La conservation des sols est la pierre angulaire de la santé des terres agricoles

La réussite de cette ferme néo-brunswickoise est bâtie sur le succès de la gestion de ses sols

Robert Thériault a commencé à cultiver en 1976 à Drummond, Nouveau- Brunswick, près de la frontière américaine de l’État du Maine. En 1979, il a décidé de se spécialiser dans la production de grains de semence et, en 2003, son fils Éric s’est joint à l’exploitation agricole, ce qui a mené à l’incorporation de « Grains de l’Est Inc. ». De nos jours, Grains de l’Est Inc. est bien connue dans la région pour sa production, sa transformation et la mise en marché de grains de semence et de plantes oléagineuses de qualité pour les fermiers des Maritimes, du Maine, et du Québec. La mission de Grains de l’Est Inc. est d’assurer la satisfaction du client en offrant des produits et des services de meilleure qualité.

« Le sol est la pierre angulaire de l’agriculture et de la production alimentaire, » déclare Thériault. « Si votre sol est en santé, vos cultures seront en santé et votre productivité et profitabilité s’améliorerons. Les systèmes de rotation des cultures et les pratiques de conservation des sols sont les éléments clés de la santé et de la productivité du sol. On ne peut pas s’attendre à retirer du sol ce que l’on ne lui a pas retourné. C’est un processus d’échange continuel. Les micro-organismes dans le sol doivent être nourris afin de maintenir et améliorer la productivité des sols et des cultures. La matière organique dans le sol et le bon niveau de pH aident à retenir les nutriments en nourrissant la culture et en réduisant le risque de lessivage des nutriments dans l’eau souterraine ou dans l’environnement. »

La famille Thériault a commencé à évaluer la santé de ses sols en effectuant des échantillons et des analyses de sol à chaque année ou deux, selon le système de rotation des cultures. Les échantillons de sol en disent beaucoup concernant le sol ; des facteurs tels que le montant de matière organique, le pH du sol et l’état des nutriments dans le sol. Il croit qu’il est important d’appliquer seulement le montant nécessaire de nutriments dont la culture a besoin.

Pratiques de conservation

Grains de l’Est Inc. a mis en oeuvre plusieurs pratiques de conservation au fil des ans. Les terres agricoles du haut de la rivière St. Jean, au Nouveau-Brunswick, sont largement ondulées. Sous d’intenses précipitations sous forme d’orages ou de pluies torrentielles, ces terres sont soumissent à des grand risques d’érosion hydrique et de pertes de sols vers les vallées et les cours d’eaux. Ceci occasionne la dégradation de la structure et de la fertilité du sol. En l’absence de mesures appropriées de conservation des sols, la qualité de l’eau peut être affectée dans différents bassins versants. Afin de combattre l’érosion du sol et réduire la dégradation des sols, des terrasses de canalisation, ainsi que des voies d’eau gazonnées ou enrochées ont été installées sur 340 acres (136 ha) de terre protégée pour fins de conservation. Des structures additionnelles visant à améliorer la productivité des terres et éviter la compaction des sols, tels que des réseaux de drainage souterrains, ont été installés sur 200 acres (80ha).

Au fil des années, Grains de l’Est Inc. a introduit ses pratiques de rotation en faisant des échanges de terres avec des producteurs de pommes de terre de sorte à encourager les pratiques de rotation des cultures dans la région de Drummond. La rotation des cultures est importante pour le contrôle des espèces nuisibles et pour briser le cycle des maladies. Selon sa disponibilité, le fumier de volaille est utilisé comme engrais organique. Les cultures de céréales sont également sous-ensemencées avec une culture fourragère. Ces pratiques augmentent la matière organique dans le sol, réduisent le besoin d’engrais chimiques et améliorent la structure du sol.
Afin de réduire les multiples travaux des sols, Grains de l’Est Inc. a acheté un semoir qui leur permet de préparer d’une seule passe la couche supérieure qui va recevoir la semence dans les champs de pommes de terre. L’ensemencement en une seule passe, de concert avec les autres pratiques de conservation du sol, réduit l’érosion du sol, les gaz à effet de serre, la consommation d’énergie, ainsi que la main-d’œuvre, tout en diminuant la détérioration de la matière organique dans le sol.
Leadership en agriculture

Non seulement Robert Thériault est-il un leader dans l’agriculture de conservation, mais il est également un leader actif au niveau agricole et communautaire au Nouveau-Brunswick. Il a siégé sur plusieurs conseils agricoles et il a reçu de nombreux prix pour son leadership. Il a été président de la Fédération des agriculteurs et agricultrices francophones du N.-B., ancien président de l’Alliance agricole du Nouveau-Brunswick et membre de la Table ronde du Premier ministre sur l’agriculture.

Plus récemment, il a siégé comme membre du Conseil d’administration du Centre de Conservation des sols et de l’eau de l’Est du Canada, œuvrant pour la mise sur pied d’un nouveau Centre de technologie appliquée pour le Canada Atlantique. En 2006, Thériault a reçu un Prix pour l’innovation de la Société du crédit agricole, ainsi que le Prix du Leadership de l’IANB 2010 de l’Institut des agronomes du Nouveau-Brunswick.
Compétition pour les terres agricoles

Thériault comprend que la gestion des sols au niveau de la ferme fait partie de l’ensemble bien plus vaste de notre capacité d’utiliser les terres agricoles de sorte que l’on puisse assurer la disponibilité des produits agricoles pour les générations futures.
« Les terres arables sont limitées à l’échelle planétaire, » ajoute Thériault. « Les populations augmentent. La capacité de production des aliments diminue dans plusieurs régions avec compétition pour l’utilisation des terres. Les sols perdent graduellement leur capacité de production dans plusieurs régions du monde. La faible profitabilité des exploitations agricoles et le besoin de survivre dans le secteur agricole peuvent la conduire a l’épuisement et à la capacité productive de nos sols. Tout ceci se produit au même moment que les besoins alimentaires du monde augmentent continuellement et que les ressources diminuent. »

« Il est de plus en plus difficile pour les fermiers de conserver leur ressources de sols et d’eau limitées, tout en produisant une abondance d’aliments de haute qualité, » explique-t-il.

« Conserver la santé de nos sols est perçu comme étant le plus grand défi pour assurer une production durable. Il nous faut nourrir le monde, gérer des ressources limitées en matière de sols et d’eau, ainsi que protéger l’environnement. La terre appartient à l’humanité et à tous les humains qui y vivent, elle en assure leur survie. »

Source: Jean-Louis Daigle

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