SAINT-FRANÇOIS-DE-MADAWASKA, NB, le 24 févr. /CNW/ – Le gouvernement Alward a rejeté une proposition de solution qui aurait permise de stabiliser le système dysfonctionnel de la gestion des approvisionnements de volaille au Nouveau-Brunswick. Le refus d’agir du gouvernement signifie qu’il continue sa mauvaise gestion, et à se désister de sa responsabilité législative, selon le gérant général de Nadeau Ferme Avicole, Yves Landry. Le refus du gouvernement de mettre en place une solution a, selon lui, entraîné la perte de plus de 160 emplois et une dévastation économique pour la petite localité de Saint-François-de-Madawaska, où Nadeau Ferme Avicole est un important employeur depuis plus de 50 ans.
M. Landry soutient que les gouvernements néo-brunswickois précédents ont fermé les yeux pendant que la limite du quota dans l’approvisionnement de poulets de la province qu’un même transformateur pouvait détenir était éliminée. Historiquement, aucun transformateur ne pouvait contrôler plus de 10 pour cent du produit. M. Landry ajoute que le Groupe Westco s’est bâti un cartel de productivité et contrôle, aujourd’hui, près de 80 pour cent des produits, ce qui constitue un niveau de contrôle inégalé au pays.
« Nous exhortons le gouvernement à prendre des mesures pour mettre en place un certain nombre de solutions susceptibles de stabiliser le marché. Si de telles mesures ne sont pas prises, il est évident que le système de gestion de l’approvisionnement de poulets de la province ne fonctionnera plus. Si l’esprit et l’intention de la loi étaient soumis à une surveillance et à une réglementation, comme c’est le cas dans les autres provinces canadiennes, nous n’aurions jamais connu la situation qui prévaut actuellement », a ajouté M. Landry.
Depuis septembre 2009, le Groupe Westco a acheminé les poulets sur lesquels il a maintenant le contrôle vers l’abattoir de son partenaire québécois, Olymel, pour y être traités. « Après avoir fermé les yeux pendant que la situation se détériorait, le gouvernement continue, aujourd’hui, à se tenir à l’écart et il refuse d’intervenir, ajoute M. Landry. En agissant ainsi, il ne fait que récompenser Westco pour ses pratiques commerciales douteuses en voulant priver Nadeau d’un approvisionnement de poulets. Nous ne pouvons ignorer non plus l’indifférence totale de Westco vis-à-vis les conséquences désastreuses, qu’elles soient économiques ou humaines, de ses actions pour une petite localité qui perd autant d’emplois. »
Le directeur exécutif de Maple Lodge Farms, Michael Burrows, croit que le Nouveau-Brunswick devrait regarder ce qui se fait dans les autres provinces pour mieux comprendre ce qui devrait être fait ici. « Les autres provinces adoptent diverses mesures pour assurer une stabilité dans leur gestion de l’approvisionnement et ainsi faire en sorte que les intérêts des intervenants soient bien protégés », a-t-il dit. M. Burrows cite le Manitoba en exemple : « Malgré plusieurs demandes adressées au ministre de l’Agriculture du Manitoba, le Groupe Westco n’a pas été autorisé à dépasser la limite des quotas réglementés. » En Colombie-Britannique, dans une situation qui ressemble à celle du Nouveau-Brunswick, un intervenant s’est joint au secteur de la transformation. Toutefois, la Colombie-Britannique applique des quotas d’approvisionnement aux usines, ajoute-t-il, et cela assure une stabilité.
