LONGUEUIL, QC, le 8 mars /CNW Telbec/ – L’Union des producteurs agricoles (UPA) prend acte du rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) sur le développement durable de l’industrie des gaz de schiste au Québec et félicite les commissaires pour le travail colossal accompli ces derniers mois.
L’UPA considère toutefois que plusieurs questions demeurent sans réponses quant aux impacts environnementaux de cette industrie, à la lumière notamment d’informations inquiétantes parues récemment dans le New York Times. Rappelons à ce sujet que certaines données préoccupantes de l’Environmental Protection Agency (EPA) laissent croire que l’eau utilisée pour fractionner la roche et libérer les gaz contiendrait par la suite des traces importantes de radioactivité. De telles informations sont de nature alarmante pour la santé et la sécurité de nos familles agricoles, chez qui la majorité des projets est prévue. Bien que le BAPE recommande des recherches additionnelles, il reste que nous sommes aujourd’hui sans réponse à ce sujet.
Par ailleurs, comme indiqué directement aux ministres concernés et à l’Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ), l’UPA réitère que l’industrie des gaz de schiste ne saurait aller de l’avant sans l’existence d’une entente globale avec le monde agricole. Soulignons à cet égard que les agriculteurs québécois, comme l’ensemble de la population du Québec, ne toléreront pas un développement effréné, sauvage et anarchique de cette industrie. L’heure est à la conclusion d’une entente-cadre balisant tous les aspects pertinents (financiers, juridiques, sécuritaires, compensatoires, techniques, etc.) et permettant à chaque producteur, à titre de chef d’entreprise, de prendre une décision avec l’assurance que tous ses droits ont été pris en compte. Ajoutons que de telles ententes globales ont aussi le mérite d’engager la responsabilité des promoteurs.
Plus globalement, l’UPA considère que la preuve reste à faire quant aux bénéfices économiques et sociaux des gaz de schiste pour le Québec. En effet, après les discours, les analyses, les commentaires, les mémoires et les rapports, le monde agricole, comme tous les Québécois, attend encore et toujours une réponse satisfaisante à LA véritable question : le jeu en vaut-il la chandelle? Pour l’UPA, la recommandation du BAPE quant à la réalisation d’une étude environnementale stratégique (ÉES) est une démonstration implicite de l’importance de cette question. Il importe de rappeler, dans l’immédiat et à l’aube du dépôt d’un Livre vert sur la future politique agricole et agroalimentaire québécoise, que chaque hectare de terre agricole cédé au développement des gaz de schiste est un hectare en moins pour assurer la souveraineté alimentaire des Québécois. Il y a donc lieu d’être prudent dans l’évolution de cette filière.
Comme indiqué dans son mémoire, les demandes de l’UPA faites auprès du gouvernement du Québec se résument ainsi :
•de s’assurer, études à l’appui, que le développement de l’industrie des gaz de schiste procure sans équivoque des retombées nettes positives à la société québécoise et aux propriétaires fonciers qui en vivront plus directement les inconvénients;
•de mettre en place une réglementation stricte et un processus d’inspection rigoureux pour encadrer les activités liées au développement de l’industrie des gaz de schiste au Québec;
•d’exiger qu’une entente?cadre soit conclue entre l’APGQ et l’UPA afin d’assurer une harmonisation des usages et la remise en état des terres agricoles après la phase d’exploitation. La signature d’une telle entente doit être une condition pour la poursuite des activités d’exploration et d’exploitation en milieu agricole et forestier. Cet accord devra lier l’ensemble des promoteurs impliqués dans le développement de cette industrie, les responsabiliser à l’égard de leurs activités et installations et dégager de toute responsabilité les propriétaires fonciers qui reçoivent ces installations;
•de s’assurer que l’ensemble des propriétaires fonciers touchés par les activités entourant le développement de l’industrie des gaz de schiste soit adéquatement indemnisé pour les inconvénients subis;
•d’exiger de l’industrie une planification du déploiement géographique de cette filière, et ce, en toute transparence afin de minimiser l’impact du développement de l’industrie des gaz de schiste sur les milieux agricoles et forestiers;
•de faire en sorte que l’exploitation du gaz de schiste au Québec entraîne une plus grande disponibilité du gaz naturel dans les régions rurales.
Source: Éliane Hamel