Le point de bascule est actuellement atteint !

En mars dernier, j’ai invité les associations notamment l’UPA, l’Union paysanne et le Conseil des Entrepreneurs agricoles à mettre fin à leurs revendications l’une par rapport à l’autre et à réfléchir sur une vision commune et partagée du développement agricole. Le milieu agricole est confronté à des enjeux trop importants pour ne pas se pencher sur cette question. À titre d’exemple, on n’a qu’à penser à l’entrée en vigueur des partenariats commerciaux avec l’Europe et les onze autres pays du transpacifique. D’autres enjeux portent également sur l’accès à de nouveaux modes de commercialisation que souhaiteraient plusieurs producteurs avicoles ou acéricoles. 

Comme je le soulignais dans ma chronique, le statu quo tel qu’on l’a connu depuis plusieurs années n’est plus possible. Je persiste à croire que le milieu doit réfléchir à une vision de développement partagée par les trois mouvances en présence et basée sur l’ouverture, le dialogue, la diversité, la liberté, l’innovation et le développement durable. Il me semble que ces valeurs ne sont pas uniquement l’apanage d’un seul groupe ou d’une seule mouvance ; elles doivent permettre de souder plutôt que de diviser le milieu agricole.

Adopter des quotas équivalents à ce qui est convenu dans d’autres provinces canadiennes

Cette réflexion, je la crois plus que jamais nécessaire et, pour preuve, dans les dernières semaines, nous avons été témoins de plusieurs demandes de changement en matière de quotas ou de mise en marché. De petits producteurs de poulets ou d’œufs veulent obtenir un assouplissement pour accroître leur production, et ce, afin de rentabiliser leur entreprise. Pourquoi ne pas appuyer cette demande qui semble légitime et faire en sorte d’adopter des quotas équivalents à ce qui est convenu dans d’autres provinces canadiennes pour le même type de production?

Que faut-il penser de la liberté de commercialiser et de l’abolition des quotas que réclament certains producteurs acéricoles? Que dire des producteurs de sirop d'érable québécois qui, pour se soustraire au système de quotas, achètent des érablières au Vermont ou dans l'État du Maine et financées, par surcroît, par des institutions bancaires d’ici?

Au même moment, l’UPA demande au gouvernement fédéral d’appliquer les droits douaniers sur les protéines laitières. Demande très légitime qui exige une réaction rapide des autorités fédérales et également un appui indéfectible du gouvernement québécois et de tout le milieu agricole pour sauver nos fermes laitières.

Le milieu agricole est en crise et vivra un bouleversement

À première vue, ces faits peuvent paraître distincts l’un par rapport à l’autre et exiger des solutions spécifiques pour les régler. Quant à moi, ils ont un fil conducteur et m’amènent à croire que le point de bascule est actuellement atteint. Comme tant d’autres, je crois que le milieu agricole est en crise et sur le point de vivre inévitablement un bouleversement ou du moins des changements importants.

Pour en atténuer les effets négatifs, il est essentiel que les trois associations n’attendent pas après les gouvernements pour remédier à la situation critique que vivent plusieurs producteurs. C’est à elles qu’incombe la responsabilité de prendre leur avenir en main et de convenir des moyens à mettre en œuvre pour aplanir les difficultés et permettre la saine compétitivité que réclament certains producteurs.

À mon avis, un mouvement de changement doit rapidement s’amorcer sur le plan de l’attitude, de l’orientation et de la stratégie. L’UPA ne peut qu’en être le chef de file et, à cet égard, elle doit faire preuve de leadership, mais également, et surtout, d’ouverture et de sollicitude envers les besoins exprimés tant par ses membres que par ceux des autres associations.

Le temps nous est compté. Pendant que nous nous divisons et demandons aux gouvernements d’agir, les concurrents envahissent nos marchés avec des produits qui, notamment, échappent au contrôle de l'Agence des services frontaliers.

 

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