L’assainissement des cours d’eau en milieu agricole est un problème collectif dont les causes font consensus certes, mais dont la solution doit être également collective, a déclaré hier M. Jacques Houle, directeur de la Fondation des lacs et rivières du Canada qui tenait à Saint-Hyacinthe un premier Forum sur les bandes riveraines.
Dans ce contexte, la Fondation endosse entièrement la proposition de M. Thomas Mulcair, ancien ministre de l’Environnement et leader du NPD au Québec, qui en appelle aujourd’hui, dans une entrevue accordée à un quotidien montréalais, à la création d’un programme fédéral-provincial de lutte contre l’érosion des berges sur les cours d’eau, l’une des causes importantes de la pollution diffuse en milieu agricole.
Ce problème de financement ainsi que la lourdeur administrative auxquels sont confrontés les producteurs agricoles qui veulent intervenir pour améliorer la qualité de l’eau ont également été soulignés par un grand nombre de participants au Forum. « Dès qu’un producteur agricole veut poser un geste pour améliorer la qualité de l’eau, il doit passer au travers d’un processus compliqué pour obtenir les autorisations nécessaires auprès des nombreuses instances qui interviennent dans le domaine. Il y aurait lieu de voir comment on peut simplifier le processus et bonifier les programmes », a précisé M. Daniel Bernier, agronome à l’UPA.
« Il faut également prévoir une compensation pour les agriculteurs qui veulent poser un geste en faveur de l’environnement. En effet, des mécanismes de rétribution des biens et services environnementaux sont à prévoir, non seulement pour la végétalisation des bandes riveraines mais également pour tous les aménagements hydroagricoles qui seront nécessaires pour assurer l’assainissement des cours d’eau », a poursuivi M. Bernier.
La résist
ance des producteurs agricoles découle du fait que la conservation de bandes riveraines leur fait perdre environ 1 % de superficie cultivable et qu’une bande sous couvert végétal naturel exige des travaux d’entretien. Les bénéfices collectifs qui seraient obtenus pour la société en termes d’amélioration de la qualité de l’eau causent des préjudices privés de nature économique et opérationnelle aux propriétaires riverains. Ceux-ci réclament donc des compensations financières de l’État pour conserver des bandes végétatives le long des cours d’eau.
Le Forum qui a attiré quelque 200 participants a donné la parole à des représentants de tous les milieux concernés par le problème de l’érosion des berges : MRC, municipalités, organismes de bassin versant, UPA, ministère de l’Environnement, du Développement durable et des Parcs (MDDEP), ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), chercheurs et étudiants des principales universités québécoises, IRDA, ITA, entreprises privées, syndicats, coopératives, groupes conseils en agroenvironnement, de même que de nombreux producteurs agricoles et de simples citoyens préoccupés par la protection de la qualité de l’eau.
Un vaste chantier en perspective
Le Québec compte plus de 40 000 kilomètres de cours d’eau en milieu agricole. La Politique de protection des rives, du littoral et des plaines inondables instaurée en 1987 par le gouvernement du Québec est appliquée par les schémas d’aménagement des municipalités régionales de comté (MRC) auxquels doivent adhérer les plans d’urbanisme des municipalités. La largeur des bandes riveraines est modulée selon l’occupation du territoire (milieu urbanisé, forestier, agricole ou de villégiature). En milieu agricole, une bande riveraine d’une largeur minimale de un mètre doit demeurer non-perturbée le long de tous les cours d’eau. Aujourd’hui, constate monsieur Houle, environ une entreprise agricole sur deux conserve une bande riveraine adéquate et il faudra probablement encore beaucoup de persévérance, ou un cadre légal plus coercitif, pour atteindre le plein respect des dispositions de la Politique.
La bande de protection riveraine vise à stabiliser les abords du cours d’eau, à filtrer une partie des sédiments et des nutriments entrainés par l’érosion de surface et à conserver un corridor de biodiversité entre les milieux aquatiques et terrestres. La finalité ultime de cette bande tampon est de protéger la qualité des eaux de surface.
Pour en savoir plus sur la Fondation, vous pouvez contacter son directeur, M. Jacques Houle au 450-773-8000 ou au 819-820-4982. Vous pouvez également consulter le site internet : http://fondationdeslacsetrivieresducanada.ca.
Source : Francine Saint-Laurent