Dans ma chronique de janvier dernier, j’avais fait part de mon inquiétude concernant les visées centralisatrices de plusieurs mandarins aux dépens des milieux locaux et agricoles. Faut-il rappeler que leurs visées centralisatrices est fonction de leurs connaissances et de leurs compréhensions restreintes des problématiques régionales et notamment du monde agricole.
Du temps des casinos forains
Inquiétude qui semble avérée aujourd’hui avec le Programme d’appui financier aux regroupements et aux associations de producteurs désignés. Souvenez-vous que, jusqu’au milieu des années 90, les associations agricoles avaient l'opportunité de tenir des casinos forains dans les expositions. Les profits engendrés par l’organisation de ces casinos étaient partagés entre les associations et leur permettaient de financer leur fonctionnement ou de réaliser des activités et des projets particuliers.
Le 10 décembre 1997, un décret gouvernemental (1597-97) abroge, à compter du 1er mars 1998, tout règlement concernant l’organisation et la tenue de casinos forains mettant fin au mode de financement que les associations agricoles et des secteurs de la pêche privilégiaient pour financer leurs activités et leurs projets. Le décret gouvernemental prévoit également la création d’un compte à fin déterminée afin de permettre le dépôt des sommes reçues par le MAPAQ de la Société des loteries du Québec en vertu d’une entente compensatoire.
Initialement, cette entente était d’une durée de cinq ans et visait le financement de certains projets et de certaines activités des associations d’éleveurs, des expositions agricoles reconnues et du secteur des pêches à hauteur de 5 M$ par année. Cette somme était répartie par associations et par secteurs d’activités et le MAPAQ versait un montant à un conseil ou organisme qui le distribuait entre les associations de son secteur sur respect de certaines conditions et approbation du rapport annuel.
À prime abord, le décret prévoyait un fonctionnement simple et efficace qui convenait aux associations et répondait à leurs besoins. Un tel fonctionnement réduisait la paperasse au minimum et faisait montre de la confiance du gouvernement à l’égard du jugement des administrateurs des associations agricoles pour assurer la saine gestion des fonds publics.
Assurer le fonctionnement des expositions agricoles
Au fil des ans, force est de constater que le versement des sommes par le ministère s’est complexifié mais également l’esprit même du programme. Désormais, sur le site Internet du MAPAQ, on y indique que «le programme a pour objectif de favoriser la détermination et l'atteinte des objectifs de développement des demandeurs ainsi que la conception et la réalisation de projets novateurs et structurants afin d'améliorer la productivité, la rentabilité et la compétitivité des secteurs d'activité visés.»
En 1997, ne voulait-on pas simplement mettre en place un programme pour compenser l’abrogation des casinos forains et pour assurer le fonctionnement des associations agricoles et la réalisation de projets qui leur tiennent à cœur?
Voilà un bel exemple de complexification bureaucratique au moment où le gouvernement cherche tant à simplifier et à réduire son fonctionnement! Il appert que le contrôle du programme s’est graduellement resserré : les fonctionnaires ont balisé à leur manière le programme d’appui financier, en fixent dorénavant les conditions d’éligibilité et la sélection des projets.
Un tel comportement de leur part suscite pour un œil averti un questionnement justifié! Est-ce à dire qu’en raison du contexte budgétaire les sommes prévues en vertu de l’entente compensatoire sont devenues, au fil des ans, une rallonge du budget ministériel pour financer des activités qui lui apparaisse prioritaires aux dépens de celles des associations agricoles?
SVP monsieur le ministre faites taire ces allégations de mainmise sur le programme. Revenons à l’esprit de 1997 au moment du décret gouvernemental et de la signature de l’entente compensatoire avec la Société des loteries du Québec.
Nous voulons tous une saine gestion des fonds publics. Mais cela ne doit pas se faire au détriment d’une administration simplifiée et efficace d’un programme d’appui financier que les associations agricoles ont, dans le contexte actuel, tant besoin.