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Travailler ensemble pour faire bouger la Régie, Loto-Québec et la CPTAQ, selon Paul-André Lavigne

Paul-André Lavigne un bénévole engagé depuis 50 ans dans l’organisation des courses de chevaux au Québec, à la tête du circuit régional, s’exprime à La Vie agricole suite aux différences de points de vues exprimés ces dernières semaines entre L’ATAQ et le Jockey Club du Québec. Pour lui il faut travailler ensemble pour faire bouger la Régie des jeux, Loto-Québec et la CPTAQ (Commission de protection du territoire agricole du Québec).

Il fait tout d’abord un premier constat : «Malgré tous les efforts déployés et la résilience des gens de chevaux, l’industrie des courses de chevaux au Québec stagne.»

Est-il trop tard pour redresser la situation ? Homme confiant il croit que des solutions sont possibles si tout le monde s’y met! Mais il faut agir vite.

Un patrimoine à ne pas négliger!

M.Lavigne rappelle que les courses de chevaux font partie du patrimoine québécois. Il rappelle, dans un document de réflexion qu’il nous a transmis, que selon l’historien Donald Guay, les courses de chevaux ont inauguré l’ère des activités sportives au Québec. C’est dès 1767 qu’ont eu lieu les premières courses de chevaux sur les Plaines d’Abraham de Québec. Au fil des décennies du siècle dernier, les pistes de course étaient souvent le seul lieu de loisir et de socialisation des régions.

Des actions concrètes sont maintenant attendues, dit M. Lavigne

Un constat, la RACJ est hors-jeu

On apprend à la lecture du document remis que «la Régie des jeux n’a pas suivi l’évolution des courses et n’a pas adopté en conséquence des règlements et règles de course, de certification et de pari donnant aux gestionnaires la capacité d’améliorer le fonctionnement des courses de chevaux».

Il est, selon M.Lavigne, urgent de moderniser le fonctionnement et de faciliter l’adaptation de la Régie des Alcools, des courses et des jeux  (RACJ) à la nouvelle réalité. À titre d’exemple cela fait au moins 7 ans qu’il est demandé à la Régie d’abaisser l’âge légal des conducteurs à 16 ans et plus de 14 ans que le monde du cheval attend pour que les courses de qualification soient autorisées sur les pistes régionales. «La Régie est d’un laxisme incroyable», ajoute-t-il.

 Loto-Québec doit jouer un rôle

«Loto-Québec a monopolisé le pari (casinos, machines loterie-vidéo, pari sportif…) et contrairement aux institutions semblables en Amérique du Nord, Loto-Québec ne soutient pas les courses de chevaux. Il faut trouver des projets communs gagnant-gagnant permettant de profiter de la promotion pouvant être apportée par cette organisation», dit-il.

Dépasser la barrière de la CPTAQ

La commission de la protection du territoire agricole au Québec semble nuire parfois au développement du monde des courses. Il est important de sensibiliser le gouvernement à l’heure du nouveau projet de loi 86 qui vise justement à pérenniser la vitalité des terres agricoles.

«Le développement d’une structure professionnelle forte passe par une base solide soit les pistes de courses amateurs. Or, malgré sa volonté et les efforts déployés, le CRCCQ ( Circuit régional des courses de chevaux du Québec) peine à ajouter des pistes de courses amateurs, car elle se bute particulièrement à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ). En fait, cette dernière refuse que des centres d’entraînement en région puissent présenter 1 ou 2 programmes de courses du Circuit régional considérant qu’il s’agit d’activités commerciales et non reliées à l’agriculture. Il faut corriger cette perception, sans quoi, il ne peut plus avoir de développement en région», de déclarer M. Lavigne.

 Les hommes de chevaux ont aussi un virage à prendre : Ne pas se cacher les yeux

«L’image des courses de chevaux est entachée par des scandales (drogue, tricherie, maltraitance des chevaux…) et la presse focalise sur ces situations, mais reste muette sur les bonnes réalisations (exploits, records …). Il faut renforcir l’information positive, être plus présent dans les médias et démontrer l’intégrité des courses et tous les efforts consentis. Les gens de chevaux ont aussi un rôle important à jouer à cet égard, car souvent, ce sont eux qui alimentent la critique.», précise M.Lavigne.

Aujourd’hui, il faut faire plus : les résultats ne sont pas au rendez-vous

En 2025, il existe au Québec une piste de course professionnelle à Trois-Rivières (H3R) et 5 pistes de course amateurs opérationnelles.

Il rappelle que « Si L’H3R a pu être maintenu en vie, c’est grâce à un groupe d’investisseurs qui croyaient aux retombées économiques et sociales de l’industrie des courses.», mais aujourd’hui il faut faire plus.

Les résultats attendus ne sont pas au rendez-vous. Il manque essentiellement un nouvel hippodrome dans la région métropolitaine de Montréal. Mais il faut surtout rappeler que les courses rapportent 2,5 millions de dollars au gouvernement et que cela pourrait être bien plus si les activités pouvaient se développer.

Le circuit régional depuis 1983, n’a cessé d’organiser en régions des programmes de courses et tout le monde fait de son mieux, mais il manque une synergie, semble-t-il.

Il faut selon M. Lavigne attirer une nouvelle clientèle. Il faut faire vivre une expérience, ce qui peut aller «d’agrémenter l’entre courses, faire connaître les autres races de chevaux, expérimenter le trot monté ou des courses au galop»

Il faut redonner les lettres de noblesse au domaine des courses et en faire une fierté québécoise pour que le gouvernement s’y intéresse à nouveau. Paul-André Lavigne incite ainsi tous les acteurs du monde du cheval à travailler ensemble.

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