LONGUEUIL, QC, le 20 juin 2011 /CNW Telbec/ – C’est en ces termes que des entreprises, des organisations agricoles et de la société civile du Québec joignent leurs voix à celles d’organisations d’agriculteurs d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe qui ont lancé cet « appel à la cohérence » à Bruxelles, ce matin, à la veille de la réunion des ministres de l’Agriculture du G20 (voir sur: http://www.producteurslaitiers.ca/salle-de-presse/nouvelles).
Cet appel à une plus grande cohérence entre les droits de l’homme et les accords commerciaux s’adresse aux gouvernements et parlements du monde afin qu’ils s’engagent à conclure des ententes équitables qui tiendraient compte de considérations non commerciales et compatibles avec leurs autres engagements internationaux vis-à-vis les droits humains fondamentaux. « Il doit y avoir une plus grande cohérence entre ce qui se passe à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les buts et objectifs poursuivis dans d’autres forums internationaux. Nous considérons que les principes de négociation actuels à l’OMC ne respectent pas les normes internationales et les engagements juridiques déjà convenus par les États qui en sont membres », affirment les signataires de la déclaration.
Les ministres de l’Agriculture du G20 se réuniront à Paris les 22 et 23 juin pour discuter, notamment, des moyens à prendre pour brider la volatilité des prix des denrées agricoles sur les marchés mondiaux et assurer la sécurité alimentaire des populations. Bien qu’endémique dans plusieurs régions du monde, la crise alimentaire s’est aggravée en 2008, plongeant plus d’un milliard de personnes dans la faim. Plusieurs des pays les plus durement touchés sont ceux qui, souvent sous la pression du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, ont libéralisé leur commerce agricole au prix de l’abandon de leurs cultures vivrières. La récente flambée des prix des denrées replace cet enjeu au cœur des préoccupations de la communauté internationale. Or, malgré les crises agricoles et alimentaires, malgré l’impasse actuelle dans les négociations de l’OMC, le G20 et les grandes institutions internationales ne semblent pas remettre fondamentalement en cause cette politique de libéralisation et d’ouverture des marchés agricoles et alimentaires.
« L’alimentation est pourtant indispensable à la vie humaine et les aliments ne peuvent être traités comme n’importe quel autre produit. Il faut donc tempérer la libéralisation du commerce par la nécessité de donner aux agriculteurs de tous les coins du monde les moyens et les incitations économiques qui leur permettront d’exploiter de façon durable leur potentiel de production », poursuivent les signataires dans le texte de l’appel à la cohérence.
Pour atteindre cet équilibre et cette cohérence, les organisations agricoles signataires considèrent que les principes fondamentaux suivants doivent être pleinement reflétés dans le résultat des modalités agricoles convenues autant à l’OMC que dans tout autre accord commercial multilatéral ou bilatéral :
•Tous les pays doivent avoir le droit de produire pour leur consommation intérieure afin d’améliorer leur niveau d’autosuffisance alimentaire et d’assurer leur sécurité alimentaire, incluant le recours à des mesures tarifaires.
•Les règles commerciales doivent tenir compte de mesures politiques, y compris la gestion de l’offre, qui promeuvent la stabilité de l’approvisionnement et des prix alimentaires.
•Le renforcement des capacités et le traitement spécial ou différencié accordé aux pays en développement doivent permettre à ces derniers de répondre aux véritables préoccupations des petits agriculteurs, plus vulnérables, et dont les ressources sont modestes.
•Tous les pays devraient avoir le droit de respecter les préoccupations non commerciales de leurs citoyens, y compris la sécurité alimentaire, l’environnement, le bien-être des animaux et les besoins des régions rurales, de manière à promouvoir une agriculture durable, à contribuer à la lutte contre les changements climatiques et à protéger la diversité.
Les organisations québécoises signataires de l’appel à la cohérence sont : André D. Beaudouin, UPA Développement international; David Bergeron-Cyr, Fédération du commerce CSN; Louis Bolduc, Conseil provincial TUAC (Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce); Alain Bouchard, Fédération des coopératives d’alimentation du Québec; Jean-Paul Bouchard, Éleveurs de volailles du Québec; Paulin Bouchard, Fédération des producteurs d’œufs de consommation du Québec; Christian Breton, Association québécoise des industries de nutrition animale et céréalière; Jean-Paul Faniel, Coalition pour la souveraineté alimentaire; Marcel Groleau, Fédération des producteurs de lait du Québec; Gérald Guérin, Association des transporteurs de lait du Québec; Christian Lacasse, Union des producteurs agricoles; René Lachapelle, Groupe d’économie solidaire du Québec; Daniel Lefebvre, Valacta; Gervais L’Heureux, Association québécoise des organismes de coopération internationale; Gyslain Loyer, Syndicat des producteurs d’œufs d’incubation du Québec; Yves Mathieu, Mouvement Desjardins; Nancy Neamtan, Chantier de l’économie sociale; Réjean Parent, Centrale des syndicats du Québec; Christian Payeur, Fondation Monique-Fitz-Back; René Mongeau, Ordre des agronomes du Québec; Normand Renaud, Centre d’insémination artificielle du Québec; Denis Richard, La Coop fédérée, Conseil québécois de la coopération et de la mutualité; Serge Riendeau, Agropur Coopérative; Christian Trottier, Les Couvoiriers du Québec inc.; Jean-Pierre Vaillancourt, Groupe de recherche en épidémiologie des zoonoses et santé publique.
Source: Éliane Hamel