Grâce à ses avantages incontournables, l’ensilage de maïs se retrouve dans les rations laitières dans la plupart des régions du Québec. Pourtant, du fait que le maïs est une plante de climat chaud, est-ce toujours un bon coup?
L’ensilage de maïs est très pratique dans la ration des vaches laitières. On le cultive pour son contenu en amidon et en fibres digestibles qui offrent un apport énergétique intéressant dans l’alimentation des ruminants. Contrairement à l’ensilage d’herbe, la récolte de l’ensilage de maïs se fait une seule fois par année. Pour les vaches et les nutritionnistes, c’est un avantage puisque l’analyse varie peu pendant l’année et favorise la constance de la ration.
Pour retirer le plein bénéfice de l’ensilage de maïs, on doit respecter quelques règles de base, compte tenu des dépenses importantes pour sa culture. En effet, selon le rendement, le cout de production par hectare peut monter en flèche. C’est une considération importante pour les régions de Chaudière-Appalaches, Bas du Fleuve, Saguenay/Lac St-Jean et en général, pour toutes les régions plus au nord du fleuve. Selon le degré de maturité atteint, les avantages de la plante peuvent se transformer en éléments limitants pour la formulation des rations.
Basé sur la moyenne des unités thermiques de votre région, vous devez vous assurer que votre maïs se rendra à la maturité des grains, soit autour de ½ à 2/3 de la ligne de lait et que le plant entier aura atteint entre 32 et 38% de matière sèche. Il est certain que la pression du rendement supérieur est forte au moment du choix de l’hybride. Pourtant, vous devez absolument minimiser le risque que votre plant ne parvienne pas à maturité afin que votre investissement demeure payant pour votre entreprise. Lorsque le risque est trop grand, mieux vaut investir dans la culture de plantes fourragères productives et mieux adaptées à votre région.
Que se passe-t-il si la période de croissance est raccourcie, suite à un semis tardif ou à un gel automnal précoce? Un maïs ensilage immature à la récolte offre un rendement moindre comparé à un ensilage à terme. Un grain au stade laiteux ou début pâteux contient moins d’amidon mais plus de sucres solubles qu’un grain plus mature. La valeur énergétique indiquée sur l’analyse de laboratoire en sera peu affectée. Malgré ceci, en pratique, la consommation et la production de lait des vaches sont moins bonnes.
Une analyse de la fermentation indique souvent une production très importante d’acides, réduisant le pH de l’ensilage autour de 3,5, soit sous la valeur normale de 3,8. Quelques études ont d’ailleurs démontré un effet positif de l’ajout de bicarbonate dans la ration afin de rétablir le pH ruminal des vaches. Par ailleurs, la proportion d’acide acétique est souvent plus élevée que normal, limitant la consommation. Finalement, lorsque l’ensilage est entreposé trop humide, il y a un risque de production d’acide butyrique, qui entraine l’acétonémie chez les vaches. On devra soit se résoudre à une moindre performance des vaches laitières ou à utiliser cet ensilage immature pour les taures et les vaches en fin de lactation.
Le maïs est la seule plante fourragère dont la qualité s’améliore avec la maturité. La contreperformance des vaches alimentée avec un ensilage de maïs immature ne doit pas être prise à la légère. En ce printemps tardif, il est encore temps de faire une évaluation des chances d’atteindre la maturité et de décider ce qui sera le plus profitable pour votre ferme.