Le fromage Riopelle, un exemple pour les producteurs agricoles français?

par Gérard Samet

Le modèle québécois de la fondation Riopelle-Vachon, qui lie art et culture, pourrait faire des émules en France.

Qui ne connait pas le fromage Riopelle au Québec? Si ce fromage porte le même nom que Jean-Paul Riopelle, le grand peintre québécois connu mondialement, ce n’est pas un hasard.

La Fondation Riopelle-Vachon, de l’Isle aux Grues, fondée au début des années 2000, lors du décès du peintre, a trouvé à l’époque un moyen de financement ingénieux pour ses missions : les droits d’auteur concédés pour l’utilisation du nom et des reproductions de l’œuvre de l’artiste sur les fromages.

Cet exemple pourrait être reproduit en France. Depuis la mort d’Yvonne Guégan, une forme de fondation a été créée à Caen, en France, non seulement pour faire connaitre son œuvre, mais également pour favoriser l’éducation et la création artistique.

Sept ans après la mort d’Yvonne Guégan, quel avenir pour sa mémoire et pour le musée privé qui porte le nom d’Espace Guégan?

L’Espace Guégan a été créé en octobre 2005, au décès de l’artiste. Un Comité de soutien a été constitué lors du décès d’Yvonne, signé par plus de 2000 personnes Son nom a été donné en Normandie à une place, deux rues, un collège et un futur parc urbain. L’artiste pluridisciplinaire est connue dans le monde entier pour sa création du mémorial d’Ouistreham, une œuvre sculptée à la gloire du débarquement allié qui a libéré l’Europe du joug nazi.

La maison d’Yvonne Guégan, son magnifique jardin, ses ateliers d’artistes, son musée, ses expositions et ses animations, sont aussi destinés à former des jeunes-souvent issus de milieux défavorisés-, des handicapés, des stagiaires et d’autres artistes, aux arts plastiques, aux techniques de la céramique, de la faïence, du modelage, à la sculpture, ou à l’aquarelle.

L’Espace Guégan est un lieu unique, foisonnant.

Souvent des artistes résidents, dont plusieurs sont venus du Québec, sont venus y trouver de l’inspiration pendant plusieurs mois.
L’animatrice infatigable de l’Espace Guégan, Jocelyne Mahler, se fait un devoir de promouvoir, d’abord par passion, l’œuvre d’Yvonne Guégan, pour l’art et la culture, bien sûr, mais aussi afin de perpétuer sa sensibilité sociale et son engagement auprès des plus vulnérables.

Les projets sont multiples, certains sont exceptionnels, comme ce prix spécial Yvonne Guégan, dans le cadre du concours européen de piano réservé aux jeunes pianistes de plus de 40 pays d’Europe. La finale aura lieu à Caen fin octobre 2013 et sera diffusée en Eurovision. L’espace Guégan propose aux Québécois de venir y assister.
L’un des projets serait d’organiser une galerie virtuelle d’œuvres d’Yvonne Guégan et de créateurs promus par l’Espace Guégan, diffusée sur Internet et qui servirait de décor aux entrevues des personnalités lors du concours télévisé de l’Eurovision.

C’est une collaboration qui pourrait être menée au Québec, avec les artistes qui ont été résidents de l’espace Guégan, mais aussi avec des mécènes et des fondations qui pourraient construire une sorte de pont au-dessus de l’Atlantique entre le Québec et la France.

L’Espace Guégan a aussi inspiré le mouvement Fol’Art qui a eu une filiation au Québec, une initiative destinée à permettre aux personnes souffrant de troubles mentaux de découvrir leur libre expression artistique.

Réussir à vivre grâce à l’œuvre d’Yvonne Guégan.

L’Espace Guégan, l’Association des Amis d’Yvonne Guégan, son œuvre, leurs ateliers d’artiste et leur implication sociale et culturelle sont un enjeu. Pour pouvoir maintenir l’œuvre d’Yvonne Guégan, diffuser son image, son œuvre, son message et les créations des artistes qui ont essaimés à partir de ce musée-fondation-maison de la culture, sorte de Villa Médicis normande, pour rayonner en somme, hors de sa région normande et hors de France, l’essentiel du financement ne peut provenir seulement que des contributions privées effectuées par Jocelyne Mahler.

Au Québec, la Fondation Riopelle-Vachon a trouvé une solution originale. En acceptant de faire affaire avec un fromager de l’Isle-aux-Grues, elle a trouvé un moyen de financer ses activités par les droits d’auteurs versés pour l’utilisation des œuvres et du nom de Jean-Paul Riopelle.

Ce modèle inspire Jocelyne Mahler. Les contacts de l’Espace Guégan avec le Québec lors de l’opération Fol’Art continuent. Le modèle québécois du fromage Riopelle pourrait servir de modèle en France. Les produits dérivés de l’œuvre d’Yvonne Guégan, pourraient devenir un moyen de financement en les utilisant sur un fromage, lors d’expositions, ou….sur une bouteille de cidre. Ce sont les contacts initiés actuellement par Jocelyne Mahler en Normandie.

Mais dans ce pays du lait, du fromage et des pommes, c’est un producteur de cidre a semble-t-il montré son vif intérêt. Dans un pays dont le nombre de fromages dépasse ceux du Québec, il est encore inconcevable d’apposer la reproduction d’une œuvre d’art sur un fromage. C’est du moins le résultat d’une première enquête effectuée par Jocelyne Mahler. Le nom d’Yvonne Guégan ne passerait pas très bien en France associée à un fromage En revanche, la pomme d’Yvonne passerait mieux pour un cidre ou un jus de fruit. Ah, la culture, ses produits et les résistances culturelles! Un vrai sujet…..

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