Dans le débat des importations de substances laitières, il semble y avoir un absent: le consommateur. Il est vrai que le consommateur est difficile à cerner, chacun fait ses choix individuellement sous de multiples influences, ses goûts, son budget, Ricardo, etc., mais lorsque des milliers de personnes font le même choix cela devient la tendance. Bien entendu l’industrie agroalimentaire essaye d’influencer le consommateur dans ses choix en espérant de diriger ou au moins de prévoir les tendances. On appelle cela le marketing. Quelle tendance de marché va-t-il ressortir du débat sur les importations de substances laitières ?
L’utilisation des substances laitières dans les produits laitiers s’est propagée de façon exponentielle ces dernières années. Qu’elles proviennent de l’étranger ou qu’elles soient fabriquées au Canada, elles font partie de beaucoup de produits laitiers aujourd’hui. Il n’est pas rare de les voir comme principaux ingrédients dans certains produits. Elles ont changé les façons de faire dans la transformation alimentaire. Elles changent aussi les règles dans l’approvisionnement en lait des usines. Les substances laitières sont en train de changer la production en créant une brèche dans la gestion de l’offre par leur importation massive.
Mais plus fondamentalement elles transforment le lait, un produit naturel noble, en une simple commodité servant de matière première à la fabrication d’ingrédients ultras raffinés. La technologie a permis de transformer le lait en une multitude d’ingrédients que l’on prend dans les proportions voulues pour faire une multitude de produits laitiers très standardisés.
Que penser de cette tendance industrielle, à une époque où l’on parle de produit terroir, de produits naturels bio. Pas sûr que cela soit compatible pour un consommateur. Plusieurs vous diront que l’on ne peut pas empêcher le progrès, car il faut rester compétitif.
Justement le problème est essentiellement là, avec la gestion de l’offre le prix de vente au consommateur sert à couvrir les coûts de production. Tout gain technologique de la part d’un acteur doit être reparti entre tous les acteurs et le consommateur. Pas sûr que les gains financiers faits grâce aux substances laitières ont été repartis. Au contraire les substances laitières importées coûtent moins cher, le prix au consommateur n’a pas baissé, et le prix du lait aux producteurs a chuté, trouvez l’erreur.
Le consommateur et le producteur ont aujourd’hui un ennemi commun : les substances laitières et plus particulièrement les substances qui sont importées. Où est l’intérêt d’utiliser des substances laitières pour le consommateur ? Il achète un produit synthétique au lieu d’un produit naturel. Au moins s’il y avait une économie il pourrait s’en accommoder. Pour le producteur, l'utilisation de substances laitières fait baisser son prix du lait.