarches à entreprendre. Certes c’est l’été, mais on aurait pu penser que quelques cerveaux continuaient de fonctionner au sein des instances responsables!
Le MTQ fait fi de l’industrie!
Le Ministère des Transports et de la Mobilité durable n’a pas approché les importateurs afin qu’ils puissent participer à l’élaboration des politiques, discuter et peut-être modifier certains critères liés à la sécurité. Vélo Québec, opposé de longue date et de manière notoire aux modes de transport autres que le vélo ou vélo électrique, semble avoir été le seul organisme régulièrement consulté. Quel beau manque d’équité!
Une lueur d’espoir!
La SAAQ par le biais de sa Direction de l’expertise légale et de la sécurité des véhicules a répondu à certains propriétaires plaignants : «Nous avons bien reçu votre message et sommes en période d’analyse de l’ensemble du dossier. Nous vous transmettrons une réponse incessamment.»
Peut-être faut-il y voir un espoir pour que la situation soit d’un coup moins totalitaire!
Un recours collectif en préparation
Des milliers de propriétaires se parlent actuellement via les réseaux sociaux et les contacts des importateurs et envisagent sérieusement une action collective, car pour le moment personne ne semble envisager de dédommager les consommateurs mis devant le fait accompli.
Au final, des milliers de consommateurs ont investi entre 2000-5000 $ pour chaque véhicule et ont perdu leur investissement du jour au lendemain, certains venaient à peine d’acheter leur véhicule.
Des détaillants et importateurs ont investi individuellement entre 100,000$-1 million en stock pour l’année 2024 et ont perdu leur investissement du jour au lendemain.
Des opérateurs touristiques/opérateurs de livraison ont perdus leur source revenu du jour au lendemain.
Triste bilan pour un gouvernement qui se targue d’être un acteur de développement économique!
Tout le monde n’est pas riche!
Des milliers de consommateurs n’ont pas les moyens d’acheter un nouveau scooter immatriculable ou un vélo électrique à quelques milliers de dollars d’autant que bon nombre de propriétaires avaient obtenu du financement pour l’acquisition de leur véhicule et certains consommateurs ont dû racheter un nouveau véhicule, ce qui leur a occasionné une dépense imprévue.
Quand l’ironie s’en mêle!
Aucun centre de recyclage n’a été désigné pour ce type de véhicule, des milliers de consommateurs doivent garder leur scooter à la maison sans savoir quoi en faire. Même si un centre de recyclage était désigné, ces milliers de consommateurs n’auront pas la possibilité de s’y rendre pour y déposer leur véhicule puisqu’ils risquent une contravention entre 300 et 600$!
Encore les plus pauvres qui écopent dans la société.
L’arrêté est on ne peut plus discriminatoire à l’égard des gens à faible revenu, car ils sont privés d’un moyen de mobilité peu cher et ne peuvent assumer le coût d’une immatriculation, d’un permis de conduire et d’une assurance.
L’office de protection du consommateur rejoint aujourd’hui reconnaît quant à lui aussi avoir été pris au dépourvu face à cet arrêté surgi de nulle part au cours de l’été. Il est à espérer que le gouvernement saura faire preuve de bon sens avant que ne soit lancé le recours collectif qui se prépare de la part de citoyens et consommateurs floués.
Le Québec se démarque encore !
Cet arrêté ne concerne que le Québec. Les modèles concernés restent parfaitement légaux dans la plupart des autres provinces canadiennes, où ils peuvent être conduits sans permis et sans immatriculation sur les voies publiques. Cette différence légale entre les provinces est possible parce qu’au Canada, le gouvernement fédéral fixe les normes pour les vélos électriques, mais les provinces et territoires ont le pouvoir de réglementer leur utilisation sur les routes et les autoroutes.