Nadeau Ferme Avicole a investi des millions de dollars dans un abattoir ultra-moderne en 2002, après qu’un incendie eut ravagé son usine originale. Tout en respectant son engagement de longue date envers la communauté, Nadeau Ferme Avicole a aussi effectué les travaux avec l’attente d’un approvisionnement de poulets stable, tel que le promettait le système de gestion des approvisionnements, a ajouté M. Burrows. « Au contraire, nous devons nous battre pour obtenir les produits, comptant provisoirement sur des poulets de la Nouvelle-Écosse pour garder le plus d’employés possible au travail. » Mais cet approvisionnement viendra bientôt à terme, dit-il, puisqu’un nouvel abattoir doit être construit dans cette province et doit ouvrir ses portes en 2012. Les importations de poulets du Québec et de l’Ontario sont aussi rendues impossibles à cause des moratoires sur l’exportation de poulets imposés dans ces deux provinces afin de protéger leurs propres transformateurs.
Le gouvernement se dérobe de ses responsabilités quand il se contente de décrire l’effondrement du système comme un simple « litige commercial », dit M. Burrows. « C’est un échec du système de gestion et c’est au gouvernement que revient la responsabilité de le remettre sur les rails. Vous auriez bien de la difficulté à trouver quelqu’un qui est familier avec le système qui ne serait pas d’accord qu’un même producteur ne devrait pas être capable d’exploiter la production réglementée du système de gestion pour détruire ou forcer la vente d’une entreprise privée de traitement. »
L’ancien ministre fédéral de l’Agriculture, Lyle VanClief, affirme que les responsables du système national de gestion des approvisionnements et d’autres intervenants ont les lieux rivés sur le Nouveau-Brunswick et sont préoccupés. Il souligne que le Canada a décidé, dans les années 1970, que certains produits devaient être régis par un système de gestion des approvisionnements, ce pour assurer la sécurité de, et l’accès à la chaîne alimentaire du pays. L’interconnexion des lois fédérale et provinciale pour la gouverne du système a mené à un encadrement légal qui assure un dialogue continu. « Mais lorsqu’un partenaire cesse de vous parler, ça ne fonctionne plus. Et c’est ce qui s’est produit ici », dit M. VanClief. « Le Nouveau-Brunswick a mis fin au dialogue. » Il précise, qu’en réalité, le besoin de procurer un approvisionnement continu de produits aux transformateurs n’est plus reconnu ou assuré au Nouveau-Brunswick, ce qui fragilise la possibilité de maintenir une industrie vigoureuse, efficace et concurrentielle – ce qui serait bien au-delà d’un simple secteur de transformation bien au point.
La solution qui a récemment été écartée par le Nouveau-Brunswick, ajoute M. Burrows, prévoyait la mise en place d’un Office de commercialisation des poulets du Nouveau-Brunswick. Cet office verrait uniquement à la commercialisation des poulets après leur sortie des fermes et ferait la gestion de l’allocation des approvisionnements de poulets vivants aux transformateurs de la province et d’ailleurs. Cela s’appelle un pupitre de vente unique. Les offices de réglementation existants conserveraient tous les autres pouvoirs que leur confère leur mandat actuel. « La mise en place d’un tel pupitre de vente unique pour la volaille, avec des pouvoirs appropriés comme ceux que le Nouveau-Brunswick confère déjà au secteur de la dinde, assurerait un approvisionnement adéquat de poulets élevés au Nouveau-Brunswick aux transformateurs néo-brunswickois », ajoute M. Burrows. Il est aussi d’avis qu’un tel pupitre maximiserait la création d’emplois dans l’industrie de la transformation du poulet au Nouveau-Brunswick, et favoriserait le développement d’une industrie de transformation du poulet vigoureuse, efficace et concurrentielle au Nouveau-Brunswick. C’est la formule qui existe présentement dans le système de commercialisation du lait au Nouveau-Brunswick. Le grand avantage de l’approche proposée est qu’elle permettrait de traiter tous les transformateurs de la province de façon équitable. « Par exemple, si Westco devait construire une nouvelle usine, les poulets seraient répartis à parts égales, ajoute M. Burrows. C’est donc une solution juste et équitable qui permettrait de rétablir la stabilité dans le système de gestion des approvisionnements de volaille de la province. »
Source: Yves Landry