Le gouvernement Marois a décidé de rembourser immédiatement une vingtaine de millions de dollars rattachés au programme de L’ASRA aux producteurs du Québec ( dont 9 millions pour les producteurs de porcs). Le nouveau ministre de l’Agriculture François Gendron a demandé à la Financière Agricole de verser directement aux entreprises agricoles cette somme importante “ dans un contexte où elles ont à subir la hausse du prix des grains“. L’histoire ne disait pas par contre dans le communiqué quelle était la répartition entre les agriculteurs indépendants et les intégrateurs ( voir le texte de notre journaliste Jean-Pierre Lemieux dans cette édition en page 7). Certaines sources dans le milieu nous disent déjà qu’avec 9 millions de remboursement aux producteurs de porcs, on parle d’une goutte d’eau dans un océan alors que le programme de soutien à la production porcine risque de coûter aux alentours de 300 millions de dollars cette année. Mais le problème de fond, à en croire l’ancien ministre de l’agriculture Jean Garon ( voir sa chronique en page 6 ou sur le web) tient dans le fait que les choix politiques actuels ne différencient pas les producteurs indépendants des intégrateurs. Lorsque l’on sait que les intégrateurs représentent presque 80 % du marché dans le porc est-ce à dire que le gouvernement péquiste cautionne tout comme le gouvernement libéral des subventions de plusieurs millions de dollars à quelques grandes familles agricoles qui assurent une agriculture verticale en étant fournisseurs, producteurs, transformateurs et distributeurs ? C’est peut-être un choix économique rentable en terme d’emplois pour le Québec mais le nouveau ministre Gendron devra se positionner. Chose certaine, s’il soutient la même politique que les libéraux il serait à mille lieues de Garon et de René Lévesque qui lui doit bien se retourner dans sa tombe !
La fin du monopole syndical, qu’en dit le ministre Gendron ?
Dans les dernières années c’est essentiellement l’Union Paysanne qui a été identifiée comme l’organisation demandant la fin du monopole de l’UPA. Aujourd’hui c’est clairement aussi le Conseil des entrepreneurs agricoles. En élisant Jacques Cartier (ancien président d’Agropur de 1992 à 2002), comme président, le Conseil des entrepreneurs agricoles (CEA) dit ouvertement chercher à briser le monopole syndical de l’UPA. Le nouveau président qui succède à Gilles Brouillard parle au nom de 2500 producteurs. Nul doute que tous les décideurs politiques devront maintenant compter sur le CEA. Le message semble clair et les politiciens devront s’y faire. Le ministre Gendron devra répondre lui aussi à la question : Un monde moderne peut-il empêcher le pluralisme syndical en agriculture alors qu’il est une réalité dans tous les autres secteurs économiques au Québec ?
Yannick Patelli