Le futur Accord de libre-échange Canada-Union Européenne (AECG) va autoriser l’entrée sans droits de douane d’un nouveau quota de près de 20 000 tonnes de fromage européen supplémentaire au pays.
Ce quota comprend 16 000 tonnes de fromages de spécialités, soit le doublement de l’importation de ce type de fromages au Canada.
Le Conseil des industriels laitiers du Québec (CILQ) estime que l’application de l’AECG sans mesures de protection et d’adaptation serait dangereuse pour l’industrie d’ici. Pierre Nadeau, le président du CILQ affirme que les armes ne sont pas égales entre les Canadiens et les Européens. Il croit que les fromages européens seront moins chers que les fromages canadiens.
« Quelle que soit leur taille, toutes les entreprises qui fabriquent des fromages au pays en subiront les conséquences », estime Pierre Nadeau. La production fromagère québécoise sera particulièrement touchée, puisque près de la moitié des fromages de spécialités canadiens sont fabriqués au Québec. Les fromageries moyennes qui produisent ces types de fromages risquent de perdre une partie de leur marché.
Pour le CILQ, 16 000 tonnes, c’est l’équivalent de la fabrication annuelle de 8 grandes fromageries qui emploient chacune 800 personnes ou la production annuelle totale des 100 plus petites entreprises fromagères québécoises.
À court terme l’industrie fromagère au pays a plus à perdre qu’à y gagner.
Le prix du lait utilisé dans la fabrication des fromages européens, dit Nadeau, est de 3$ inférieur au kilogramme, en raison des subventions européennes. Il croit également que les normes de sécurité sanitaires ne sont pas aussi rigoureuses en Europe. Selon lui, certains fromages, comme le parmesan, sont fabriqués dans des cuves en cuivre, qui sont interdites au Canada. Les fromages au lait cru ne sont pas non plus protégés de la bactérie Staphilococcus, considérée comme une toxine au pays. Il est impossible d’ouvrir le marché sans respecter un strict principe de réciprocité.
Pour éviter une catastrophe annoncée
Pierre Nadeau propose à Ottawa un véritable « mécanisme de compensation des dommages ». Le CILQ demande que l’introduction des nouveaux quotas s’étale sur sept années afin d’avoir le temps de s’adapter. (Comme dans d’autres secteurs agroalimentaires de l’AECG).
Il suggère aussi de réserver aux producteurs canadiens les nouveaux quotas d’importation des fromages européens. Cela leur donnerait un moyen de revenu additionnel mais aussi une arme de négociation face à la grande distribution alimentaire.
Il insiste pour que les normes sanitaires de production fromagère européennes et canadiennes soient identiques.
Le CILQ demande également des aides financières, pour la recherche et le développement de nouveaux produits ainsi que pour leur promotion.