?C'est l'impasse entre le Centre d'insémination artificielle du Québec (CIAQ) et ses inséminateurs, regroupés en syndicat depuis le printemps 2013. Le conflit, amorcé par l'implantation du programme Solutions Tandem, perdure depuis plus de 10 mois. Au coeur du litige: la rémunération des inséminateurs.
Baisse salariale d'environ 30% pour les inséminateurs
«Les inséminateurs ont accepté le nouveau modèle d'affaires à 100%, indique Patrick Vanlandeghem, président du Syndicat des inséminateurs et services à la ferme, mais on ne comprend pas pourquoi ils prennent l'argent dans nos poches pour financer Solutions Tandem.» Monsieur Vanlandeghem rappelle que les inséminateurs sont payés à l'acte et à la commission. Alors que la plus grande part de leurs revenus provient de la commission, il précise que celle-ci est passée de 13,5% sur le brut à 5,5% sur le net, soit une coupure salariale de 29%. Le Syndicat déplore également que la nouvelle orientation du CIAQ vers le service-conseil ait entraîné l'engagement de nouveaux employés sans que la masse salariale ait augmentée.
Menace de grève le 15 novembre
Malgré plusieurs séances de négociation et l'intervention d'un conciliateur, les parties ne sont parvenues à aucune entente. La dernière offre présentée par le CIAQ, en juin dernier, ramènerait la baisse de salaire des inséminateurs à 20%. Celle-ci a été rejetée par le Syndicat dans une proportion de 83 %. «Devant un refus d'une telle ampleur, souligne Patrick Vanlandeghem, on s'attend à ce que l'employeur présente une nouvelle offre». Face au mutisme de la partie patronale, le Syndicat a manifesté par écrit son intention de se prévaloir de son mandat de grève générale, dès le 15 novembre prochain.
Le CIAQ se dit ouvert à la négociation
Du côté patronal, on dit attendre une contre-proposition du Syndicat. Daniel Granger, consultant externe et porte-parole pour le CIAQ, soutient que les nouvelles embauches sont sans lien avec le nouveau modèle d'affaires, mais il confirme que le point d'achoppement est l'ajustement de la rémunération proposée aux inséminateurs. Il tient par ailleurs à préciser que le CIAQ demeure toujours ouvert à la négociation. «Pour l'instant, tout ce qu'on souhaite, dit-il, c'est que les gens se rassoient à la table de négociation et qu'on puisse discuter pour arriver à une entente qui soit raisonnable pour toutes les parties et les clients qui sont les producteurs.»
Aucune solution en vue
La situation s'est détériorée au point où les deux parties se reprochent mutuellement leur refus de retourner à la table des négociations. Aucune rencontre n'est prévue pour le moment et rien ne permet d'entrevoir comment la grève pourra être évitée. Le président du Syndicat ajoute que plusieurs inséminateurs ont déjà fait le choix de devenir indépendants. Tout en souhaitant une entente négociée avec le CIAQ, Patrick Vanlandeghem laisse d'ailleurs entrevoir que les inséminateurs pourraient accepter en bloc des propositions de la concurrence.
Rappelons que le CIAQ est la propriété de trois groupes de producteurs du Québec: les Producteurs de lait du Québec (PLQ), le Conseil québécois des races laitières inc. (CQRL) et le Conseil provincial des cercles d'amélioration du bétail inc. (CPCAB). Situé à Ste-Hyacinthe, le CIAQ occuperait 45% du marché canadien de l'insémination.
Dans le cadre du Suprême laitier à St-Hyacinthe, le mercredi 5 novembre, le CIAQ a dévoilé son nouveau logo que vous retrouvez en entrée de cet article.