Le prix d’une livre de canneberge a atteint un plancher historique en 2014 sur le marché Nord-Américain. La succession d’une récession économique et des récoltes records, tant au Québec qu’aux États-Unis, ont fortement contribué à cette baisse des prix.
Deuxième derrière le géant américain en production conventionnelle et premier dans la canneberge biologique, le Québec est la province canadienne ayant la production la plus importante. C’est le cœur de la province, le Centre-du-Québec, qui accueille le plus grand nombre d’exploitations, soit près de 80 %.
L’amélioration de la technologie et la finesse de l’expertise ont contribué à une augmentation significative des rendements à l’hectare au cours des 20 dernières années. « Aujourd'hui, la récolte totalise 48 fois plus de fruits sur une superficie 24 fois plus grande qu'en 1994 », souligne Mme Monique Thomas, directrice générale de l'Association des Producteurs de Canneberges du Québec (APCQ).
Nul ne pourra se réjouir trop rapidement de ce progrès. L’augmentation considérable de l’offre sur le marché a fait chuter le prix de façon drastique. Le prix moyen de la canneberge se situe autour de 0,42 $, oscillant entre 0,10 $ et 0,90 $ la livre. Il est aujourd’hui à son plus bas, ne couvrant même pas les coûts de production d’environ 0,25 $ la livre. « Les producteurs qui se sont lancés en affaires en 2011-2012 auront beaucoup de difficulté à passer au travers » indique Mme Thomas.
Cette situation force l’industrie à s’ajuster. En collaboration avec ses partenaires canadiens et américains, l’APCQ a créé, en 2013, un comité de concertation pour optimiser le développement de cette filière au Québec. Le but était de rétablir l’équilibre sur le marché. Pour y arriver, il faut d’abord freiner l’explosion de l’offre de canneberges. À l’instar de ce qui se fait aux États-Unis, chaque producteur devait participer à ce mécanisme d’autorégulation, en 2014, en réduisant sa production de 15 %. « Chaque fois que nos voisins du Sud ont appliqué un marketing order [décret sur la mise en marché] par le passé, le prix s’est rétabli par la suite » appuie Mme Thomas.
Du côté de la demande, une simple phrase est sur toutes les lèvres : « Il faut développer les marchés ». L’accord de libre-échange signé avec l’Union Européenne réduira les tarifs prélevés sur les produits de 18%. C’est une très bonne nouvelle pour le Québec. La Chine et l’Australie sont également dans la mire. Petite canneberge ira loin, mais d’ici là, les bon prix se font attendre.
Article écrit par Laurence Sylvain, Marilou Des Roberts et Kathleen Gauvin-Audet
Étudiantes en agroéconomie à l’Université Laval