La fermeture de l’abattoir de Levinoff-Colbex soulève beaucoup de questions dans la classe agricole. Plusieurs se demandent comment on en est arrivé là ? Qui va payer la note, et que va-t-il arriver au marché de la vache de réforme si l’on a plus d’abattoirs ? Toutes sortes de réponses sont données, mais peu semblent satisfaire les producteurs.
Il est sûr que le promoteur, le gouvernement et l’UPA sont dans ce dossier du même côté de la clôture. Difficile alors d’avoir quelqu’un qui pose les vraies questions et qui cherche à avoir de bonnes réponses. Il est important pour l’avenir, de connaitre ce qui s’est passé et d’en tirer des leçons, car les producteurs ont besoin de commercialiser correctement leurs vaches de réforme.
Il est bon de rappeler que suite à la découverte d’un cas de maladie de la vache folle dans l’Ouest canadien en 2003, l’exportation de viande de bœuf et de bovins cessa. Cette situation plongea la filière bovine dans une profonde crise. Au Québec, le marché de la vache de réforme s’écroula, les producteurs ne recevaient rien pour leurs animaux de réforme. Il arrivait même que l’on reçoive une facture lorsque l’on vendait une vache de réforme.
L’idée d’achat d’un abattoir par les producteurs semblait être une solution à ce grave problème de vente d’animaux de réforme. Le projet s’est réalisé, mais l’on constate, aujourd’hui que cela ne s’est passé comme on le voulait. Pourquoi?
La commercialisation de la vache de réforme est complexe, souvent les producteurs sont à la merci de grands groupes qui dictent leur prix faute de concurrence. Suite au fiasco de l’abattoir Levinoff-Colbex, il va être difficile soit pour le gouvernement, ou pour l’UPA de proposer des solutions pour permettre une commercialisation qui aura l’appui d’une majorité de producteurs. Tout simplement parce que ceux-ci ne savent pas ce qui s’est passé réellement dans le dossier de Levinoff-Colbex. Cette perte de confiance, plus que justifiable, risque de couter des centaines de millions aux producteurs dans les prochaines années.
Dans des dossiers tels que celui de l’abattoir de Levinoff-Colbex, il serait opportun qu’un organisme indépendant de l’UPA et du Gouvernement puisse enquêter sur ce qui s’est passé. Afin de répondre aux questions et permettre à tous de repartir sur des bases de confiance. Sans cela ce dossier va tomber dans l’oubli, en laissant un gout amer.
Yan Turmine