Voilà comment ce malteur, propriétaire de Malteraie Montagne noire nous a approché il y a quelques temps. Il fait partie de ses innombrables déçus du Québec «qui s’enferme dans ses monopoles». « En Ontario, c’est ‘’Open for bisness’’», dit-il. L’opposé du Québec selon lui «où tout est fait pour te décourager».
Le débat sur le syndicalisme agricole doit selon lui s’élargir en dehors du seul monde agricole : «Il faudrait inclure toute la société et non seulement les cultivateurs (ceux obligés de cotiser) mais l’ensemble de la société québécoise car peu de gens en ville savent que l’on peut élever juste un certain nombre de poulets, poules pondeuses, que les quotas laitiers de gestion de l’offre empêchent les petites fermes de produire du lait et le revendre à la ferme sans être mélangé au Bulk tank des autres et surtout le fait que l’UPA soit un monopole depuis si longtemps, une situation unique dans le monde démocratique.»
La fin de la gestion de l’offre, profitable à l’agriculture de proximité?
Sur la gestion de l’offre Sébastien Figeac rejoint par téléphone est encore plus clair : «Ça ne me tente plus de soutenir la gestion de l’offre. La fin de celle-ci amènerait le lait américain certes mais donnerait la chance à plein de petites fermes de proposer aux consommateurs du lait spécifique du Québec».
À l’écouter, la fin de la gestion de l’offre pourrait alors devenir un élan pour les fermes de proximité si les consommateurs suivent.
Il déplore que le débat sur le syndicalisme agricole ne perce pas dans les médias généralistes : «Comment votre journal pourrait-il se retrouver aussi parmi les pages du journal de Montréal ou La Presse afin que tous ceux qui mangent au Québec puissent connaître l’actualité agricole et ainsi, faire pression pour un référendum national sur si ‘’oui ou non’’ on continue avec ce modèle désuet».
Pour lui ce n’est «pas juste aux cultivateurs de décider car l’UPA n’est pas élue démocratiquement, comparé à un gouvernement».
Il ajoute : «C’est le gouvernement qui accrédite le syndicat agricole, c’est sur eux qu’ il faut mettre une pression afin d’obliger à avoir un minimum de 2 syndicats agricoles et même avoir le choix de ne pas se syndiquer du tout pour ceux qui le veulent. Je souhaiterais que mon gouvernement s’ occupe plus de l’agriculture pour tous plutôt que de s’ en remettre à l’opinion du syndicat unique, cette secte barrée à double tour.»
Toujours l’espoir du rapport Pronovost
Son idéal se traduit par : «Un rapport Pronovost 2.0? Mais avec l’ensemble de la société, qui, j’en suis persuadé, serait choquée d’ apprendre ce monopole et voterait contre et obligerait le gouvernement à s’ activer pour changer la donne», dit-il.
Il s’offusque de certaines situations qu’il trouve aberrante dans un monde libre : «Ce n’est sûrement pas la TCN, l’organe de propagande de l’ UPA, qui aiderait à faire passer le message!», nous a-t-il écrit.
Pour lui il va être temps de penser: « Out of the box»
Dans son passé agricole, il garde un goût amer des prélevés
Sébastien Figeac a été vacher avant de devenir malteur et a bien compris que vu la valeur des quotas «il est impossible de devenir producteur laitier si on n’est pas apparenté». Quand il a produit des fraises et des framboises ensuite, il s’est étonné des prélevés que l’UPA a voulu prendre sur chaque plant au point où, dit-il, il a du s’approvisionner en Ontario.
L’efficacité la CPTAQ pas reluisante à ses yeux
Dans la mise en place de son entreprise actuelle, il a dit avoir vécu des délais déraisonnables avec la CPTAQ pour faire autoriser ses intallations. Ses démarches auprès de son député Mathieu Lacombe ou auprès du ministre de l’Agriculture, André Lamontagne ne l’ont pas aidé puisqu’il s’est fait dire qu’à la CPTAQ « Oui les délais sont longs», ce qui l’a exaspèré, dit-il, lorsqu’il a appris «le salaire du président de l’organisation au-delà de 200 000 $», dit-il.
Un an plus tôt au début de l’année 2024, le même Sébastien Figeac nous écrivait ceci : «Ayant un projet de malterie, soit transformer des céréales (orge brassicole, blé, avoine) en malt pour fournir les microbrasseries de ma région Outaouaise, j’aurai besoin d’un approvisionnement en céréales locales. Euréka! Le syndicat des producteurs de grains Outaouais-Laurentides me semble l’endroit tout désigné pour trouver des producteurs de céréales; ça inclut les producteurs laitiers, bovins et autres qui produisent aussi, souvent, des céréales et tout ça m’éviterait de parcourir la vaste campagne outaouaise et aller cogner à toutes les portes (et encore, ça me prend des adresses pour se faire!!). Or, ce syndicat ne veut pas me donner les courriels et/ou téléphones des producteurs de grains de ma région? Supposément qu’il s’agit d’une loi de non-divulgation? Pourtant ces producteurs sont des entreprises à part entière et ont droit de connaître la nouvelle opportunité de cultiver l’orge brassicole, une culture d’avenir, ne nécessitant pas de nouvelles machineries agricoles et dont les cultivateurs seraient fiers de pouvoir boire leurs récoltes liquides! Hé non, l’UPA m’empêche même d’aller présenter mon projet, pourtant rassembleur, aux producteurs lors de leur assemblée mensuelle! (…) L’UPA nuit à ses producteurs en bout de ligne car ils ne peuvent pas se faire offrir de nouvelles opportunités! En quoi cela aide-t-il l’agriculture, locale, de surcroît? Vivement la fin de ce monopole d’empêcheurs de tourner en rond! »