Au Québec, on n’est pas habitué aux gouvernements minoritaires. Il y en a eu un au 19e siècle, un autre en 2007 jusqu’en décembre 2008 et puis un autre en 2012. La survie des gouvernements minoritaires n’est pas longue; habituellement jusqu’à ce que les partis en présence aient la marge de manœuvre pour faire face à de nouvelles élections.
Pour les libéraux, cela voudra dire le temps de faire un congrès pour choisir un nouveau chef et le temps nécessaire pour le faire connaitre comme chef par la population de même que ses orientations.
Pour la Coalition Avenir Québec, son rôle sera plutôt de se positionner comme parti composé à moitié de fédéralistes et à moitié d’anciens souverainistes et de se bâtir une position parlementaire cohérente sans se diviser
Quant au gouvernement du Parti Québécois, il appartiendra à la première ministre d’abord de former un Conseil des ministres sans tomber dans un nombre exagéré de ministres comme cela avait été le cas sous Bernard Landry. J’ai toujours pensé qu’un nombre de 20 ministres était suffisant au Québec. Je me rappelle d’avoir participé à un débat à la radio avec Daniel Johnson il y a plusieurs années. Quand j’avais émis cette opinion qu’un nombre de 20 ministres serait suffisant, il avait acquiescé à cette déclaration. Et j’ai constaté quelques années plus tard lorsqu’il deviendra premier ministre qu’il avait nommé 20 ministres dans son cabinet. Il avait vraiment dit ce qu’il pensait et il l’a fait.
Lors de la présentation de son Conseil des ministres, le premier ministre à l’habitude de dire s’il confie un mandat particulier à la personne qu’il nomme. C’est l’occasion de savoir avant le discours du budget ou le discours inaugural ce que ce ministre aura à faire de précis dans ce nouveau Conseil des ministres et dans sa charge de ministre.
Avec trois partis politiques, chacun avec près du tiers du vote, il ne sera pas facile de faire passer les projets de lois à l’Assemblée Nationale, surtout à partir du moment où un parti d’opposition aura décidé qu’il est prêt à aller en élections, et quand il y en aura deux, ce sera rapidement des élections.
En attendant, le parti au pouvoir et les partis d’opposition seront condamnés à vivre ensemble et à faire des consensus. Cela prendra de la souplesse, mais surtout que le gouvernement fasse des choix acceptables par les autres qui normalement devraient collaborer si le gouvernement fait les bons choix pour lui et pour les autres.
Le plus difficile, ce sera de faire un budget équilibré avec de bonnes perspectives économiques–l’objectif d’un budget équilibré est souhaité par tous les partis, mais cela ne veut pas dire qu’il sera facile à faire. D’où viendront les revenus et où iront les dépenses du gouvernement? Les dépenses de santé et d’éducation comptent de loin pour la plus grande partie des dépenses: il faudra donc que ces ministres sachent compter.
À l’éducation, le ministre devra être capable de voir si les dépenses des universités sont bien ciblées et raisonnables, car elles sont bien capables de gaspillage et de mauvais choix comme les dernières années l’ont démontré avec l’Ilot Voyageur à Montréal qui a coûté des centaines de millions de dollars inutilement gaspillés à cause de mauvais choix faits par l’Université. Jean Charest qui avait deux ex-recteurs parmi ses députés en a nommé un ministre pendant peu de temps mais ils ont passé tous deux presque tous leurs mandats de députés sur le banc. C’est le jugement que Jean Charest avait fait en gardant ses ex-recteurs sur le banc. Il avait compris qu’être recteur, ce n’est pas une qualification qui démontre la capacité de jugement et d’administration assurée dans la gestion du gouvernement.
Le nouveau gouvernement du Parti Québécois comprend plusieurs députés provenant des régions à l’extérieur de Montréal et de Québec. Cela devrait paraitre dans les choix et les priorités du nouveau gouvernement et les choix appuyés par les partis d’opposition à condition que tout ce beau monde politique réussisse à s’accorder.
Pour rejoindre Jean Garon: jeanrgaron@videotron.ca