Développement durable : entre rentabilité et protection de l’environnement

Le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation, M. Pierre Corbeil, a récemment déposé le livre vert pour une politique bioalimentaire. Ce secteur, qui inclut l’agriculture, les pêcheries, la transformation alimentaire et l’alimentation, est stratégique pour le Québec : il se prépare près de 24 millions de repas par jour grâce au secteur bioalimentaire qui emploie 475 000 Québécois.

Le livre vert est un document d’orientation, une proposition du gouvernement soumise à l’examen de l’Assemblée nationale. Il s’inscrit dans la foulée du rapport de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire québécois et a été préparé après plusieurs consultations avec le milieu.

Ce projet place le produit au cœur de la future politique bioalimentaire. Il a donc été bâti autour des besoins du consommateur d’ici et d’ailleurs. Essentiellement, il vise à orienter l’industrie bioalimentaire pour que les produits disponibles répondent à leurs besoins et leurs attentes : qu’ils respectent l’environnement, soient bons pour la santé et favorisent le développement économique du Québec. Pour y parvenir, trois orientations ont été retenues : distinguer les produits alimentaires québécois, renforcer la capacité concurrentielle des entreprises bioalimentaires québécoises et valoriser l’environnement et le territoire.

Le livre vert montre bien que les impératifs économiques et environnementaux sont étroitement interreliés. En fait, la rentabilité de l’industrie et la richesse qu’elle peut créer pour le Québec passent par des pratiques de production et de commercialisation vertes, puisque celles-ci sont de plus en plus exigées par les consommateurs québécois et par les marchés extérieurs où nous exportons nos produits. Bref, nous vendrons davantage de ceux-ci parce que nous serons écoresponsables dans l’industrie bioalimentaire.

Des études confirment cette affirmation. Ainsi, un sondage SOM de 2009 a révélé que 72 % des Québécois sont inquiets des possibles effets négatifs des pratiques agricoles sur l’environnement. Une autre enquête, de Léger Marketing (2010), montre que pour un Québécois sur cinq, la préoccupation environnementale et l’atténuation de l’empreinte écologique constituent les premiers critères d’achat pour privilégier un produit québécois. Nul doute qu’au fil des ans, ces chiffres augmenteront.

Dans ce contexte, le fait que le livre vert mette les attentes du consommateur – donc le produit qu’il souhaite consommer – au premier plan de la politique bioalimentaire est révélateur de notre souci de considérer le respect de l’environnement comme allié de la rentabilité de l’industrie et de la création de richesse.

Une gestion environnementale proactive va souvent de pair avec l’amélioration de la gestion globale de l’entreprise. Au-delà du respect des normes réglementaires, les entreprises du secteur bioalimentaire peuvent adopter des modes de production écologique et contribuer à générer des bénéfices environnementaux pour l’ensemble de la société, tout en mettant sur les marchés des produits à valeur ajoutée. Il s’agit donc d’un outil de compétitivité indéniable.

Par ailleurs, en toute cohérence, le gouvernement veut appliquer le principe de l’écoconditionnalité à chacun des programmes destinés aux entreprises bioalimentaires. C’est pourquoi celles-ci verront à respecter les normes environnementales pour profiter des programmes qui leur sont destinés.

Finalement, dans le but de préserver la capacité des générations futures de se nourrir, le livre vert réaffirme le caractère exceptionnel du territoire agricole et la volonté de préserver ce patrimoine collectif. Il importe que ce territoire continue d’être habité et mis en valeur par les entreprises agricoles. Il doit permettre une diversité de modèles d’entreprises et l’émergence d’activités agricoles à plus petite échelle, notamment l’agrotourisme.

La mise en valeur de la zone agricole est encore la meilleure façon d’atténuer les pressions de l’urbanisation tout en contribuant à la vitalité des territoires. Cette mise en valeur peut se faire, entre autres, dans le cadre de plans de développement de la zone agricole. Elle peut également s’appuyer sur la multifonctionnalité de l’agriculture qui reconnaît l’apport de cette activité au bien-être des communautés rurales bien au-delà de sa seule fonction productive.

Les questions de rentabilité et d’environnement, loin de s’opposer, vont de pair et sont indissociables. Bien sûr, les défis à relever sont importants, mais le livre vert pour une politique bioalimentaire nous donnera les outils nécessaires pour les relever.

Source: Hélène Bourret

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