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Le repli sur soi, l’erreur de Trump, et si la politique n’était que la reprise du spectacle de la ferme!

Donald Trump pourtant à la tête du parti républicain habituellement chantre du libéralisme, défenseur de l’individualisme et contre le collectivisme, surprend par ses prises de décisions à l’encontre du bon sens et du courant d’idées de son parti. Comme le rappelle Franz-Olivier Giesbert dans son dernier livre «Tragédie Française» aux Éditions Gallimard, Pierre Mauroy, pourtant socialiste, et qui fut premier ministre sous le président Mitterrand en France lui a confié : « Cite-moi un seul économiste sérieux qui célèbre les bienfaits du protectionnisme. Au contraire, tous nous mettent en garde. En Grande-Bretagne, cette solution de facilité a ruiné l’économie et plombé les travaillistes, au point de porter Margaret Thatcher au pouvoir»

Giesbert rappelle en parlant de Mauroy : « Il en sait assez long en économie pour ne pas ignorer que les effets du protectionnisme sont toujours dévastateurs, à plus ou moins long terme.»

Giesbert relate aussi une blague que Ronald Reagan, célèbre libéral et 40e président des États-Unis lui a confié quand il observait la gauche française : « Tout ce qui bouge on le taxe, tout ce qui bouge encore, on le réglemente, et tout ce qui ne bouge plus, on le subventionne». On peine à imaginer ce que Reagan penserait de ce qui se passe en ce moment aux États-Unis!

Ce livre est une analyse de la Ve république française revue par un journaliste d’expérience qu’est Franz-Olivier Guesbert. Il y détaille d’ailleurs quelques passages savoureux de sa vie à côtoyer le monde politique et ses faux-semblants.

«N’ayant jamais été à une contradiction près, je suis devenu herbager tout en restant végétarien, autrement dit oxymore vivant.  Avec l’argent que m’a rapporté ma première biographie de Mitterrand, j’ai acheté une ferme (…) où paissent, sur sept hectares de pré plantés de pommiers, une douzaine  de  bœufs d’embouche, âgés de trois ans. Nés dans le massif central,  ils arrivent en Normandie au printemps pour être engraissés au trèfle et à l’herbe. C’est leur dernière année. Chaque été, ils deviennent les amis de mes enfants avant de finir à l’abattoir en novembre, quand ils sont si pleins de viande qu’ils ont du mal à marcher. ‘’C’est la vie’’, dis-je à Aurélien et Claire (…)  Toutes les sociétés humaines, à commencer par la classe politique, sont des métamorphoses de la ferme, avec ses crimes, lâchetés, double jeux, comme le mien avec mes enfants. On y trouve des vaches, veaux, dindons, coqs, poules, pintades, rocquets, cochons ou moutons qui, tel chacun de nous, ont des traits de caractère très particuliers, dans une gamme qui va de la douceur bovine à la vanité des volailles en passant par l’ironie caprine».

Il raconte un passage vécu avec le secrétaire général de l’Élysée sous Mitterrand, Pierre Bérégovoy, qui était fier de lui montrer son album photo relatant ses relations avec les personnalités du monde : « Il ouvrit l’album photo et commença à le feuilleter. À part Georges Bush senior, le vice-président de Ronald Regan, je serais incapable de décliner les noms ou les fonctions de ses augustes interlocuteurs, mais c’était toujours la même photo : dans son bureau de secrétaire général ou sur le perron de l’Élysée , Bérégovoy serrait énergiquement la main d’un visiteur, sous-secrétaire d’État aux Choux farcis de la Malaisie ou du Guatemala. Soudain, j’ai commencé à pouffer. Je n’ai pu, hélas, maîtriser la suite et suis parti dans un long fou rire avec tous les inconvénients afférents, les reniflements, les yeux et le nez qui coulent. Trop imbu de sa personne pour imaginer qu’il pût être à l’origine de ce que j’appelai un ‘’malaise’’, pour le rassurer, Bérégovoy m’observait avec un mélange de consternation et de répugnance. Il ne savait pas que, derrière son dos, tout le monde, y compris peut-être Mitterrand, le surnommait «gratte-couille», à cause d’une étrange habitude : glissant régulièrement sa main dans la poche de son pantalon, il remettait à l’intérieur de son caleçon son engin qui avait tendance à se balader.»

Le monde politique est un spectacle où vos amis de votre parti sont plus souvent vos ennemis que l’opposition se plaisait à dire Jean Garon, le ministre mythique de l’agriculture au Québec.

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