Par Annie Cloutier
Entré en fonction le 1er décembre 2011 comme président de l’Union des producteurs agricoles du Québec. Après avoir été président de la Fédération des producteurs de lait du Québec pendant presque 8 ans. Marcel Groleau, reconnaissant l’utilité de s’exprimer dans tous les médias agricoles, nous a accordé une entrevue exclusive. En voici les grandes lignes.
Quelles sont vos priorités pour votre prochain mandat ?
Mon objectif est que le secteur agroalimentaire demeure productif ou profitable pour tous les acteurs du milieu. Pour ce faire, nous devrons travailler en filière et développer des liens étroits avec les acheteurs. Je prends par exemple tout ce que nous avons développé au sein de la FPLQ durant les dernières années : entre autres, créer des classes de lait, développer les marchés des fromages fins, développer le secteur du lait bio et la mise en place du réseau Valacta. C’est ce type de changements que je veux instaurer en étant président de l’UPA, mais cette fois, avec l’ensemble des productions animales et végétales. Ce qui me tient vraiment à cœur, c’est que la population québécoise reconnaisse le milieu agricole à sa juste valeur. Autrement dit, je veux que le public soit fier dans notre industrie agroalimentaire au même titre que les citoyens sont fiers du secteur de l’hydroélectricité, par exemple. Notre industrie représente 120 000 emplois directs au Québec.
(Encadre)
“Je n’ai pas de problèmes avec ceux qui veulent se partir une structure indépendante. S’ils ont une raison valable, qu’ils le fassent.“ Marcel Groleau
En effet, l’image a été ternie au cours des dernières années ? Certains s’opposent même au monopole de l’UPA.
Je n’ai pas de problèmes avec ceux qui veulent se partir une structure indépendante. S’ils ont une raison valable, qu’ils le fassent. Mais si ce qu’ils veulent faire est de proposer certains changements, et bien qu’ils viennent s’assoir avec nous. Au Québec, les gens se positionnent souvent par opposition aux autres au lieu de former une véritable union. Ainsi, les producteurs qui s’opposent à l’UPA se donnent une voix par opposition. Nous avons déjà une structure en place. Alors, ceux qui sont en désaccords devraient proposer des changements à l’intérieur même de cette structure. Je pense aussi que les gens qui se révoltent et avancent des propos non fondés ne font qu’envenimer la situation. Bien que la critique soit nécessaire pour s’améliorer, elle doit être faite de façon intelligente et s’appuyer sur des arguments solides. Tout démolir par la voie publique ne fait que renforcer les oppositions. Je pense que l’on devrait plutôt s’unir.
Qu’est-ce que L’UPA compte réaliser pour développer les marchés ?
Je pense que les producteurs et les transformateurs doivent travailler de concert pour permettre aux consommateurs d’accéder aux produits désirés. Le gouvernement du Québec a mis un certain montant d’argent pour les développements des filières. Quand je parle de filières, je veux dire les différentes étapes d’une même production de la terre à la table. Il s’agit des plans de développement sectoriel où chaque section décidera de ce qu’elle compte faire avec ces portefeuilles. Ces plans de développements sectoriels sont en place depuis déjà quelque temps et travailler à partir des filières est une formule gagnante.
Que pensez-vous de l’établissement de la relève agricole au Québec, notamment en ce qui concerne les productions contingentées?
D’abord, il n’y a pas de problèmes de relève au Québec, car il y a beaucoup de jeunes qui sont intéressés par l’agriculture. Le vrai problème est que plusieurs fermes ne sont pas rentables. Quand on compare l’établissement des jeunes dans les productions contingentées versus celles qui ne le sont pas, on voit qu’il y a davantage des possibilités dans les secteurs contingentés. En effet, elles permettent d’avoir une sécurité de revenus et un accès plus facile au crédit. En ce qui concerne les autres secteurs, la stabilité financière est plus difficile à garantir.
Que comptez-vous faire pour les productions animales comme celles du porc, du bœuf et de l’agneau ?
Disons que les critères de l’assurance stabilisation vont encore se resserrer. Par conséquent, les entreprises devront miser sur une grande productivité et une grande efficacité pour survivre. Les producteurs de porcs ont traversé des périodes difficiles. Je crois à ce sujet que La Financière agricole du Québec a sous-estimé les changements qu’ils ont apportés au programme d’assurance stabilisation. Cela s’est effectué de façon rapide et ils n’ont pas pris le temps de mesurer adéquatement l’impact de tous ses changements.
Vous qui misez beaucoup sur la mise en marché collective, comptez-vous en développer pour les productions non contingentées?
Il existe une agence de mise en marché de l’agneau au Québec. Pour ce qui est du porc, une telle agence a déjà existé. Toutefois, les producteurs porcins misent davantage sur le développement d’un processus de garantie d’approvisionnement. Ce processus peut être des ententes prises entre les abattoirs et les producteurs. Par exemple, les entreprises s’engagent à fournir un nombre déterminé de porcs par année.
Que pensez-vous de la robotisation des entreprises ? Est-ce la voie de l’avenir ?
Je pense que l’automatisation va se poursuivre dans plusieurs types d’entreprise pour compenser le manque de main-d’œuvre. Cela est très intéressant pour la relève, car les entreprises pourront augmenter leur efficacité. Par contre, c’est dommage que l’automatisation en agriculture se fasse après la plupart des entreprises du Québec. C’est la rentabilité des fermes qui a retardé l’intégration de l’automatisation. Aujourd’hui, le cout des robots de traite est à la baisse. Cela va se poursuivre et deviendra plus accessible, selon moi. De même que toutes les nouvelles technologies et applications informatiques pouvant être appliquées dans les champs.