La multinationalisation des coopératives agricoles serait-elle la solution pour les pays du tiers monde ?

Najib Moutia collaboration spéciale

Est-ce une coïncidence? Au moment où se tenait le sommet international des coopératives à Québec (qui a lieu du 8 au 11 octobre 2012), était annoncé un partenariat entre la plus grande coopérative agricole québécoise et son homologue indienne pour la construction d’une usine d’engrais (urée) au Canada.

Outre cet heureux événement, dont la paternité ne peut être légitimement attribuée à ce Sommet, j’ai pu constater, avec déception, la faible représentation des pays du sud ! Pourtant, ce sont justement ces pays-là qui ont le plus besoin de s’approvisionner en ‘’armes’’ modernes de gestion pour permettre à leurs traditionnelles et timides coopératives agricoles de mieux se défendre dans l’impitoyable jungle du commerce international.

Les interventions de ce sommet, en somme toutes plus brillantes les unes que les autres, ont montré en fait que plus on est riche, fort et instruit, plus il est facile de s’associer pour devenir encore plus riche, plus fort et plus instruit. Les compagnies d’assurances, les Institutions financières et autres grands groupements fortunés du Nord se sont tous succédés à la tribune pour l’expliquer. Même des distributeurs américains d’électricité se sont associés pour troquer leur excès de courant et éviter de le vendre à moindre coût au réseau national, ce que leurs homologues québécois parait-il ne peuvent pas faire.

Lors de ce sommet, il a été avancé aussi que les coopératives ont le plus résisté aux crises économiques. Ne serait-ce pas parce qu’elles échappent aux spéculateurs? Ne dit-on pas d’elles ’’qu’elles constituent la plus grande démocratie au monde’’
J’ai pu également constater, pour les avoir longtemps approvisionnés en fertilisants, ce que les coopératives agricoles Néo-Zélandaises ont pu réaliser pour leurs fermiers membres et pour leur pays.

J’avais tenté, en vain, de contribuer à importer ce savoir-faire dans un pays du sud où les fermiers ne sont ni aussi riches ni aussi forts ni aussi instruits que ceux de la Nouvelle-Zélande.

Un conférencier a même tiré la sonnette d’alarme.’’ Si, aujourd’hui, on compte 0.5 Ha de terre arable par habitant, ce chiffre ne sera que de 0.8 en 2050.’’
En visitant récemment un certain nombre de pays d’Afrique, j’ai pu voir toutes ces terres fertiles bradées à des multinationales ou à des fonds d’investissement, aux fonds bien souvent douteux, dont la seule motivation est de mettre la main sur de nouveaux champs et sur de fertiles vergers pour nourrir leurs générations futures ou, pour certaines multinationales et autres fonds d’investissement, pour accroitre davantage les profits qu’ils engrangent.

J’ai alors pensé à une idée : et si c’étaient les coopératives agricoles, québécoises par exemple, qui s’investissaient dans les pays du Tiers Monde. Si c’étaient justement elles qui s’associaient aux fermiers africains pour leur apporter tout ce dont ils ont besoin en techniques modernes et en savoir-faire. Je suis certain que ces fermiers apporteront à cette association toute l’ardeur qu’ils portent à leur métier, contrastant avec la soif des investisseurs pour le profit.
En contrepartie, elles pourraient également apprendre des fermiers africains cette proximité que ceux-ci ont avec leur terre, d’une superficie peut-être bien modeste mais représentant tant pour eux.
Je suis persuadé qu’un membre de la Coop- fédérée par exemple saura mieux être utile à l’agriculture africaine que le Fonds d’investissement libyen, anglais, chinois ou autre. Même s’il venait du Vermont et qu’il possédait plusieurs centaines d’hectares, ce membre se sentirait plus proche du petit paysan malien parce qu’ils ont les mêmes préoccupations. Il lui expliquerait toutes les nouveautés : comment protéger la seule vache qu’il possède ou comment augmenter le rendement de son petit champ de manioc. Il pourrait aussi profiter de toutes les astuces que son confrère malien a développées par la force des choses chaque fois qu’il a traversé des moments difficiles.
Les membres d’une coopérative agricole ne se mettent pas ensemble parce qu’ils veulent créer une synergie pour mieux résister aux aléas de la compétitivité internationale. Ils regroupent aussi leurs forces parce qu’ils partagent la même passion.

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