Ferme de Ladurantaye : se spécialiser pour survivre

Quand la crise de la vache folle s’est abattue sur les producteurs bovins au début des années 2000, la famille De Ladurantaye exploitait une ferme florissante comptant 360 têtes de bétail, dont 130 vaches Charolais pur-sang. Puis, du jour au lendemain, tout s’effondrait. Soit la ferme familiale déclinait, soit elle se spécialisait et passait à travers. Christian De Ladurantaye a choisi la deuxième option, à son plus grand bonheur aujourd’hui.

« Depuis plus de sept ans, nous exploitons notre propre boucherie directement à la ferme, explique ce dernier. Nous y faisons la transformation de notre propre viande, mais également celle d’autres producteurs. Notre permis de “gros“ nous permet de débiter la viande pour la vendre nous-mêmes dans les épiceries, dans les restaurants, ou dans d’autres entreprises comme les hôpitaux ou les centres d’hébergement pour personnes âgées ».

Tout d’abord, les De Ladurantaye avaient songé à démarrer leur abattoir. Mais plutôt que d’investir un million de dollars dans ce type d’entreprise, ils ont plutôt utilisés 200 000 $ pour convertir une ancienne porcherie en boucherie. « Nous avons estimé que c’est le dernier maillon de la production qui bénéficiait de la meilleure marge de profit. De plus, il y avait déjà un abattoir à 45 minutes de chez nous, l’abattoir Pouliot à Saint-Henri de Lévis, où nous faisons abattre nos bêtes ».

Alors qu’ils escomptaient rentabiliser leur entreprise en engageant un boucher à temps partiel une journée ou deux par semaine, ils ont démarré avec deux bouchers à plein temps, en plus de deux ou trois autres employés à temps partiel, en raison de la demande importante des autres producteurs. Aujourd’hui, les parents de Christian y travaillent à temps plein en compagnie de trois autres employés.

« Un an seulement après l’ouverture de la boucherie, nous avons dû agrandir et en seulement six ou sept ans, nous prévoyons le faire pour la quatrième fois », se réjouit cet entrepreneur qui possède également une formation en comptabilité, ce qui lui permet de voir à tout le côté gestion de l’entreprise.
De partout au Québec
En tout, une cinquantaine de producteurs, de partout au Québec, de Charlevoix au Saguenay, en passant par la Vallée de la Matapédia, acheminent leurs carcasses d’animaux à la boucherie De Ladurantaye pour commercialiser eux-mêmes leurs produits.
Et au fil du temps, on a largement dépassé le débitage de la viande de bovin. Le porc, le poulet de grain, l’agneau sont parmi les produits qui entrent à la boucherie régulièrement. « Nous fabriquons également notre propre charcuterie et nous fumons pas moins de 300 livres de jambon et de bacon par semaine. Ces dernières années, nous avons fabriqué six tonnes de saucisses dans 12 variétés différentes par an et deux tonnes de creton. »

Évidemment, le nouveau commerce a nécessité la diminution du cheptel bovin. La ferme compte aujourd’hui une cinquantaine de vaches pour un total de 150 têtes. « Pour fournir aux besoins de la clientèle, nous avons conclu des ententes avec d’autres producteurs bovin qui respectent les mêmes exigences de qualité que nous, c'est-à-dire de fournir de la viande sans hormones de croissance ni antibiotiques, par exemple ».

Toutes les pièces de viande qui sortent de la boucherie De Ladurantaye sont emballées sous vide. Une méthode de conservation éprouvée dont la durée de congélation est supérieure et dont la présentation est bien plus attrayante que le type d’emballage conventionnel, estime encore Christian De Ladurantaye.

Un créneau original
L’entreprise possède également sa section cuisine où des cuisiniers préparent des repas pour le programme « Belle et mince » destiné aux personnes qui désirent manger sainement des produits frais et délicieux concoctés à partir de viande extra-maigre.
« Pour survivre, il fallait absolument trouver un créneau qui nous distinguait, réduire la taille de la ferme et se concentrer sur la mise en marché de nos produits. Je ne veux plus être dépendant des événements mondiaux et je désire plus que tout réussir un jour à m’affranchir de l’aide de la Financière agricole », conclut Christian De Ladurantaye.

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