Cet après-midi pendant que le président de l’UPA, Marcel Groleau au congrès de l’UPA déclarait que les producteurs de lait avaient encore un potentiel malgré le PTP, de l’autre côté de la rue à l’assemblée nationale André Villeneuve, porte-parole du Parti Québécois en matière agricole, a demandé au ministre Pierre Paradis de considérer la problématique des producteurs de lait qui, dit-il, vivent un problème sérieux.
André Villeneuve de déclarer en chambre : “M. le Président, les producteurs de lait du Québec vivent un problème très sérieux qui les affecte au plus haut point. À la frontière américaine, il y a des camions remplis de protéines laitières à bas prix qui rentrent par centaines au Québec, passant outre la gestion de l'offre et faisant chuter le prix du lait à la ferme. Les producteurs le savent et le subissent très durement; le ministre le sait; le gouvernement le sait; le gouvernement fédéral le sait. À chaque jour qui passe, la situation des producteurs s'aggrave. La source du problème est connue, c'est que les règles fédérales permettent l'importation de ces protéines laitières. C'est une faille flagrante dans la réglementation, et Ottawa refuse de fermer cette brèche. Certains producteurs perdent jusqu'à 25 000 $ par année, et la situation continue à se dégrader. Qu'est-ce que le ministre de l'Agriculture attend pour faire en sorte que le fédéral agisse pour mettre un frein à l'entrée de protéines de lait sur notre marché? Et, M. le Président, je veux les saluer, les producteurs sont dans les tribunes.“
Le ministre Paradis de répondre : “Oui. M. le Président, les producteurs laitiers, producteurs moyens, là, 60 vaches laitières, perdent en moyenne 1 000 $ par semaine depuis plusieurs mois. Ça affecte la rentabilité de leur entreprise. Dans certains cas, ça met la survie de l'entreprise à risque.On a besoin d'un meilleur contrôle des frontières. Là, l'entente avec l'Union européenne n'est pas encore en application, l'entente avec l'Asie Pacifique n'est pas encore en application et on se doit de profiter de ce moment-ci pour resserrer les contrôles aux frontières, mais ça ne se fait pas seul. Ça se fait en collaboration avec les ministres de l'Agriculture de l'ensemble des juridictions canadiennes. J'ai déjà établi des contacts avec mon collègue de l'Ontario. J'ai pris la peine d'appeler mon collègue du fédéral, qui vient d'être nommé. On va se rencontrer en début d'année à Ottawa et ce qu'on tente de faire, c'est un front commun de l'ensemble des juridictions provinciales pour obtenir un meilleur contrôle des frontières canadiennes.“
M. Villeneuve a exigé plus qu’un téléphone : “La situation, M. le Président, commande des gestes immédiats. Alors, est-ce que le ministre peut s'engager à faire plus qu'un coup de téléphone ? Il y a urgence en la matière. Alors, ce serait peut-être intéressant que le ministre se secoue un peu les puces, M. le Président, et bouge dans le dossier“ a-t-il dit.
Le ministre Paradis de rappeler que le président de la Fédération des producteurs de lait a déclaré qu’il presse pour sa part le nouveau gouvernement Trudeau d'assurer un meilleur contrôle aux frontières et que la courbe d'apprentissage du nouveau gouvernement devrait être rapide. “Vous pouvez compter sur le ministre de l'Agriculture du Québec pour que cette courbe soit extrêmement rapide“ de dire Paradis.
Pierre Paradis n’a pas hésité à revenir sur le risque pour le système de gestion de l’offre si advenait la séparation du Québec :“ Oui, M. le Président. Je vais continuer à défendre les producteurs laitiers du Québec, mais je vais également les amener à la réflexion suivante : le projet constitutionnel de nos amis d'en face fait en sorte que le système de la gestion de l'offre n'est pas menacé, il va être détruit si jamais ça devait s'avérer quelque chose qui se réalise. Les producteurs de lait québécois produisent deux fois le lait que l'on consomme au Québec…
Le débat a tout de même fini sur une motion proposée par M.Villeneuve et votée à l’unanimité
M. Villeneuve a présenté cette motion: «Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement fédéral l'application stricte des normes régissant l'importation de protéines laitières afin d'éviter l'affaiblissement de la gestion de l'offre et la réduction considérable du prix du lait à la ferme, ce qui entraîne des pertes financières importantes pour les producteurs québécois et fragilise leurs entreprises;Qu'elle demande au gouvernement fédéral de fermer la brèche qui permet l'importation de protéines laitières en provenance des États-Unis.»