Oléoduc Énergie Est, un projet qui inquiète à l’est

par Jean-Pierre Lemieux

C’est avec en tête l’idée qu’il y aura éventuellement un déversement de pétrole sur leur propriété que Catherine Avard et Nicolas St-Pierre craignent la réalisation d’un oléoduc qui traverserait leur terre à Saint-Aubert (MRC L’Islet) en Chaudière-Appalaches. Le projet d’oléoduc de Trans-Canada Pipeline, dont le tracé n’est pas encore annoncé officiellement, est l’objet de nombreuses assemblées de citoyens organisées par Équiterre et l’Association de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).

À Mont-Carmel, Cabano, Témiscouata-sur-le-lac ou à L’Islet (le 19 août) partout les citoyens sont inquiets et ne se sentent pas assez informés. M. Steven Guilbeault, conférencier invité, a parlé de l’impact sur le climat et sur l’environnement de notre dépendance au pétrole. Selon M. Guilbeault les dangers sont réels car le pétrole qui sera transporté par cet « Oléoduc Énergie Est » provient des sables bitumineux de l’Alberta et qu’il contiendra des « produits chimiques » pour le rendre plus liquide, plus transportable par oléoduc.

Présentement les propriétaires fonciers touchés doivent signer un document pour permettre l’étude préliminaire et les relevés techniques. La compagnie propose une somme de 1000$ à titre de compensation.

Le document précise les limites de l’intervention et indique que le propriétaire sera avisé au moins 24 heures avant le début des activités. « La collaboration du propriétaire au bon déroulement des études préliminaires et des relevés techniques ne constitue pas une renonciation à ses droits de s’opposer au projet à toute étape subséquente du projet ».

Toutefois le propriétaire doit s’attendre, si le projet va de l’avant, à la signature « d’une convention d’option ou de droits de propriétés superficiaires (sic) et de servitudes ».

Réactions

Mme Avard est farouchement contre le projet car elle est certaine qu’il y aura déversement et cela serait fatal non seulement pour sa ferme mais aussi pour la région si le déversement atteignait la nappe phréatique. Toutefois, comme le projet devra être soumis au Bureau d’audience public sur l’environnement (BAPE), elle se dit confiante qu’elle pourra faire valoir son point de vue. Elle est aussi encouragée parce que des projets, aux États-Unis et en Colombie Britannique, ont été arrêtés ou suspendus par les gouvernements sous la pression populaire.

Au cours de ces rencontres avec les citoyens M. Guilbeault dit avoir bien senti l’inquiétude, certains se disant même menacés. « Nous allons chercher à avoir un avis légal sur le rôle et le pouvoir des municipalités ». M. Guilbeault a fait référence au projet de règlement de la ville de Gaspé sur un périmètre de sécurité pour la protection de l’eau potable dans un autre dossier.

Pour sa part la municipalité de L’Islet a décidé de demander un avis sur l’entente que la compagnie fait signer aux propriétaires fonciers touchés. Selon le conseiller municipale M. Jean-Ambroise Vesac : « ce n’est pas une démarche habituelle parce que la municipalité n’est pas directement impliquée mais vu le nombre de citoyens qui sont concernés » la municipalité s’implique pour que ses citoyens soient bien informés.

De plus M. Vesac souligne que la municipalité de L’Islet est bien au fait de ses responsabilités au sujet de la protection de l’eau potable. « On sera vigilent si le projet va de l’avant ».

L’Union des producteurs agricoles va aussi s’assurer que les agriculteurs ne seront pas seuls devant Trans-Canada Pipeline (voir autre article). M. Guilbeault a indiqué qu’Équiterre, qui est aussi très préoccupée par les questions agricoles, a déjà initié certains contacts avec l’UPA sans toutefois parler d’actions communes pour le moment.

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